L’aide publique au développement en net recul, en France et dans le monde

C'est désormais officiel, avec la publication des chiffres 2011 de l'OCDE, l'aide publique au développement mondiale recule. Elle passe de 0,32% en 2010 à 0,31% en 2011, soit une baisse en volume de 3,4 milliards de dollars. C'est la première baisse réelle depuis 1997 [[C'est la première baisse en volume de l'APD des membres du Comité de l'aide au développement de l'OCDE depuis 1997, si l'on excepte les baisses de 2006 et 2007 dues aux exceptionnelles annulations de dette de l'Irak et du Nigeria survenues en 2005.]]. Ces chiffres montrent que la communauté internationale rompt avec ses engagements internationaux en matière de solidarité internationale.

Pour Sébastien Fourmy, d'Oxfam France :
_ « Alors que l'échéance des objectifs du Millénaire pour le développement approche, ce recul se fait sur le dos des populations les plus pauvres. Oxfam France a calculé qu'au rythme auquel a augmenté l'APD globale entre 1997 et 2011, es 0,7% seront atteints dans 50 ans« 

La tendance à la baisse est encore plus forte du côté de la France dont l'APD est en net recul en 2011 : de 0,5% du RNB en 2010, elle a chuté à 0,46% en 2011. L'APD française passe ainsi de 12 915 à 12 195 millions de dollars, soit une baisse de 5,6% en un an. La France confirme ainsi sa descente du podium des principaux bailleurs de fonds internationaux, derrière les Etats-Unis, l'Allemagne et le Royaume Uni. Elle était pourtant le deuxième bailleur en volume en 2009, derrière les Etats-Unis.

Cette baisse, désormais officielle, confirme les éléments budgétaires de la Cour des Comptes obtenus par Oxfam France et révélés ce lundi par l'association qui dénonce un mensonge d'état. Les rojections budgétaire sur les prochaines années montrent une stabilisation de l'APD autour de son niveau actuel, dix milliard d'euros, soit 0,41% en 2015, très loin des 0,7%. Bien qu'il demeure l'objectif politique revendiqué par le gouvernement [[[Novembre 2008 – Discours du Président Nicolas Sarkozy à la Conférence des Nations-Unies sur le financement du développement à Doha->http://www.elysee.fr/president/les-actualites/discours/2008/discours-a-la-conference-des-nations-unies-sur-le.5225.html?search=0%2C7&xtmc=0_7&xcr=8 ] : « L'Europe sera au rendez-vous du 0,7 % en 2015. C'est un choix politique majeur, c'est un choix politique unanime et je demande aux pays qui sont ici et qui ne participent pas au continent européen de considérer qu'avec les difficultés sociales, économiques, financières, politiques qui sont les nôtres, ce choix est un choix fondateur ».]], les 0,7% sont en l'état impossible à atteindre d'ici à 2015, date butoir de l'engagement français.

« A ce stade, et en gardant la même politique budgétaire de coopération, la France n'a pour tenir ses engagements sur les 0,7% que deux options : pouvoir compter sur des annulations de dettes massives dans les prochaines années… ou bien espérer un effondrement du RNB« , ajoute Sébastien Fourmy.

Les chiffres des prochaines années seront en effet d'autant plus difficiles à augmenter que les remboursements attendus des prêts, accordés de manière exponentiels ces dernières années, viendront fortement grever les chiffres nets de l'APD. Une politique de courte-vue qui a permis de faire gonfler l'APD ces dernières années, pour briller un peu semble-t-il en tant que pays hôte des G8 et G20. Cette politique du chiffre à tout prix va rapidement se traduire négativement dans les budgets d'APD, sans qu'aucun véritable effort budgétaire ne soit mis en face pour y remédier.

Inversement, les dons bilatéraux de la France, pourtant essentiels pour soutenir les services des base ou l'agriculture, restent symboliques : avec au total 170 millions d'euros, la France ne se donne pas les moyens de soutenir efficacement les politiques de développement des quatorze pays pauvres sensés être prioritaires pour sa coopération.

« Peu transparente et, au final, peu centrée sur les besoins réels des pays les plus pauvres, la coopération française a besoin d'un véritable électrochoc. Un véritable effort budgétaire, sans les artifices habituels des annulations de dettes, frais de scolarité des étudiants étrangers et coûts des réfugiés, et une aide plus efficace, ciblée sur les pays les plus en retard sur les objectifs du Millénaires pour le développement (OMD) ».

La France a les moyens de rattraper son retard par rapport aux nombreux pays qui atteignent déjà les 0,7% (Pays-Bas, Norvège, Danemark, Suède, Luxembourg). Pour Oxfam France, la France doit se doter d'un véritable outil de programmation budgétaire pour l'APD, sans quoi ses promesses ne valent rien. L'aide publique au développement constitue un soutien vital pour de nombreux pays pauvres, dans la perspective d'atteindre les OMD. Elle ne doit pas être sacrifiée pour des économies budgétaires symboliques.

Contact presse

Magali Rubino : [mrubino@oxfamfrance.org->mailto:mrubino@oxfamfrance.org] / 06 30 46 66 04

Aller plus loin

[Voir tout le travail d'Oxfam France sur l'Aide publique au développement->/-Aide-publique-au-developpement-]
[Lire également le dossier de Coordination Sud sur les engagements des candidats à l'élection présidentielle en matière d'aide au développement et de coopération->http://www.coordinationsud.org/actualite/politique-de-cooperation-quels-engagements-des-candidats/]

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