G20 Finances : Oxfam exhorte les ministres à soutenir des réformes fiscales globales profitant à tous

Alors que les ministres des Finances du G20 se retrouvent à Cairns les 20 et 21 septembre, Oxfam les appelle à soutenir des réformes fiscales globales qui servent les intérêts de tous, et pas seulement ceux d’une poignée de pays riches et de leurs multinationales.

Le G20 a les moyens de lutter contre l'accroissement des inégalités, mais il faudrait pour cela oser s’attaquer de manière forte à l'évasion fiscale des multinationales. Ces dernières siphonnent actuellement des milliards de dollars sur les budgets des pays, qu’ils soient riches ou pauvres.

« Un certain nombre de sociétés de grande envergure, comme Apple et Starbucks, sont régulièrement citées pour leur pratiques d’optimisation fiscale et de contournement du système, mais elles ne représentent que la partie émergée de l'iceberg », souligne Nicolas Vercken, directeur du plaidoyer pour Oxfam France. « On estime à 100 milliards de dollars les recettes fiscales perdues chaque année par les pays en développement à cause de l'évasion fiscale ».

Le ministre australien des Finances, Joe Hockey, a bien affirmé que l'Australie pousserait le G20 à rendre le système fiscal international plus équitable pour tous les pays, mais Oxfam rappelle qu’aucune mesure concrète du G20 dans ce sens n’est connue à ce jour.

« La place des pays pauvres dans le processus mené par l'OCDE sur la réforme fiscale globale doit être renforcée. Ce sont les pays en développement qui ont le plus à perdre du pillage des recettes fiscales de leurs budgets nationaux », ajoute Nicolas Vercken.

Dans le cadre de la réforme fiscale globale en cours, de nouvelles mesures doivent être approuvées par le G20 pour obliger les sociétés multinationales à divulguer les impôts payés dans chaque pays où elles sont présentes. Cela permettra de s'assurer que les entreprises paient leur juste part d'impôt là où la valeur est créée et où leurs activités économiques ont réellement lieu.

Le rapport publié cette semaine par l’OCDE, mandatée sur le sujet par le G20, est un premier pas positif. En reconnaissant la nécessité d’inclure les pays en développement dans les négociations et l’importance d’un outil multilatéral, l’OCDE donne un coup d’accélérateur à la lutte contre l’évasion fiscale des multinationales. Mais l’institution a clairement rappelé que son mandat est tout d’abord de servir les intérêts de ses membres, dont certains sont toujours très fortement opposés à la transparence des informations récoltées.

« Le diagnostic de l’OCDE est pertinent, mais les actions proposées sont encore trop timides. L’ensemble des pays, riches et pauvres, doit pouvoir bénéficier de la lutte contre l’évasion fiscale des multinationales. La transparence n’a de sens que si elle est réellement accessible à tous, et pas seulement aux services fiscaux. Une réforme aussi cruciale ne peut pas laisser de côté 80% des pays concernés ».

Les ministres des Finances doivent également mettre au centre de leurs préoccupations des modèles de croissance durable et équitable pour lutter contre la hausse des inégalités.

L'écart grandissant entre riches et pauvres dans le monde, y compris dans 16 des 20 pays du G20, est une tendance reconnue par le Fonds monétaire international, l’OCDE et le Forum économique mondial .

A ses risques et périls, le G20 ne tient pas compte de cette tendance. L'écart grandissant entre les riches et les pauvres compromet de plus en plus la stabilité qui permettra de réduire considérablement la capacité de la croissance économique à sortir les populations de la pauvreté et menace la durabilité de la croissance économique elle-même.

« Trop se concentrer sur le PIB ne permettra pas de s’assurer que les plus pauvres bénéficient de la croissance économique, et nous appelons les ministres des Finances du G20 à soutenir un modèle de croissance inclusive qui s'attaque aux inégalités extrêmes des revenus ».

« En concentrant les richesses et le pouvoir dans les mains de quelques-uns, les inégalités privent les personnes les plus pauvres de l'appui dont elles ont besoin pour améliorer leur vie, et signifient que leur voix n'est pas entendue. Si la communauté internationale ne parvient pas à freiner l’aggravation des inégalités, nous pouvons nous attendre à encore plus de problèmes économiques et sociaux, et ces derniers ne feront que saper les efforts entrepris pour éradiquer la pauvreté », conclut Nicolas Vercken.

 


Ce communiqué a été produit avec le soutien financier de la Commission européenne. Son contenu relève de la seule responsabilité d'Oxfam France et ne reflète pas nécessairement les positions de la Commission européenne et de ses services.


 

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