Aujourd’hui, le Conseil européen a approuvé le prochain budget pluriannuel de l’Union européenne (cadre financier pluriannuel, CFP) et un fonds de relance pour aider les pays à surmonter les effets de la crise du coronavirus. Les dirigeants de l’UE ont réduit de 4 milliards d’euros le montant prévu dans le budget pour la coopération au développement, alors que l’aide au développement est totalement absente du fonds de relance. Démarche positive néanmoins, les chefs d’État et de gouvernement ont accepté d’introduire de nouvelles taxes pour financer la relance.

Marissa Ryan, chef du bureau européen d’Oxfam, a déclaré:

« Le fonds de relance et le budget pluriannuel de l’UE ne correspondent pas à l’urgence de notre situation actuelle et aux défis à venir. Les inégalités au sein et au-delà de l’UE se creusent, et le plan de relance manque d’ambition pour faire face à l’impact socio-économique de la pandémie et de la crise alimentaire imminente ».

« Les coupes dans le budget de l’aide au développement auront un réel coût humain. La pandémie pousse déjà des millions de personnes au bord de la famine et augmente l’extrême pauvreté. Pendant ce temps, dans les pays en développement, les systèmes de santé sont mal équipés pour réagir ».

« La double crise du COVID-19 et de l’urgence climatique démontrent l’importance cruciale de l’aide internationale pour sauver des vies et construire des sociétés plus écologiques, plus justes et plus résilientes. Malgré le résultat décevant des négociations du sommet européen, l’UE doit agir rapidement pour s’attaquer à la crise alimentaire et soutenir les systèmes de santé ».

« Nous nous félicitons de l’inclusion d’une taxe numérique, de taxes environnementales et, éventuellement, d’une taxe sur les transactions financières européenne pour financer la relance. Ces taxes devraient être introduites sans délai afin de renforcer les fonds destinés aux services essentiels tels que les soins de santé. »

« Cependant, le fait que le Conseil n’a pas inclus une taxe sur les grandes multinationales est une occasion manquée d’introduire une taxation efficace qui fonctionne pour les citoyens ordinaires. Pour une reprise économique juste et équitable de la crise liée au COVID-19, il est essentiel que les entreprises sous-taxées de longue date soient tenues d’apporter leur part. »

Notes aux rédactions :

  • Le Conseil a approuvé la proposition de la Commission de financer le fonds de redressement par des emprunts sur les marchés des capitaux et de mettre des ressources à la disposition des États membres par le biais de subventions et de prêts. Les États membres ont également accepté de rembourser les emprunts sur le marché des capitaux par de nouvelles ressources propres de l’UE, en particulier une taxe sur les déchets plastiques non recyclés, un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières et une taxe numérique. Ils laissent également la porte ouverte à de nouvelles ressources propres telles qu’une taxe sur les transactions financières au niveau européen. Ils n’incluaient pas pour le moment une taxe sur les opérations des grandes entreprises, proposée par la Commission européenne.
  • Le budget de l’UE pour l’action extérieure est résumé sous la rubrique 6 – « Voisinage et monde ». Le Conseil a proposé de dépenser 98,4 milliards d’euros au titre de cette ligne budgétaire, soit une réduction d’environ 4 milliards d’euros par rapport à la proposition précédente. Les fonds pour l’aide au développement prévus dans les versions précédentes du fonds de relance ont été complètement supprimés.
  • Un récent rapport d’Oxfam, « Virus de la faim: comment le coronavirus alimente la faim dans le monde », a identifié dix points chauds de la faim où la crise alimentaire est la plus grave et s’aggrave en raison de la pandémie. Le fonds de relance et le CFP sont l’occasion pour l’UE d’initier un changement durable du système alimentaire.