La déclaration de Nicolas Sarkozy sur l’additionnalité des financements climatiques aux pays en développement : réaction d’Oxfam France

Suite aux nouvelles déclarations faites ce matin par Nicolas Sarkozy lors d’une réunion de travail avec les ONG consacrée à la préparation de la conférence de Copenhague, en amont de la réunion du conseil européen aujourd’hui et demain à Bruxelles, Oxfam France appelle la France à tenir le même discours à Bruxelles.

Pour Luc Lamprière, directeur général d’Oxfam France :

« Le Président français a affirmé, sans aucune ambigüité, que pour la France, les financements climats en direction des pays en développement devraient être absolument additionnels aux engagements pris en matière d’aide aux pays pauvres et aux efforts à mener pour la réalisation des objectifs millénaires du développement (OMD). Cette affirmation de la France était essentielle puisque jusqu’à présent, les déclarations publiques, qui manquaient de clarté sur ce point, laissaient planer un doute sérieux sur ce sujet. C’était, en matière de financements, le «chainon manquant » des déclarations françaises des dernières semaines. »

« Pour faire face à la crise climatique, les pays en développement ont besoin de financements nouveaux et additionnels. Cannibaliser les engagements d’aide en vue de régler la facture de l'adaptation climatique condamnera les Objectifs du Millénaire pour le développement à l'échec. »

Le principe d’additionnalité a été acté à Bali il y a deux ans mais n’est toujours pas aujourd’hui une position portée par tous. Le Président français a, enfin, tranché pour la France. Il doit maintenant tenir cette position à Bruxelles comme à Copenhague, et convaincre les autres chefs d’Etat de la porter avec lui.»

Sur les financements innovants, Oxfam France soutient la proposition française, rappelée par le Président, d’un prélèvement sur les carburants des secteurs maritimes et aériens ainsi que l’idée française d’une taxation sur les transactions financières. Cependant, l’association regrette que cette proposition, sur laquelle la France fait aujourd’hui reposer une grande partie des financements climats au-delà de 2012, ne soit ni à l’ordre du jour de la réunion de Bruxelles, ni officiellement sur la table des négociations de Copenhague.

« La France doit donc non seulement continuer d’avancer en mobilisant au niveau international, comme vient de le faire Bernard Kouchner à New York, des déclarations de principe sur ce sujet mais également pousser pour que des avancées concrètes soit faites le plus rapidement possible, à commencer par le niveau européen » ajoute Luc Lamprière.

Pour Oxfam France, au moment où le financement de l’aide aux pays en développement pour lutter contre les changements climatiques est devenu l'un des principaux obstacles des négociations, cette question est essentielle. Alors que l’UE s’apprête à proposer à Copenhague une aide aux pays pauvres bien insuffisante et constituée de promesses recyclées, la France doit clairement pousser pour que l’Europe aille plus loin : sur la période 2013-2020 en particulier, pour laquelle aujourd’hui aucune annonce chiffrée n’est sur la table, les dirigeants de l’Union européenne ne peuvent rester silencieux comme ils le sont aujourd’hui.

« Les dirigeants européens doivent cesser de tergiverser sur leurs engagements envers les pays pauvres. Les négociations à Copenhague pourraient prendre un nouveau tournant si l’UE proposait enfin une somme concrète de sa part de financements et garantisse qu’il ne s’agira pas du recyclage d’engagements existants pour l’aide au développement », rappelle Luc Lamprière.

||Communiqué envoyé dans le cadre d’une campagne lancée en septembre 2009 et réalisée avec l’aide financière de l’Union européenne. Le contenu de cette campagne relève de la seule responsabilité d’Oxfam France et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.|

Notes

En réponse à la question suivante de Luc Lamprière : «Monsieur le Président, pouvez vous enfin affirmer clairement, au nom de la France, que pour vous le soutien financier our la réduction des émissions et l’adaptation dans les pays en développement sera bien additionnel aux engagements existants des pays développés, dont la France, d’allouer au minimum 0,7% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement et de contribuer à la réalisation des objectifs millénaires du développement? » , le Président de la République a ce matin répondu : « Oui, oui et oui. (…) C’ est fromage ET dessert. C’est additionnel à ce qui est prévu, c’est additionnel aux engagements pris, c’est additionnel aux 0,7%. C’est additionnel aux OMD bjectifs du millénaire pour le développement. Ce sont des financements publics. Ca ne comprend pas les transferts de technologie.(…) C'est pour ça qu’il faut des financements innovants, une taxe sur les transactions. Il faut booster le FMI pour qu'ils fassent une simulation, nous disent combien ça va rapporter et ce qui ira aux pays pauvres»

Fin octobre, l'UE avait déclaré qu’entre 22 et 50 milliards d’euros de financements publics seraient nécessaires pour les pays pauvres. L’UE avait offert de payer sa juste part, mais n’a pas précisé le montant. Oxfam France affirme que l'UE peut faire progresser les négociations en mettant sur la table 35 milliards d'euros (50 milliards de dollars) par an à partir de 2013 pour aider les pays en développement à faire face aux conséquences à long terme du changement climatique.

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