G20 : la lutte contre l’évasion fiscale doit être une priorité pour combattre les inégalités

Quelques jours avant l’ouverture du G20, qui se tiendra les 15 et 16 novembre à Brisbane, Oxfam souligne que depuis que l’Australie a pris la présidence du G20, la richesse totale du G20 a augmenté de 17 000 milliards de dollars, mais que les 1 % les plus riches de sa population ont gagné 6 200 milliards de dollars, ce qui représente 36 % de cette augmentation.

Les inégalités se creusent partout dans le monde et la moitié de la population la plus pauvre du monde vit dans les pays membres du G20. Pour Oxfam, la lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscale des multinationales représente un des moyens les plus efficaces de réduire les inégalités.

« Selon nos calculs, l’évasion fiscale des entreprises représente pour les pays pauvres un manque à gagner de 100 milliards de dollars par an. La réforme en cours du système fiscal international, menée par l’OCDE sur mandat du G20, est un premier pas dans la bonne direction, mais risque de ne pas apporter d’améliorations pour les populations pauvres, la majorité des pays en développement n’étant pas associée aux négociations », souligne Manon Aubry d’Oxfam France.

L’annonce faite aujourd’hui par l’OCDE d’une feuille de route élargissant le processus de consultation à dix pays non membres du G20 ou de l’OCDE est une tentative bienvenue de redistribuer les cartes plus équitablement, mais qui intervient tardivement dans le processus de négociation [1].

« Des incertitudes demeurent sur la capacité réelle de ces dix pays à influencer ces discussions techniques sur la fiscalité déjà bien engagées et dans quelle mesure leur voix sera entendue alors même que ces questions de partage des revenus fiscaux les touchent en priorité » ajoute Manon Aubry.

Par exemple, les dispositions inéquitables fixées par la France dans ses conventions fiscales avec de nombreux pays en développement incluent de fortes réductions des retenues à la source et entraînent inévitablement une perte de revenus pourtant indispensables pour financer les services essentiels.

La crise d’Ebola, qui se propage en Afrique de l’Ouest, est un exemple frappant de l’incidence de ressources fiscales insuffisantes dans les pays en développement limitant ainsi leurs capacités à financer des services essentiels et des infrastructures de santé performantes. En 2012, les incitations fiscales accordées aux multinationales exerçant des activités en Sierra Leone, où une épidémie d’Ebola sévit actuellement, correspondaient à 59 % du budget total du pays, soit plus de huit fois les dépenses publiques de santé.

De plus en plus de personnes et d’institutions s’accordent sur la nécessité de s’attaquer sans plus attendre aux inégalités croissantes, et les dirigeant-e-s du G20 sont en mesure d’inverser cette tendance. Pour Oxfam, le G20 doit s’engager à poursuivre des stratégies de croissance inclusive et prendre des initiatives pour réduire les inégalités, au lieu de strictement concentrer son attention sur le PIB.

Contact

– à Paris : Magali Rubino +00 33 6 30 46 66 04/ mrubino@oxfamfrance.org

– à Brisbane : Laurelle Keough : +00 61 (0) 425 701 801 laurellek@oxfam.org.au

Notes aux rédactions

La note d’information sur les demandes d’Oxfam au G20, « Inversons la tendance »,est disponible en français ici

Une porte-parole francophone d’Oxfam est disponible pour des interviews à Brisbane ou par téléphone.

[1] Notamment l’Albanie, la Jamaïque, le Kenya, le Nigéria, le Pérou, les Philippines et la Tunisie :
http://www.oecd.org/fr/presse/les-pays-en-developpement-vont-jouer-un-role-plus-important-dans-les-efforts-de-locde-et-du-g20-pour-lutter-contre-levasion-fiscale-des-entreprises.htm

 


Ce communiqué a été produit avec le soutien financier de la Commission européenne. Son contenu relève de la seule responsabilité d'Oxfam France et du CCFD-Terre Solidaire et ne reflète pas nécessairement les positions de la Commission européenne et de ses services.