Le commerce des munitions : un marché de 4 milliards de dollars non régulé

Exclure les munitions du futur traité sur le commerce des armes, négocié à New York en juillet 2012, serait « totalement irrationnel ».

Selon une note publiée aujourd’hui par Oxfam, les transactions de munitions dans le monde s’élèvent à plus de 4 milliards de dollars et augmentent plus rapidement que le commerce des armes à feu. Pourtant, il n’existe pratiquement pas de régulation pour suivre le parcours de ces munitions.

Cette note, intitulée « river les guerres de leurs munition« , est publiée en amont des négociations de cet été pour l’adoption d’un traité sur le commerce des armes, lors de laquelle une conférence diplomatique forgera un accord afin de réguler le commerce des armes et des munitions.

Certains pays, dont les Etats-Unis, la Syrie et l’Egypte ont récemment fait entendre leur opposition à l’inclusion des munitions dans la version finale du texte. Ces munitions ont pourtant un impact dévastateur sur les vies de certaines des populations les plus pauvres au monde, particulièrement dans des pays en conflit ou dont l’Etat est fragile, comme en Afghanistan et en Somalie.

Selon Anna MacDonald, responsable d’Oxfam pour le contrôle des armes, « Ce sont les balles qui font des armes à feu des engins meurtriers. Il est absolument essentiel que la vente de munitions soit incluse dans le traité et soit beaucoup mieux régulée. Il serait totalement irrationnel d’exclure cette question du texte. Le commerce des munitions est lucratif. Mais si leur coût de production est bas, le prix payé en vies humaines est incalculable« .

La note d’Oxfam révèle que du fait de la faible régulation des transactions de munitions, il est impossible de chiffrer précisément le nombre global de munitions produites et qui font l’objet de transactions internationales chaque année. Il est néanmoins estimé qu’environ 12 milliards de projectiles d’armes à feu sont produits par an – assez pour tuer deux fois chaque homme, femme et enfant sur la planète.

Les transactions de munitions pour armes légères s’élèvent à 4,3 milliards de dollars par an, contre 2,68 milliards pour les transactions d’armes à feu et armes légères Source : [Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) National Reports Databas]].

Oxfam rappelle que seule une minorité de pays publient des rapports sur leurs exportations de munitions, et les organisations intergouvernementales n’exercent pratiquement aucune surveillance sur ces transactions. De plus, les données sur les munitions ne sont souvent pas listées séparément et sont ajoutées aux données sur les exportations générales d’armes, ce qui rend difficile le suivi de la destination des munitions.

Parmi les 34 pays qui ont publiquement signalé leurs exportations d’armes depuis 2006, 28 – dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni Pays publiant des rapports d’exportations d’armes : Afrique du Sud, Albanie, Allemagne, Autriche, Biélorussie, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Canada, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Etats-Unis, Finlande, France, Hongrie, Irlande, Italie, Macédoine, Montenegro, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Ukraine.
_ Pays publiant des rapports d’exportations d’armes comprenant une rubrique pour les munitions : Albanie, Allemagne, Autriche, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Canada, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Etats-Unis, Finlande, France, Hongrie, Italie, Macédoine, Montenegro, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède.
] – ont publié des rapports dans lesquelles les exportations de munitions sont catégorisées en tant que telles. Mais étant donné l’ampleur de ces transactions, il est urgent d’adopter un texte international qui engagera un processus transparent de suivi des transactions.

Anna MacDonald a ajouté : « Il n’existe ni contrôle global sur les flux de munitions, ni système de suivi international afin de savoir où finissent les milliards de balles produites. Cela doit changer« .

Selon la note publiée par Oxfam, beaucoup de munitions finissent dans les mains de groupes armés, et prolongent souvent ainsi des conflits tout en augmentant les chances que des violations des droits humains aient lieu.

Contact presse

Pierre Motin – [pmotin@oxfamfrance.org->mailto:pmotin@oxfamfrance.org] – 06 12 12 63 94 / 01 77 35 76 10

Notes aux rédactions

[Télécharger la note d’Oxfam sur les munitions->/IMG/pdf/note_arreter_balle_arreter_guerre.pdf]:
– En savoir plus sur la campagne [Donnez de la voix->Armes-un-commerce-meurtrier,1306] qui réclame un Traité sur le commerce des armes qui sauve réellement des vies.

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