Financements climat : Lima, une première étape pour sortir de l’impasse avant Paris.

Lors de la vingtième conférence des parties (COP20) qui s’ouvre aujourd’hui, la communauté internationale devra tout mettre en œuvre pour trouver une issue à l’impasse dans laquelle se trouve le dossier des financements permettant de lutter contre les impacts dramatiques du changement climatique.

Lima, Pérou – Lors de la vingtième conférence des parties (COP20) qui s’ouvre aujourd’hui, la communauté internationale devra tout mettre en œuvre pour trouver une issue à l’impasse dans laquelle se trouve le dossier des financements permettant de lutter contre les impacts dramatiques du changement climatique. C’est une condition sine qua non pour que la conférence de Paris puisse aboutir à un accord en décembre 2015. 

Dans son nouveau rapport « Sortir de l’impasse » [1], Oxfam explique que les engagements financiers actuels ne sont pas à la hauteur des besoins des pays en développement, propose un plan d’action et prouve qu’il est possible de protéger les populations pauvres des effets les plus graves du changement climatique, de donner un coup de fouet à la croissance économique et de réduire massivement les émissions. 

« Le sommet de Lima déterminera la réussite ou l’échec de la conférence de Paris. Nous avons besoin d’engagements clairs, précis et prévisibles en matière de financements climat, qui tiennent compte des besoins des pays en développement », affirme Romain Benicchio [2], porte-parole d’Oxfam France. 

Résoudre la question du financement de la lutte contre le changement climatique permettrait aux pays pauvres de connaître un développement « propre » spectaculaire. L’Éthiopie pourrait, par exemple, aider des millions de personnes à sortir de la pauvreté tout en évitant de générer des émissions de gaz à effet de serre équivalant à ce que 65 centrales charbon produiraient.

La promesse des 100 milliards par an faite par les pays développés ne peut cependant être qu’un début. Rien que les pays d’Afrique subsaharienne, par exemple, auront besoin d’investir 62 milliards de dollars par an dans l’adaptation au changement climatique. Une politique climatique efficace permettrait de débloquer des centaines de milliards de dollars supplémentaires en investissements privés tout en engageant le monde vers un système sobre en carbone permettant de limiter le réchauffement à moins de 2 °C.

Jusqu’à présent, les pays donateurs se sont arrangés pour n’avoir à rendre aucun compte sur leurs contributions, ce qui explique l’écart entre l’argent qui est mis sur la table et les besoins en la matière. Les négociateurs sont restés flous sur les modalités de ces contributions, tant sur les moyens de mobiliser de nouveaux flux financiers, que sur la définition des pays contributeurs et des pays destinataires.

« La France, en tant que future présidente de la conférence de Paris, doit s’assurer que la question des financements sera au cœur des discussions qui s’ouvrent à Lima et sera inscrite dans l’accord de Paris pour la période post 2020. Il est également essentiel qu’elle montre l’exemple en précisant ses propres ambitions en matière de financements pour la période actuelle, au-delà de ce qui a été annoncé pour le Fonds vert », déclare Romain Benicchio. 

Dans son nouveau rapport, Oxfam propose un plan d’action pour faire progresser  la question des financements climat. Ce plan d’action montre que l’accord de Paris devra : 

  1. établir précisément les moyens d’accéder aux financements climat et les modalités de leur utilisation ;
  2. identifier de nouvelles sources de financement public et privé ;
  3. établir un cadre de « contributions équitables » afin de mobiliser les flux financiers nécessaires et de les allouer correctement.

Oxfam a calculé les « contributions équitables » des différents pays et estime que les États-Unis devront mobiliser 56 % des flux financiers, pendant la première période d’engagement du nouvel accord. Suivent l’Union européenne avec 22 % et le Japon avec 10 %. En ce qui concerne l’adaptation, Oxfam indique que de nouveaux pays devront commencer à contribuer aux financements climat, notamment la Russie, le Brésil, la Corée du Sud et le Mexique. Le plan d’action d’Oxfam montre que les négociations devront entrer dans des considérations très précises à Lima et à Paris pour sceller un accord. 

Faisant suite au sommet de Ban Ki-moon sur le climat et à la conférence des donateurs pour la capitalisation du Fonds vert pour le climat [3], la COP20 représente la plus importante négociation avant la conférence de Paris.

« En septembre, des millions de personnes à travers le monde se sont mobilisées pour exiger des mesures concrètes de lutte contre le changement climatique »,rappelle Romain Benicchio. « Le moment est venu pour nos responsables politiques de passer à l’action et de montrer la voie. Ces négociations ne sont que la première étape d’un processus qui prendra des dizaines d’années. Le sommet de Lima peut et doit nous préparer à bien prendre le tournant de Paris pour poursuivre sur la bonne voie. »
 

Contact

Sarah Roussel : +33 (0)1 77 35 76 10 / +33 (0)6 51 15 54 38 / sroussel@oxfamfrance.org
 

Notes aux rédactions

[1] Le rapport complet « Sortir de l’impasse » est disponible en anglais sur demande
 
[2] Romain Benicchio, chargé des questions climat pour Oxfam France, est à Lima jusqu’au 14 décembre et est disponible pour des interviews et/ou briefing.
Il sera également présent au stunt organisé le 30 novembre à Lima.
 
[3] Une grande partie du financement climat devra transiter par le Fonds vert pour le climat. Celui-ci a pour mission d’aider les pays en développement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, tout en se préparant aux effets inévitables du changement climatique et en mettant en œuvre un développement durable. Deux semaines avant la COP20, le fonds a été doté d’une capitalisation initiale strictement minimale, s’élevant à un peu moins de 10 milliards de dollars alors que la demande des pays en développement était d’au moins 15 milliards.
La France s’était engagée au Sommet de Ban ki-moon sur une contribution de 1 milliard de dollars (dont 35% de prêts).
Plusieurs pays doivent encore annoncer leur contribution, dont l’Australie, l’Autriche, I’Irlande et la Belgique.
 
Le tableau ci-dessous présente les contributions équitables des différents pays à l’effort international d’atténuation pour la période 2020-2025 (dont on suppose qu’elle sera la première période d’engagement du nouvel accord), selon les calculs d’Oxfam. Il s’agit d’estimations, en pourcentage, de la part du financement international que chaque pays devrait mobiliser. Pour plus d’informations, voir le rapport « Sortir de l’impasse ».
 
Tableau 1. Contributions équitables (indicatives) à  l’effort et au financement de l’atténuation à l’horizon 2025
* = nouveaux contributeurs

Pays1

Contribution équitable au financement de la réduction des émissions (%)

 

États-Unis

56 %

 

UE-28

22 %

 

Japon

10 %

 

Canada

3,1 %

 

Australie

2,9 %

 

Suisse

1,4 %

 

Norvège

1,4 %

 

*Brésil

0,87 %

 

*Singapour

0,72 %

 

*E.A.U.

0,53 %

 

*Koweït

0,27 %

 

*Israël

0,24 %

 

Nouvelle-Zélande

0,17 %

 

*Qatar

0,13 %

 

REMARQUES
1.     Les pays dont la part indicative de réduction des émissions bénéficiant d’un soutien international est inférieure à 0,1 % ne sont pas inclus dans cette liste.
2.     Nous avons basé l’indice de responsabilité et de capacité sur les émissions cumulées de chaque pays depuis 1990 et sur le revenu dégagé par ses habitants vivant au-dessus d’un seuil de développement de 9 000 dollars par an, puis progressivement pondéré.
3.     Le Brésil figure sur cette liste, même si nous reconnaissons qu’il s’agit d’un cas ambigu. Compte tenu de son grand potentiel d’atténuation au niveau national, l’inclusion du Brésil à titre de contributeur au financement international de l’atténuation est discutable. Comme souligné, cette liste est fournie à titre indicatif uniquement.

 
Le tableau ci-dessous présente les « contributions équitables » des différents pays à l’effort international d’adaptation pour la période 2020-2025 (dont on suppose qu’elle sera la première période d’engagement du nouvel accord), selon les calculs d’Oxfam. Il s’agit d’estimations, en pourcentage,  de la part, du financement international que chaque pays devrait mobiliser. Il est fait une distinction entre les contributeurs existants et les nouveaux contributeurs. Pour plus d’informations, voir le rapport « Sortir de l’impasse».
Tableau 2. Contributions équitables (indicatives) au financement de l’adaptation

Pays1

Étape 4 :
Contributions équitables au financement de l’adaptation

 

États-Unis

53,05 %

 

UE

26,63 %

 

Japon

9,72 %

 

Canada

4,16 %

 

Australie

3,25 %

 

Norvège

1,26 %

 

Suisse

1,21 %

 

Nouvelle-Zélande

0,32 %

 

Nouveaux contributeurs

Fédération de Russie

18,81 %

 

Brésil

18,44 %

 

Corée du Sud

11,44 %

 

Mexique

7,18 %

 

Arabie saoudite

6,32 %

 

E.A.U.

5,68 %

 

Qatar

5,12 %

 

Koweït

4,85 %

 

Turquie

4,12 %

 

Singapour

3,45 %

 

Venezuela

3,35 %

 

Israël

2,61 %

 

Chili

2,26 %

 

Colombie

1,76 %

 

Malaisie

1,62 %

 

Iran

1,22 %

 

Oman

0,95 %

 

Libye

0,81 %

 

REMARQUES
1.     Les pays dont l’indice de responsabilité et de capacité ajusté en fonction de la vulnérabilité est inférieur à 0,1 % ne sont pas inclus dans cette liste.
2.     Nous avons basé l’indice de responsabilité et de capacité sur les émissions cumulées de chaque pays depuis 1990 et sur le revenu dégagé par ses habitants vivant au-dessus d’un seuil de développement de 9 000 dollars par an, puis progressivement pondéré.
3.     L’ajustement en fonction de la vulnérabilité est effectué sur la base des données de l’étude de David Wheeler, « Quantifying Vulnerability to Climate Change: Implications for Adaptation Assistance », publiée en 2011.