La Valette : un fonds pour aider les populations d’Afrique, non pour contrer l’immigration

Réaction d’Oxfam aux conclusions du sommet de La Valette sur les questions de migration

La clé de voûte du sommet de La Valette, le fonds européen pour l’Afrique, risque de brouiller les distinctions entre une aide au développement destinée à sortir les populations de la pauvreté et des financements visant à renforcer le contrôle des Etats africains sur leurs frontières. Oxfam appelle l’Union européenne et ses Etats membres à donner des garanties claires que le fonds sera utilisé pour aider les populations vulnérables et non pas pour ériger de nouvelles barrières.

Pour Christian Reboul, Responsable de plaidoyer Financement du développement à Oxfam France : « Dans ce fonds européen pour l’Afrique, l’enveloppe destinée à l’aide au développement et celle destinée à la coopération en matière de sécurité doivent être dissociées. Ces deux politiques ont des objectifs très distincts, l’aide au développement n’est pas un instrument de gestion des flux migratoires ».

Oxfam met également en garde contre la conditionnalité de l’aide aux Etats africains. « Conditionner le versement de l’aide au développement à la mise en place de mesures coercitives anti-immigration équivaut pour les Etats européens à revenir sur l’objectif premier de cette aide : réduire la pauvreté » explique Christian Reboul. 

Les décideurs présents à La Valette ont affirmé que sauver des vies et respecter les droits humains étaient des priorités. Ils ont reconnu les bénéfices de la migration et de la mobilité. « Au-delà des déclarations officielles, seule la pratique des Etats montrera si l’UE priorise ses valeurs fondamentales – le respect des droits humains – plutôt que l’édification de nouvelles barrières à la mobilité. L’aide au développement sert à lutter contre la pauvreté et les inégalités, non à financer l’agenda anti-immigration des pays européens » déclare Christian Reboul.

Oxfam s’inquiète également de ce que ce fonds européen soit annoncé alors même que le budget général européen pour le développement subit des coupes sévères et que l’aide vers l’Afrique diminue. Le phénomène est le même en France. « La situation est paradoxale en France. Les déclarations se multiplient pour insister sur l’importance de l’aide au développement en pleine période d’examen du budget. Or, si les amendements proposés par les députés pour revaloriser des crédits via l’affectation du produit de la Taxe sur les transactions financières n’étaient pas acceptés par le gouvernement, nous aurions en 2016 une cinquième année consécutive de baisse des crédits d’aide au développement » s’inquiète Christian Reboul.

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