FMI : une réponse insuffisante à la crise dans les pays en développement et une réforme repoussée à plus tard

La crise économique provoque désormais une situation d’urgence dans les pays les plus pauvres. Le FMI a doublé la capacité d’emprunt pour ces pays. C’est un pas dans la bonne direction, mais pour que ce soit une véritable bonne nouvelle pour les pays en développement, le FMI doit renoncer à ses conditionnalités macro-économiques.

« Ouvrir des fonds à un pays pour lutter contre la crise et, dans le même temps, limiter ses capacités de dépenses dans des secteurs sociaux ou exiger des conditions telles que les fonds ne sont pas accessibles est un non-sens » affirme Sébastien Fourmy, d’Oxfam France.

Le Fonds devait également dégager des fonds additionnels pour lutter contre la crise dans les pays en développement. Le G20 avait promis la vente d’une partie des stocks d’or du FMI pour dégager 6 milliards de dollars pour les pays les plus pauvres. Les actionnaires du FMI se sont écharpés sur le détail des modalités d’une telle vente. Le FMI doit ouvrir son coffre-fort maintenant Oxfam International a lancé à l’occasion de ces assemblées une action urgente en ligne, relayée sur notre site, visant à interpeller Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, sur la concrétisation de l’une des promesses du G20 : la vente d’une partie des stocks d’or du FMI censée dégager 6 milliards de dollars pour les pays les plus pauvres. Nous remercions les signataires de cette action et continuerons à faire pression pour que l’or du FMI profite à ces pays touchés de plein fouet par la crise.].

« Les tergiversations doivent cesser : l’ensemble des mesures prises lors du G20 doit être mise en œuvre. Les pays en développement ont besoin d’une aide aujourd’hui, pas dans un an » poursuit Sébastien Fourmy.

Gouvernance : le FMI en retard d’une réforme

L’augmentation des ressources du FMI devait aller de pair avec une accélération de la réforme de son fonctionnement. Cette promesse du G20 semble avoir été oubliée lors des Assemblées de printemps du FMI.

« Toutes les options possibles sont pourtant déjà connues, seule manque une véritable volonté politique pour modifier en profondeur le fonctionnement de cette institution. Il faut aller au-delà d’une simple revue des droits de vote et des quotas au sein de FMI : c’est une reforme globale de l’institution qu’il faut entreprendre. »

Oxfam France rappelle que les pays de l’Union européenne détiennent huit des vingt-quatre sièges du Conseil d’administration du FMI. La France y pèse plus que les 43 pays d’Afrique subsaharienne, la Belgique plus que l’Inde et l’Italie à peine moins que la Chine.

« L’augmentation des ressources du FMI exige une réforme de fond en comble. Un nouvel ajustement des droits de vote d’ici à 2011 sera insuffisant. Toute réforme du FMI doit s’attaquer au droit de veto des Etats-Unis et à la mainmise des pays européens au Conseil d’administration. Les principaux actionnaires du FMI doivent renoncer à leurs privilèges au sein de l’institution », conclut Sébastien Fourmy.

Notes

D’autres propositions pour rééquilibrer les pouvoirs au sein de l’institution doivent également être considérées :

– Dominique Strauss-Kahn, lors de son arrivée à la tête du FMI, soutenait la création d’une double majorité pour les votes du conseil d’administration : une majorité de pays et une majorité des droits de vote. Un signal bien plus fort en faveur de plus d’équité au sein du FMI qu’une simple augmentation des droits de vote pour les pays en développement.

– Le ministre sud-africain des finances, Trevor Manuel dans son récent rapport sur la réforme de la gouvernance du FMI, proposait de remplacer le Comité monétaire et financier international par un Conseil des ministres pour le pilotage stratégique de l’organisation. Un tel Conseil devrait avoir une représentation paritaire des pays en développement et des pays riches.

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