G20 : où est passée la volonté de régulation ?

Les pays du G20 sont arrivés au Canada sans véritable agenda et en ordre dispersé, symptômes de leur désunion. Après les déclarations du G20 à Londres, en avril 2009, sur la mise au pas de la finance mondiale, les Chefs d’Etats des pays du G20 semblent désormais baisser les bras. Incapables de s’entendre, ils ne parviennent toujours pas à encadrer le secteur financier avec de nouvelles exigences de régulation et de transparence, mais également à financer les défis mondiaux du 21ème siècle.

Pour Oxfam France, la proposition franco-allemande de création de taxes internationales, sur lesquelles il n'y a pas unanimité au G20, reste une opportunité historique. Le Président Sarkozy et la chancelière Merkel qui ont défendu ces idées ne doivent pas y renoncer et, au contraire, continuer d'avancer dans ce sens.

Pour Sébastien Fourmy, d'Oxfam France, présent à Toronto : « Après la crise financière, les pays du G20 avaient promis dès 2008 la reprise en main du système bancaire et financier international. Ils avaient annoncé la fin des paradis fiscaux, mais les listes de l'OCDE sont presque vides. Les paradis fiscaux, ce n'est pas 'fini' ! La pression sur les leaders du G20 doit donc être maintenue : la relâcher aujourd'hui, c'est prendre le risque que tous les efforts engagés ne soient vains. Les membres du G20 se sont également engagés sur la réforme des institutions financières internationales, mais rien ne bouge. Le constat est donc sévère : les dossiers font du sur place de sommet en sommet« .

« En ne dénonçant que des micro-territoires depuis un an et demi, le G20 ne fait que travailler sur la question de l'offre des paradis fiscaux, et non de la demande des multinationales et des banques. Sans une réelle action pour encadrer les acteurs et les mécanismes constitutifs du système financier international, il revient à la case départ. Les pays du G20 attendent-ils la prochaine crise pour agir ? »

« En reconnaissant que la crise a eu un impact disproportionné sur les populations des pays en développement, le G20 s'est aussi engagé sur un plan de soutien aux pays les plus pauvres. Or, les pays les plus développés, du G8 en particulier, ne suivent pas, faute d'engagements financiers additionnels. Pour financer les défis mondiaux de la lutte contre les dérèglements climatiques et la pauvreté, il faut innover, or le G20 n'a encore rien fait. »

Oxfam France demande aux chefs d'Etat des pays du G20 d'agir dès aujourd'hui. Pour encadrer et taxer la spéculation à l'échelle mondiale, une taxe sur les transactions financière doit être mise en place. C'est à cette seule condition que les politiques globales pour faire face aux besoins alimentaires, aux dérèglements climatiques, à l'inégalité dans l'accès aux soins de santé et d'éducation à travers le monde pourront être financées.

« Incapable de travailler ensemble, les pays du G20 ont choisi de reculer pour mieux sauter… dans le vide« , ajoute Sébastien Fourmy.

Pour la France, l'organisation du G20 en 2011 est une occasion unique de faire avancer les dossiers que Nicolas Sarkozy affirme défendre au niveau international depuis le début de la crise. Pour Oxfam France, la taxe sur les transactions financières est l'enjeu majeur du prochain sommet. Avec l'Allemagne, après avoir convaincu la Commission européenne, le Président français a désormais un an pour convaincre l'ensemble des membres du G20 ou pour avancer concrètement avec les pays décidés à montrer l'exemple.

Notes

– La seule fraude des multinationales coûterait chaque année 125 milliards d'euros aux caisses des Etats du sud, c'est plus que ce qu'ils reçoivent en aide internationale chaque année.

– Une taxe mondiale de 0,05%, au minimum, sur l'ensemble des transactions financières pourrait rapporter au moins 500 milliards de dollars par an.

– Extraits du communiqué final du G20 de Londres, avril 2009
_ « Nous reconnaissons que la crise actuelle a un effet disproportionné sur les populations les plus vulnérables dans les pays les plus pauvres et sommes conscients qu'il est de notre responsabilité collective d'atténuer les incidences sociales de la crise afin de limiter les dommages à long terme sur le potentiel mondial« .
_ « D'importantes défaillances dans le secteur financier et dans la réglementation et la supervision financières ont été des causes fondamentales de la crise« .

– Suivez l'ctualité des G8 et G2 sur la page spéciale d'Oxfam France

Contacts G20 / Oxfam du 21 au 28 juin

– Sébastien Fourmy – Oxfam France, Directeur du plaidoyer et des études – à Toronto : 00 1 416-988-2677
– Justine Lesage – Oxfam Québec, Chargée des relations médias G8/G20 pour la presse francophone – à Toronto : 00 1 647-381-8634 / 001 514-382-7922
– Magali Rubino – Oxfam France, Chargée des relations médias – à Paris : 00 33 6 30 46 66 04

 
||Communiqué envoyé dans le cadre d’une campagne lancée en septembre 2009 sur la lutte contre le changement climatique et réalisée avec l’aide financière de l’Union européenne. Le contenu de cette campagne relève de la seule responsabilité d’Oxfam France et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.|

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