En pleine campagne présidentielle, alors que le thème de la justice fiscale et des inégalités devrait être au cœur des programmes des candidats, le cabinet d’audit et conseil américain McKinsey vient d’être accusé d’optimisation fiscale dans le cadre d’un rapport de la commission d’enquête sénatoriale. Un scandale de plus que nous dénonçons avec force.

 Selon les rapporteurs de la commission du Sénat, le cabinet n’a pas versé le moindre centimes d’impôts sur les sociétés entre 2011 et 2020, et ce alors même que le chiffre d’affaires français du cabinet était de 329 millions d’euros en 2020, dont 5 % dans le secteur public.

Pour Quentin Parrinello, Responsable Plaidoyer sur les questions de Justice fiscale et inégalités à Oxfam France: « Il est absolument insupportable de voir qu’un cabinet de conseils qui a reçu des milliards d’euros pour des missions qui ont abimé l’Etat Français en élaborant des réformes qui ont et vont fragiliser les plus précaires ait en plus échapper à l’impôt depuis 10 ans. L’évasion fiscale perpétrée de manière systémique par McKinsey prive l’Etat de sommes gigantesques qui pourraient être affectées aux services publics et au bien commun. »

Le gouvernement Français a dépensé 2,4 milliards d’euros de dépenses en cabinet de conseil de conseil depuis 2018 selon le rapport du Sénat.

Pour Quentin Parrinello : « La réforme de la fiscalité des multinationales voulue par l’OCDE et dont s’était pourtant félicité Bruno Lemaire en juin 2021 n’aurait pas empêché McKinsey de payer aussi peu d’impôts. Preuve qu’il faut aller plus loin. »

 Oxfam défend plusieurs mesures pour lutter contre les paradis fiscaux

Les paradis fiscaux participent à l’aggravation des inégalités en favorisant l’évasion fiscale grandes entreprises et aux grandes fortunes. Lorsque ces derniers ne payent pas leur juste part d’impôt cela prive les Etats de ressources essentielles pour financer les services publics.

Mettre en place une taxation unitaire des profits des multinationales pour taxer les entreprises là où elles ont une activité économique réelle.

Mettre en place un taux d’imposition minimum effectif des multinationales ambitieux. Le taux de 15% retenu au niveau mondial est trop bas et assorti de trop d’exonérations pour mettre réellement un frein à la concurrence fiscale.

Mettre fin au secret fiscal des entreprises en veillant à ce que toutes les multinationales publient des rapports financiers publics pour chaque pays où elles exercent leurs activités.

Etablir une vraie liste noire des paradis fiscaux. Cette liste doit être fondée sur des critères objectifs et crédibles, et les pays qui y figurent doivent être sanctionnés. Les gouvernements, européens notamment, doivent faire preuve de courage politique en agissant avec fermeté contre les paradis fiscaux situés à l’intérieur de l’Union européenne (le Luxembourg, l’Irlande, les Pays-Bas, Malte et Chypre).

Contacts presse :

Stanislas Hannoun

07 69 17 49 63

shannoun@oxfamfrance.org

Notes aux rédactions

McKinsey utilise un mécanisme d’optimisation fiscale prisé de bien des multinationales : la déclaration des « prix de transfert » de ses entités en France à la société mère basée au Delaware, un paradis fiscal. Le cabinet fait en sorte que de nombreuses dépenses comme les frais d’administration générale ou la mise à disposition de personnels apparaissent comme des charges dans les comptes de la société et lui permettent de réduire ses impôts sur les sociétés jusqu’à zéro.

Retrouvez les recommandations de Oxfam sur la lutte contre les paradis fiscaux.

Oxfam a publié un manifeste fiscal sur lesquels doivent s’engager les candidats à l’élection présidentielle. L’évasion fiscale y occupe une place importante