G20 : Taxe sur les transactions financières, paradis fiscaux, agriculture… le bilan d’Oxfam France

Notre bilan du G20.

Pour Luc Lamprière d'Oxfam France :

Une taxe sur les transactions financières (TTF) mise sur les rails à Cannes et attendue à Paris

"Malgré les dissensions extrêmement fortes au sein du G20, le communiqué du final du sommet prend clairement acte du souhait d'un groupe de pays pionniers de taxer les transaction financières pour le développement. Oxfam France se félicite que, lors de ce sommet, des pays tels que le Brésil, l'Argentine et l'Afrique du Sud aient rejoint des pays européens en faveur de la TTF. Pour ces derniers, plus rien ne s'oppose à une mise en place concrète et rapide de taxes nationales. Le lien clairement établi entre la TTF et le développement est également une avancée majeure". "Après des mois de mobilisation, c'est une victoire pour les centaines de milliers de citoyens qui se sont mobilisés tout au long de l'année en faveur de la Taxe Robin des bois". "La France doit s'engouffrer dans la brèche ouverte par ce communiqué et mettre en place un taxe sur les transactions financières ce mois-ci pour son budget 2012. Une taxe française pourrait rapporter 12 milliards d'euros par an. Le FMI, ainsi que le rapport de Bill Gates hier, l'ont montré : il n'existe aucun obstacle à la mise en place de taxes sur les transactions au niveau national comme le prouvent celles déjà en place dans de nombreux pays. C'est à cette condition que le discours enflammé de Nicolas Sarkozy devant la presse ce jour aura un véritable sens".

Nouvelle liste de 11 paradis fiscaux, mais toujours pas de sanction

" La série des listes à géométrie variable de paradis fiscaux continue. Après les listes de l'OCDE, du GAFI et du Forum de stabilité financière, le G20 fait référence à une nouvelle liste, en l'occurrence celle du Forum fiscal mondial. Onze territoires sont cette fois-ci montrés du doigt. Oxfam France rappelle que toutes ces listes n'ont de sens que si des sanctions fortes sont prises tant à l'encontre de ces territoires et surtout de leurs utilisateurs, notamment les entreprises. Apres trois ans de lutte contre les paradis fiscaux, le G20 n'a malheureusement toujours pas le courage d'imposer de la transparence aux multinationales, premières responsables de l'hémorragie fiscale dans les pays en développement". "La Suisse est mise à l'index dans cette nouvelle liste du G20. Oxfam France dénonce les contradictions de l'Allemagne et du Royaume Uni qui d'un côté signent cette déclaration du G20, et de l'autre viennent de signer les accords dits "Rubik", qui préservent le secret bancaire suisse et laissent donc le champ libre à l'évasion fiscale. Si le G20 est sérieux dans sa lutte contre les paradis fiscaux, ces accords doivent être simplement annulés. La France, de son côté, doit clairement affirmer qu'elle ne signera pas un accord similaire".

Agriculture et la sécurité alimentaire : le point noir de la présidence française du G20

"Face aux défis des crises alimentaires chroniques ou récurrentes, le G20 se devait d'apporter une réponse aussi forte que celle qui a permis de sauver les banques en 2008. Malheureusement, l'électrochoc nécessaire n'a pas eu lieu. Le diagnostic posé en début de présidence du G20 par la France était le bon. La mise en avant de la lutte contre la volatilité des prix alimentaires et de la régulation des marchés agricoles relevait du bon sens. Mais au final, après avoir soigneusement évité les sujets qui fâchent, tels que les agrocarburants et les réserves de régulation, les conclusions finales ne répondent pas à la situation de crise actuelle". Il est certes positif que le G20 approuve les recommandations faites par les autorités des marchés financiers (OICV) sur les marchés de produits dérivés de matières premières. Mais même mises en œuvre, ces recommandations ne pourront que limiter les manipulations de marché, et non pas lutter contre la spéculation excessive. Par ailleurs, depuis deux ans, le G20 n'a rien fait de plus que de recycler ses déclarations faites à Pittsburgh de transformer les marchés de gré-à-gré standardisés en marchés régulés plus transparents, toujours pas traduites dans les faits. Enfin, Oxfam France regrette profondément l'absence de volonté du G20 à stopper les accaparements de terres qui se multiplient dans les pays en développement. Seuls les "Principes pour des Investissements Agricoles Responsables", sans aucune véritable portée, sont mentionnés. En revanche, les "Directives Volontaires sur la gouvernance responsable des régimes fonciers des terres, pêches et forêts" de la FAO, beaucoup plus sérieuses, ne sont même pas mentionnées. Ces Directives, encore en négociation au niveau du Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale à Rome, n'ont pas pu être adoptées il y a deux semaines. Le G20 aurait dû apporter son soutien au processus de négociations qui doit absolument être conclu le plus rapidement possible pour enfin marquer un premier pas dans la lutte contre les accaparements de terres.

Aller plus loin

Communiqué envoyé dans le cadre d’une campagne lancée en septembre 2009 sur la lutte contre le changement climatique et réalisée avec l’aide financière de l’Union européenne. Le contenu de cette campagne relève de la seule responsabilité d’Oxfam France et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

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