Le G20 hors sujet sur le développement

Pour Oxfam, contrairement à ce qui était affiché en amont du sommet de Los Cabos, au Mexique, les grandes puissances économiques du G20 n’ont pas apporté l’attention nécessaire pour faire face aux défis du développement et en particulier de la sécurité alimentaire.

Les chefs d’Etats, trop absorbés par leurs désaccords sur la meilleure manière de promouvoir la croissance économique mondiale et de résoudre la crise de la zone Euro, semblent avoir totalement perdu de vue la situation des populations les plus pauvres, notamment confrontées à des baisses de l’aide au développement, aux conséquences du changement climatique et l’augmentation des prix des denrées alimentaires.

Selon Luc Lampriere, directeur d’Oxfam France présent à Los Cabos : « C’est un résultat extrêmement décevant pour les pays en développement. Les débats sur la croissance et l’austérité en Europe n’auraient pas dû faire passer à la trappe les besoins des populations les plus pauvres. La moitié des personnes vivant avec moins de 1,25 dollars par jour résident dans les pays du G20, cet échec collectif des leaders du G20 est révoltant. »

Sécurité alimentaire

La sécurité alimentaire devait être une priorité de ce sommet, mais le G20 n’est pas parvenu à adopter le plan nécessaire pour répondre aux besoins du milliard de personnes qui souffre de la faim chaque jour, et ce malgré la crise sévère qui touche 18 millions de personnes au Sahel.

Oxfam rappelle qu’au Sahel, contrairement à ce qui se passe habituellement, les prix des céréales n’ont pas baissé après les récoltes 2011. Les prix pourraient encore augmenter de 25 à 30% cet été. Les hausses sont de 30 à 40% au Niger et au Tchad, de 50 à 60% au Burkina Faso et de 90% dans certaines régions du Mali.

Les pays du G20 doivent accélérer les processus en cours pour réguler plus efficacement la spéculation sur les marchés de produits dérivés de matières premières. Ils doivent surtout se préoccuper de l’ensemble de la cause de la volatilité des prix alimentaires. Les politiques de soutien aux agrocarburants qui constitue l’une des principales causes de la hausse des prix alimentaire et de leur volatilité ont été mis de côté lors de ce sommet, contrairement aux recommandations des organisations internationales (Banque mondiale, FMI, FAO…). Le communiqué ne mentionne pas non plus le rôle central des petits agriculteurs dans l’augmentation nécessaire de la production agricole et la sécurité alimentaire.

« Après un 8 extrêmement décevant sur les questions agricole, le G20 se devait de poursuivre le travail entamé en 2011 sur les enjeux alimentaires mondiaux. Malheureusement, la question des agrocarburants a été purement et simplement ignorée, celle des accaparements de terre n’est pas suffisamment prise au sérieux, et la lutte contre la spéculation sur les marchés alimentaires demeure trop limitée. La sécurité alimentaire mondiale est-elle encore une priorité pour la communauté internationale ? », s’interroge Luc Lamprière.

Taxe sur les transactions financières

Les dirigeants du G20 n’ont collectivement manifesté aucun intérêt pour assurer le financement de la lutte contre la pauvreté et l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement, en dépit des solutions à leur disposition (taxation du transport maritime, taxe sur les transactions financières…).

Seule la France a porté l’enjeu de la taxe sur les transactions financières, sans résultat dans le communiqué final. François Hollande a déclaré que la taxe européenne sur les transactions financières verrait le jour dès 2013 par le lancement d’une coopération renforcée européenne.

« François Hollande ne doit pas renvoyer la question de l’affectation des recettes d’une taxe aux négociations européennes. Lors du sommet de Rio+20 cette semaine, lors de son premier discours face aux Nations unies, le Président français doit indiquer que les revenus de la TTF française générés dès cet été profiteront au développement et à la lutte contre le changement climatique« , ajoute Luc Lamprière.

Aide publique au développement

Malgré les fortes baisses des volumes de l’aide au développement des principaux pays donateurs, les engagements à tenir les objectifs en la matière ont été ostensiblement évacués du communiqué du G20.

Fiscalité

Point positif en revanche sur les questions de fiscalité à Los Cabos avec des engagements nouveaux et notamment un encouragement de tous les pays, y compris les paradis fiscaux, à adopter une convention multilatérale qui les oblige à partager des informations fiscales. Cela pourrait colmater les fuites de centaines de millions de dollars perdus chaque année pour les pays pauvres dans des paradis fiscaux. Mais le test décisif de la réalité de cet engagement sera la détermination des pays eux-mêmes à mettre en place ce que suppose l’application d’un tel plan.

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