La réponse internationale à la crise en Syrie : échec sur « tous les fronts »

Dans un rapport publié aujourd’hui, Oxfam dénonce l’échec de la réponse internationale à la crise en Syrie sur tous les fronts : insuffisance de l’aide humanitaire, possibilités limitées de réinstallation des réfugiés dans d'autres pays et transferts d’armes aux parties en conflit.

Oxfam appelle l’Organisation des Nations unies à imposer un embargo sur les armes à toutes les parties belligérantes et exhorte les gouvernements des pays riches à apporter une contribution équitable à l’aide humanitaire, par rapport la taille de leur économie, et à offrir refuge à un plus grand nombre de Syriennes et Syriens qui fuient les violences.

Intitulé Un accord plus équitable pour la population syrienne, ce rapport établit que les appels humanitaires, qui s’élèvent à un total de 7,7 milliards de dollars, ont mobilisé moins de la moitié des fonds nécessaires, alors que les livraisons d’armes continuent d’alimenter les violences et d’entraver les efforts de paix. Les pays riches accueillent un nombre dérisoire de Syriennes et Syriens qui ont fui le conflit et, pendant ce temps, les pays voisins peinent à prendre en charge plus de trois millions de réfugiés.

« La contribution de la France à la réponse humanitaire de la crise syrienne est loin d’être à la hauteur de ce qui peut raisonnablement être attendue d’elle au regard de la taille de son économie, alors que dans le même temps le gouvernement français autorise le transfert d’armes en Syrie. La France doit revoir ses priorités en augmentant sa contribution financière à la réponse humanitaire, en accueillant davantage de réfugiés syriens et en mettant un terme à ses transferts d’armes aux belligérants syriens »,ajoute Nicolas Vercken, d’Oxfam France.

La Russie, grand exportateur d’armes vers la Syrie, n’a apporté que 1 % de la contribution qui serait attendue d’elle. La France et les États-Unis ont apporté 33 % et 60 % de leur part respective tout en continuant de fournir des armes, ce qui nuit aux efforts visant à mettre fin au conflit. Nombre des pays du Golfe donnent plus que leur part, mais doivent en faire davantage pour arrêter les transferts d’armes. D’autres donateurs généreux sont le Royaume-Uni et le Danemark, notamment.

« C’est la plus importante crise humanitaire au monde et, sur tous les fronts, la réponse de la communauté internationale est loin d’être à la hauteur »,déplore Andy Baker, directeur de la réponse d’Oxfam à la crise syrienne. « Kalachnikovs, bombes et missiles ne cessent d’affluer vers la Syrie et d’alimenter de terribles violations des droits humains, tandis que l’aide humanitaire arrive au compte-gouttes à celles et ceux qui en ont si cruellement besoin ».

« Les pays voisins accueillent des millions de réfugiés, dont beaucoup ont besoin d’un abri, de soins de santé, de vivres et d’eau ».

« Il n’y a pas d’embargo sur les armes et les munitions, et seuls de rares pays se sont décidés à offrir leur protection à ne serait-ce qu’un petit nombre de réfugiés. La communauté internationale doit faire face à ses responsabilités envers les victimes de ce conflit ».

Oxfam appelle les pays riches à s’engager pour la réinstallation ou l’admission humanitaire à 5 % des réfugiés, quel que soit leur nombre, à la fin 2015. Chaque pays riche doit contribuer équitablement à cet effort, en fonction de la taille de son économie.

L’Allemagne et l’Australie sont, jusqu’à présent, les seuls pays riches à avoir proposé la réinstallation à un nombre de réfugiés correspondant à leur contribution équitable à l’effort international. Pratiquement tous les autres manquent à leur devoir.

Après trois ans et demi, la générosité des pays voisins, tels que le Liban et la Jordanie, atteint son point de rupture, et les réfugiés comme les communautés pauvres qui les accueillent en paient le prix.

Pour Andy Baker : « la réponse inappropriée de la communauté internationale au conflit syrien porte atteinte aux millions de personnes qui ont fui la torture, les massacres et les explosions, ainsi que celles et ceux qui se trouvent confrontés à un avenir terrifiant en Syrie. Toutes ces personnes sont abandonnées de la communauté internationale et vivent dans des conditions épouvantables, menant un combat de tous les jours pour survivre ».

Dans son rapport, Oxfam incite également les autorités de la région à veiller à ce que toute personne fuyant les violences puisse trouver un lieu sûr où se réfugier et, compte tenu du caractère durable de la crise, la possibilité de travailler et de subvenir aux besoins de sa famille.

Contact

Fanny Mantaux
fmantaux@oxfamfrance.org
01 77 35 76 00  / 06 51 15 54 38

Notes aux rédactions

  1. Le rapport peut être téléchargé dans son intégralité : http://oxfamfrance.org/sites/default/files/file_attachments/syrie_un_accord_plus_equitable_oxfam.pdf
  2. Oxfam a développé trois indicateurs clés pour déterminer le niveau d’engagement requis de chaque pays riche afin de contribuer équitablement à alléger les souffrances des personnes touchées par la crise en Syrie :

•          La contribution de chaque pays au financement des efforts humanitaires par rapport à son poids économique (selon le revenu national brut).

•          Le nombre de réfugiés syriens que chaque pays a aidé à mettre en sécurité par des offres de réinstallation ou d’autres formes de protection humanitaire, là encore par rapport la taille de son économie. Cela ne comprend pas le nombre de personnes auxquelles a été accordé le droit d’asile dans les pays limitrophes ou ailleurs, dans la mesure où les États ont des obligations particulières vis-à-vis des personnes qui arrivent sur leur territoire en demandant l’asile.

•          L’engagement de chaque pays à prendre des mesures concrètes pour mettre fin aux violations des droits humains et du droit international humanitaire, en cessant tout transfert d’armes et de munitions. En plus d’organiser de nouveaux pourparlers pour mettre fin à la crise (après l’échec à Genève cette année), l’arrêt des transferts d’armes serait pour les membres de la communauté internationale un moyen de manifester leur volonté de relancer le processus de paix

À ce jour, les pays non limitrophes de la Syrie se sont engagés à offrir refuge, dans le cadre de programmes de réinstallation et d’admission humanitaire, à 37 629 des quelque trois millions de réfugiés syriens enregistrés auprès du HCR.

L’ONU a lancé le plus important appel humanitaire de son histoire pour faire face à la crise en Syrie. D’autres organisations telles que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) ont lancé leurs propres appels de fonds, de même que les États jordanien et libanais. L’ensemble de ces appels s’élève à 7,7 milliards de dollars. Selon l’étude d’Oxfam, les contributions des donateurs n’atteignent que 43,6 % de cette somme.