L’aide française en hausse en 2017 : un pas en avant, mais le chemin est encore long pour respecter les engagements internationaux !

Alors que l’OCDE a publié ce matin les chiffres de l’aide publique au développement (APD) pour l’année 2017 [1], Oxfam France salue l’augmentation de près de 15% de l’aide française qui retrouve une pente ascendante après des années de coupes successives : avec 0,43% de la richesse nationale allouée à l’aide internationale en 2017, contre 0,38% l’année précédente.

Mais si la France veut assumer un réel leadership de lutte contre la pauvreté et les inégalités mondiales, elle devra redoubler d’efforts afin d’atteindre l’objectif fixé par le Président Emmanuel Macron et désormais le gouvernement : consacrer 0,55% du revenu national brut (RNB) en 2022 à son aide publique au développement [1]. Pour y parvenir, le Gouvernement doit mettre l’actuelle taxe française sur les transactions financières totalement au service de la solidarité internationale et du climat – soit près de 800 millions d’euros supplémentaires – et augmenter le budget de l’aide internationale lors du prochain Projet de Loi de Finances [2].
Cet objectif ne devra qu’être une étape : la France est encore loin de l’engagement international pris en 1970 d’allouer 0,7% de son RNB à l’aide internationale, à l’image du Royaume-Uni ou encore du Danemark qui ont déjà atteint cette cible.
Selon Michael Siegel, porte-parole d’Oxfam France sur l’aide au développement :
« L’aide publique au développement a contribué à diviser par deux l’extrême pauvreté au cours des 20 dernières années [3] : l’augmentation de plus d’un milliard d’euros de l’aide française au développement est donc une bonne nouvelle [4]. Mais la France ne doit pas relâcher les efforts. Pour concrétiser sa promesse, le Gouvernement devra augmenter son aide de 6 milliards d’euros d’ici 2022. Les moyens ne manquent pas : le Président et les parlementaires devront dès le prochain budget consacrer 100% des revenus de la taxe sur les transactions financières à la solidarité internationale et à la lutte contre le changement climatique ».
Les chiffres optimistes de l’OCDE sur l’aide française sont à prendre avec précaution. Une part importante de cette hausse est due à l’accroissement des prêts comme instrument de l’aide au développement de la France, au détriment des dons. Aujourd’hui, près de la moitié de l’aide bilatérale française est accordée sous forme de prêts, contre un quart seulement en moyenne dans les pays de l’OCDE. Une telle priorité a pour conséquence de cibler l’aide française vers les secteurs productifs dans les pays à revenus intermédiaires au détriment des services sociaux de base (santé, éducation) dans les pays les plus pauvres. Les chiffres de l’OCDE sont d’ailleurs sans appel : alors qu’un quart de l’aide française était alloué aux pays les plus pauvres en 2015, seulement un cinquième de l’aide française atteignait ces pays en 2016.

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Caroline Prak
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Twitter : @carolineprak

Notes aux rédactions

[1] Relevé de conclusions de la réunion du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement le 8 février 2018, qui acte la trajectoire budgétaire de l’aide au développement pour le quinquennat :
[2] En 2017, la taxe française sur les transactions financières a rapporté 1,6 milliards d’euros dont 822 millions d’euros ont été alloués à la solidarité internationale et le climat, soit l’équivalent de la moitié des revenus de cette taxe : https://www.performance-publique.budget.gouv.fr/sites/performance_publique/files/farandole/ressources/2018/pap/pdf/DPT/DPT2018_politique_developpement.pdf
[3] L’aide a contribué au développement de nombreux pays et a permis à certaines des populations les plus pauvres d’accéder aux services les plus essentiels. Elle a par exemple permis de faire reculer d’un tiers le nombre de décès liés aux grandes pandémies en seulement 15 ans selon les chiffres du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme : https://www.theglobalfund.org/fr/impact/ Grâce aux derniers engagements du Partenariat mondial pour l’éducation, ce sont près de 870 millions d’enfants et de jeunes dans 89 pays qui pourront aller à l’école et recevoir un enseignement de meilleure qualité : https://www.globalpartnership.org/fr/news-and-media/news/soutien-mondial-sans-precedent-pour-partenariat-mondial-pour-education-et-repondre-crise-mondiale-apprentissage
[4] Taux de change le 9 avril 2018 : 1 EUR = 1.22755 USD