G8 : un simple « social network » ?

A quelques heures de l'ouverture du sommet de Deauville, Oxfam appelle les huit dirigeants du G8 à prouver qu'ils ne sont pas ici seulement pour parler boutique et qu'ils seraient bien avisés de ‘googliser' leurs engagements passés en faveur des pays pauvres avant d'en prendre de nouveaux.

« Pour retenir l'attention du G8, faut-il que l'expression 'pauvreté dans le monde' devienne le hashtag le plus en vogue ?« , s'interroge Luc Lamprière, porte-parole d'Oxfam. « Les pays du G8 ne doivent pas attendre que le milliard de personnes qui souffre de la faim se mettent à tweeter avant de mettre en œuvre leurs promesses de lutter contre la faim et la pauvreté« .

Il y a six ans, les pays du G8 avaient promis d'augmenter l'aide de 50 milliards de dollars pour financer la santé, l'éducation et lutter contre la faim. A l'heure actuelle, près de 19 milliards de dollars manquent toujours à l'appel. xfam a démontré que le G8 a bidouillé les chiffre pour faire croire qu'ils avaient quasiment honoré leurs engagements. Si les chefs d'Etat quittent le sommet sans au moins s'entendre sur un véritable plan d'action pour respecter leurs engagements, le G8 ne sera plus qu'un simple cercle de réflexion.

Inacceptable, alors même que de nombreux dossiers du G8 restent à traiter. Le G8 pourrait par exemple donner un nouveau souffle aux négociations sur le climat en soulignant l'urgence de mettre en place un cadre international contraignant pour lutter contre le changement climatique. Ce cadre doit réaffirmer la nécessité de débloquer les fonds nécessaires pour soutenir les efforts d'adaptation des populations face aux conséquences du changement climatique.

Pour trouver de l'argent frais pour la lutte contre le changement climatique ou la pauvreté, le G8 doit également se pencher sérieusement sur les idées de financements innovants déjà sur la table, comme la taxe sur les transactions financières (axe Robin des Boi), une taxe sur la finance qui pourrait lever jusqu'à 400 milliards de dollars par an.

Les 8 dirigeants ont même la possibilité de prendre des décisions importantes sans que cela leur coûte un centime. Ils doivent exiger la mise en place de lois contraignant les compagnies pétrolières, minières ou gazières à publier les paiements qu'elles effectuent partout dans le monde, à l'instar de ce qu'exige la loi Dodd-Frank votée récemment aux Etats Unis.

« En soutenant l'idée d'une publication obligatoire des paiements effectués par les compagnies pétrolières et minières, le G8 peut aider les populations des pays en développement à s'assurer que cet argent sert bien des objectifs prioritaires comme l'éducation, la santé ou l'agriculture« , explique Mamadou Biteye, directeur régional Oxfam pour l'Afrique de l'ouest. « Cette mesure contribuera également à ce que ces pays reçoivent une juste contrepartie de ces sociétés. »

Des populations qui demandent des comptes à leur gouvernement, c'est également le message porté par le Printemps arabe, au cours duquel des citoyens de tout âge ont tweeté, publié des informations sur Internet, marché et manifesté en faveur de la démocratie. Alors que les pays du G8 vont évoquer les événements de ces derniers mois, ils doivent se souvenir que le niveau de pauvreté, le taux de chômage et les inégalités grandissantes dans de nombreux pays du Moyen-Orient ont été des facteurs déclencheurs de cette vague de contestation. Oxfam demande instamment au G8 de reconnaître le rôle que ces populations ont eu dans les changements en cours et d'encourager en priorité le respect des droits de l'Homme, la réduction de la pauvreté, et la défense des libertés politiques dans les démocraties émergentes.

« Alors que le Printemps arabe est à l'ordre du jour, le G8 doit défendre les libertés politiques et les droits de l'Homme, mais aussi affirmer son soutien à une transition pacifique vers la démocratie.« , indique Luc Lamprière. «  Cependant, à moins qu'ils ne décident d'honorer les engagements déjà pris, toutes nouvelles promesses risqueraient fort d'être de nouvelles paroles en l'air « .

Contact presse

Magali Rubino rubino@oxfamfrance.or / 01 56 98 24 45 – 06 30 46 66 04

Aller plus loin

Télécharger le note d'Oxfam : [G8 : quels sont les enjeux ?->IMG/pdf/G8_2011_Oxfam_France.pdf]
– Suivre toute l'actualité du sommet sur [notre page spéciale G8->G8-2011-assez-de-promesses,1074]

||Communiqué envoyé dans le cadre d’une campagne lancée en septembre 2009 et réalisée avec l’aide financière de l’Union européenne. Le contenu de cette campagne relève de la seule responsabilité d’Oxfam France et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.|

Contact

Notes aux rédactions