Les milliardaires de la planète ont récupéré les pertes dues à la crise en un temps record alors que des centaines de millions de personnes risquent de basculer dans la pauvreté pendant au moins 10 ans.

Les 1000 personnes les plus riches du monde ont retrouvé leur niveau richesse d’avant la pandémie en seulement 9 mois alors qu’il pourrait falloir plus de dix ans aux personnes les plus pauvres pour se relever des impacts économiques de la pandémie, selon le nouveau rapport d’Oxfam.

Le rapport d’Oxfam « Le virus des inégalités » est publié le jour de l’ouverture du « Davos Agenda », une semaine de dialogues virtuels organisés par le Forum économique mondial. Le rapport montre que la COVID-19 pourrait accroître les inégalités économiques simultanément dans la quasi-totalité des pays du monde, une situation sans précédent depuis plus d’un siècle.

 

Lire le rapport « Le Virus des inégalités »

Lire le Focus sur les inégalités en France

Lien vers la méthodologie et des photos d’illustration

 

  • Pour les plus riches, la récession est terminée. Le rapport révèle que les dix hommes les plus riches du monde – dont fait partie le français Bernard Arnault – ont vu leur fortune totale augmenter de 540 milliards de dollars depuis mars 2020, une somme qui serait amplement suffisante pour financer le vaccin contre la COVID-19 pour toutes et tous et éviter que quiconque sombre dans la pauvreté à cause de la pandémie. Au même moment, la pandémie a entraîné la crise de l’emploi la plus grave depuis plus de 90 ans, des centaines de millions de personnes étant désormais au chômage ou contraintes d’occuper des emplois précaires.
  • La France tourne elle aussi le dos à l’égalité. Les milliardaires français ont bénéficié d’une reprise exceptionnelle puisqu’ils ont gagné près de 175 milliards d’euros entre mars et décembre 2020, dépassant ainsi leur niveau de richesse d’avant la crise. C’est la 3ème plus forte progression, après les Etats-Unis et la Chine. 175 milliards d’euros, c’est l’équivalent de deux fois le budget de l’hôpital public français.
  • Sur l’ensemble de l’année 2020, malgré la crise, la fortune de Bernard Arnault a augmenté de 44 milliards d’euros soit un bond de 41 %. Pendant ce temps, un million de personnes seraient tombées dans la pauvreté en France en 2020, selon les associations caritatives, et en particulier les femmes, les travailleur-se-s précaires, les jeunes et les migrant-e-s.
  • Une fois de plus, les femmes sont les plus durement touchées. Dans le monde, comme en France, les femmes sont surreprésentées dans les professions précaires et peu rémunérées, notamment dans les secteurs de la santé et du social. Oxfam a calculé que si le taux de représentation des femmes était le même que celui des hommes dans ces secteurs, 112 millions de femmes ne risqueraient plus de perdre leurs revenus ou leur emploi. En France, la situation des mères isolées est particulièrement préoccupante [1].
  • De fortes inégalités raciales. Au Brésil, les personnes afrodescendantes sont 40% plus susceptibles de mourir de la COVID-19 que les personnes blanches. Aux États-Unis, les populations noires et hispaniques auraient déploré près de 22 000 morts de moins si leurs taux de mortalité face à la COVID-19 avaient été les mêmes que ceux des personnes blanches.

Pour Quentin Parrinello, porte-parole d’Oxfam France : « Cette crise arrive dans un monde déjà profondément inégal où une minorité de personnes, en majorité de très riches hommes blancs, accaparent l’essentiel des richesses mondiales. Le rapport d’Oxfam montre comment notre modèle économique permet à une élite d’amasser des richesses considérables pendant la récession la plus dramatique que nous ayons connue depuis la Grande Dépression, alors que des milliards de personnes, et notamment celles en première ligne de cette crise – peinent à payer leurs factures et à se nourrir. Nous risquons de faire face à une augmentation sans précédent des inégalités ».

En France, Oxfam alerte depuis 2017 sur l’impact des choix politiques du gouvernement actuel sur les inégalités, alors que jusqu’à récemment le modèle social français avait permis de contenir ce fléau. Résultat : les plus pauvres sont les grands perdants du quinquennat d’Emmanuel Macron. C’est ce que rappelle Quentin Parrinello : « La France est loin d’être épargnée. Alors que les inégalités repartaient déjà à la hausse depuis 2018, les milliardaires français ont bénéficié en 2020 d’une reprise économique ‘exceptionnelle’ en gagnant 175 milliards d’euros entre mars et décembre, soit l’équivalent de deux fois le budget de l’hôpital public. Pendant ce temps, les plus démunis et les travailleurs précaires, à commencer par les femmes, payent un très lourd tribut »

« Le virus a mis en lumière et amplifié les inégalités existantes. Partout dans le monde, les femmes, les jeunes, les personnes racisées et les migrant-e-s sont les plus touché-es mais sont malheureusement les grand-e-s oublié-e-s des plans de relance. L’explosion des inégalités n’est pas une fatalité et la responsabilité des gouvernements est au cœur du problème. Depuis des années, ils ignorent le problème et pire, ils aggravent ce fléau », explique Quentin Parrinello.

Pour Oxfam, la lutte contre les inégalités doit être au cœur des plans de relance et des économies post-Covid. Pour Quentin Parrinello : « Les gouvernements du monde entier ne doivent pas laisser passer cette opportunité de mettre en place un système économique plus juste et durable. Il faut à tout prix ne pas refaire les erreurs du passé, comme après la crise de 2008. Certains pays montrent qu’il existe des solutions, comme l’Argentine qui a adopté un impôt exceptionnel sur les grandes fortunes pour financer les politiques de réponses à la crise ».

En France, Oxfam demande au gouvernement d’investir massivement dans les services publics pour assurer les besoins de base ; de revaloriser les minimas sociaux et les bas salaires, à commencer dans le secteur du soin ; de faire en sorte que les plus riches et les grandes entreprises payent leur juste part d’impôts ; de mettre en place des contreparties sociales et écologiques contraignantes pour les grandes entreprises [2].

Contact presse

Pauline Leclère pleclere@oxfamfrance.org 07 69 17 49 63

Notes aux rédactions

Lien vers le rapport : https://oxfam.app.box.com/s/fvzq29gaucysqtyxguhyny2735vmytlo

Réalisé avec le soutien de l’AFD (Agence Française de Développement)

Au cours de la semaine du 25 janvier, le Forum économique mondial organise le « Davos Agenda », une initiative en ligne dans le cadre de laquelle les principaux et principales dirigeant-e-s du monde partageront leurs points de vue sur l’état de la planète en 2021.

En ce début d’année 2021, Oxfam France lance une action de mobilisation “La France des inégalités” pour « remercier » et « féliciter » le Président de la République et les membres du gouvernement pour leur participation active à la “France des inégalités”. Les bénévoles d’Oxfam France inaugurent, partout en France, la nouvelle devise de la France, devant des lieux symbolisant la République française. Cette mobilisation provocante et ironique invite les citoyens à se mobiliser aux côtés d’Oxfam pour demander au gouvernement d’agir enfin dans le bon sens contre les inégalités. (photo presse sur le lien box : action-photo Place de la République à Paris – sous embargo jusqu’au 24 janvier 23h59 – copyright Christophe Da Silva).

[1] Oxfam a déterminé qu’au moins 112 millions de femmes ne seraient plus exposées au risque de perdre leur emploi ou leurs revenus si le taux de représentation des hommes était le même que celui des femmes dans les postes précaires peu rémunérés qui ont été les plus affectés par la crise de la COVID-19, selon les données d’un document d’orientation politique de l’Organisation internationale du Travail publié en juillet 2020. Toutes les sommes sont exprimées en dollars américains.

[2] En France, Oxfam demande à Emmanuel Macron de réorienter de toute urgence sa politique en faveur d’une réduction des inégalités, en prenant les mesures suivantes :

  1. Prolonger les dispositifs d’aides exceptionnelles pour les personnes précaires aussi longtemps que durera la crise et relever les minimas sociaux en sortie de crise.
  2. Financer les mesures d’urgence via une contribution exceptionnelle des plus hauts patrimoines précédant une refonte de l’impôt sur la fortune.
  3. Revaloriser dès cette année le salaire minimum dans toutes les branches de métiers, à commencer par les métiers du secteur du soin (social et santé) majoritairement occupés par des femmes et en première ligne de la crise.
  4. Rétablir une fiscalité plus équitable sur les contribuables les plus aisés. Notamment : en rétablissant un impôt sur les grandes fortunes en tenant compte des failles du précédent dispositif et en supprimant le Prélèvement forfaitaire unique (PFU), en luttant efficacement contre l’évasion fiscale.
  5. Des contreparties sociales et écologiques pour les grandes entreprises afin de créer un modèle économique qui partage mieux la richesse tout en tenant compte des limites de la planète.

Lien vers la note méthodologique : https://oxfam.app.box.com/s/fvzq29gaucysqtyxguhyny2735vmytlo

Les calculs d’Oxfam sont fondés sur les données les plus complètes et les plus actuelles disponibles au 31 décembre 2020. Les données sur les personnes les plus fortunées de la société proviennent du classement des milliardaires de 2020 de Forbes. Les données sur la distribution mondiale de la fortune ayant connu de nombreuses variations en 2020, le Credit Suisse Research Institute a repoussé la publication de son rapport annuel sur la richesse de l’humanité au printemps 2021. Les dix hommes les plus riches étaient Jeff Bezos, Elon Musk, Bernard Arnault et sa famille, Bill Gates, Mark Zuckerberg, Larry Ellison, Warren Buffett, Zhong Shanshan, Larry Page et Mukesh Ambani.