G8 : François Hollande doit refuser le business de la sécurité alimentaire

A deux jours de l’ouverture du sommet de Camp David aux Etats-Unis, Oxfam France redoute que la nouvelle initiative attendue des pays du G8 sur la sécurité alimentaire serve davantage les intérêts de quelques grands groupes privés que ceux du milliard de personnes qui souffrent de la faim dans le monde.
_ Face à ce projet, Oxfam France demande à François Hollande de profiter de son premier grand sommet international pour jouer un rôle clé en faveur du respect du droit à l’alimentation.

La proposition de ‘nouvelle alliance’ pour la sécurité alimentaire et la nutrition à l’agenda du G8 les 18 et 19 mai aurait pour but principal de promouvoir l’investissement privé dans le secteur agricole de six pays tests prioritaires d’Afrique sub-saharienne : le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mozambique, l’Ethiopie, et la Tanzanie.
_ Mais pour Oxfam France, cette ‘nouvelle alliance’ repose sur l’idée fausse qu’augmenter la production agricole résoudra le problème de la faim, de la pauvreté, et, plus généralement du développement dans le monde, et que le secteur privé doit jouer le premier rôle dans ce domaine.

Favoriser les investissements de quelques multinationales dans l’agriculture des pays du Sud ne résoudra pourtant pas les crises alimentaires, comme celle qui frappe aujourd’hui l’ensemble du Sahel, où 18 millions de personnes sont menacées. Alors que la planète produit assez pour nourrir l’ensemble de l’humanité, les populations les plus pauvres n’ont tout simplement pas les moyens financiers de se procurer les produits de base dont les prix augmentent sans cesse. D’après la FAO, les prix des denrées alimentaires sont aujourd’hui plus élevés qu’au moment de la crise alimentaire de 2008 L’index des prix alimentaires de la FAO, indicateur international sur l’évolution des prix alimentaires mondiaux dans leur globalité, est aujourd’hui à 214 points, contre 200 points à l’époque.].

Dans ce contexte, les pays du G8 ne doivent pas renoncer à poursuivre les engagements pris il y a trois ans lors du sommet du G8 de l’Aquila Lors du sommet du G8 à l’Aquila en 2009, la France s’était engagée sur une contribution de 1,5 milliard d’euros pour la sécurité alimentaire mondiale sur la période 2009-2011, dans le cadre d’une annonce globale de 22 milliards de dollars faite par l’ensemble des membres du G8.
_ Le rapport dit de « redevabilité » sur les engagements du G8, qui sera rendu public dans la semaine, devrait montrer que les engagements d’Aquila ont été tenus ou sont en passe de l’être. Mais le détail des chiffres montrent un bilan moins flatteur. Ainsi, concernant la France, la quasi-totalité des fonds a bien été « engagée », mais à peine la moitié des fonds semble avoir été réellement déboursée.
], pour se reposer uniquement sur un secteur privé soudainement présenté comme la panacée face à l’insécurité alimentaire.

Pour Sébastien Fourmy d’Oxfam France : « Face au défi de la lutte contre la faim dans le monde, les pays du G8 ne doivent pas tourner le dos à leurs engagements financiers, substituer les financements privés aux politiques publiques et favoriser les intérêts de quelques multinationales au détriment des priorités des pays pauvres qu’ils sont censés aider. Les pays du G8 doivent apporter un soutien fort aux politiques agricoles définies par les pays les plus pauvres, sans quoi le droit fondamental à l’alimentation demeurera systématiquement nié dans de nombreuses parties du monde. »

« François Hollande doit s’engager à soutenir les agricultures paysannes, garantir le respect du droit à l’alimentation et appuyer des solutions à long terme afin de sortir durablement de la crise alimentaire et écologique. Pour ce faire, la France doit notamment exiger de ses partenaires du G8 une prochaine période d’engagements financiers au moins égale à celle prise il y a trois ans lors du sommet de l’Aquila, 22 milliards de dollars sur trois ans. Pour être exemplaire, le gouvernement doit présenter le détail par projet et par pays de l’utilisation des fonds consacré par la France à l’agriculture. »

Pour Lamine Ndiaye, directeur de la campagne CULTIVONS d’Oxfam en Afrique, « De nombreuses organisations africaines de la société civile sont inquiètes quant à l’orientation des efforts du G8 sur la sécurité alimentaire. Les principales demandes que l’on recueille concernent le sort des petits producteurs, mais ils ne font manifestement pas partie des conversations du G8. »

Oxfam France rappelle que le Comité pour la Sécurité Alimentaire Mondiale (CSA) constitue l’unique enceinte légitime, travaillant de manière ouverte et transparente dans le cadre du système des Nations unies, pour appréhender les enjeux globaux de la sécurité alimentaire mondiale. Les pays du G8 doivent donc inscrire leurs actions dans la cadre des dynamiques promues au sein du CSA.

Notes aux rédactions

– Une équipe d’Oxfam est présente à Washington et Camp David pour le G8 et des porte-paroles francophones disponibles pour interviews.

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