Le danger pèsera sur les Afghanes tant que les hommes représenteront 99% des forces de police nationale

Selon un rapport publié aujourd’hui par Oxfam, les effectifs féminins de la police afghane doivent augmenter au plus vite si l’on veut réduire les violences faites aux femmes et assurer la sécurité de tous les Afghans – hommes et femmes.

Dans son rapport « Les femmes et la police afghane – Pourquoi un service de police qui respecte et protège les femmes est essentiel pour promouvoir le progrès en Afghanistan », l’organisation internationale affirme que malgré les efforts financiers et les campagnes de recrutement, les femmes continuent de représenter moins de 1% des forces de police nationale. Douze ans après la chute des talibans, les violences faites aux femmes se multiplient et l’Afghanistan demeure l’un des pays les plus dangereux au monde pour les femmes, surtout quand elles sont agents de police.

« Les Afghanes ont besoin de femmes dans les services de police pour les protéger. La violence à l’égard des femmes est endémique dans le pays, mais en l’absence d’agents de police féminins, les Afghanes répugnent à porter plainte et restent cruellement privées de justice », explique Elizabeth Cameron, porte-parole d'Oxfam.

Dans la perspective du transfert de responsabilité aux forces de sécurité afghanes, il faut mettre les bouchées doubles pour garantir que les Afghanes peuvent accéder aux forces de sécurité et ont les moyens d’en faire partie intégrante.

Rien qu’entre 2011 et 2012, les plaintes pour violences faites aux femmes ont augmenté de 25% dans le pays. Il n’en demeure pas moins qu’avec une seule agente de police pour 10 000 habitantes, des millions d’Afghanes ne verront jamais de femme en uniforme dans leur quartier et seront encore moins en mesure de s’adresser à une femme pour porter plainte au poste de police. Dans deux provinces, le Panshir et le Nouristan, les forces de police ne comportent absolument aucune femme.

Les femmes qui intègrent la police afghane courent des risques considérables et sont confrontées à d’énormes difficultés tant au sein des services de police qu’à l’extérieur. Elles se heurtent à l’opposition et aux menaces de leurs propres familles et communautés, qui considèrent que ce n’est pas un emploi convenable pour une femme, et ce avec des conséquences parfois funestes.

Dans les services de police, les femmes font en outre l’objet de harcèlement et d’agressions sexuelles de la part de leurs collègues et supérieurs masculins ; des demandes de faveurs sexuelles en échange d’une promotion ont été rapportées dans plusieurs provinces. Leurs perspectives de carrière sont limitées. Elles ont rarement la possibilité de travailler auprès des victimes d’actes criminels et d’abus sexuels, alors que c’est là que leur apport pourrait le plus compter.

Selon le rapport, les femmes agents de police sont par ailleurs souvent sous-équipées ; il arrive qu’elles n’aient même pas d’uniforme.

« Les femmes qui travaillent dans les services de police afghane risquent leur vie pour servir leur communauté. Victimes des préjugés et de l’ignorance, elle sont harcelées et assassinées. Il faut multiplier les mesures de sensibilisation afin qu’on les respecte et que l’on reconnaisse le rôle essentiel qu’elles jouent pour assurer la sécurité de tous les Afghans », plaide Elizabeth Cameron.

Oxfam appelle la communauté internationale et le Gouvernement afghan à redoubler d’efforts pour recruter, former et conserver des effectifs de police féminins. Renforcer la sécurité et le rôle des femmes agents de police doit constituer une priorité dans la réforme en cours de la Police nationale afghane.

« À l’approche de 2014, le temps presse pour l’Afghanistan. Faute d’un renforcement de l’État de droit et du rôle de la police afghane, les avancées des droits des femmes accomplies au fil des ans risquent d’être gravement compromises. Les femmes agents de police ont mieux à faire qu’à préparer le thé. Des effectifs de police féminins, en mesure de travailler efficacement dans un environnement sûr, constituent un facteur essentiel de progrès durable », insiste Elizabeth Cameron.

Notes aux rédactions :

Le rapport est disponible en anglais c et son résumé en français c

Des photos sont disponibles.

Contacts presse :

– à Kaboul : Roslyn Boatman +93 (0) 796 738 402 / roslyn.boatman@oxfamnovib.nl

– à Paris : Magali Rubino +33 6 30 46 66 04 / mrubino@oxfamfrance.org

Contact

Notes aux rédactions