Le G8 tiendra-t-il ses promesses avant de disparaître ?

La question de l’utilité des sommets du G8 se pose un peu plus chaque année. Club de pays riches aux positions divergentes faces aux crises actuelles (financière, économique, climatique, agricole…) et incapables de tenir leurs promesses, notamment en matière d’aide au développement, la forme et les missions du G8 doivent être revues de fond en comble.

Le sommet de cette année sera en ce sens une première car la « réunion G8 » à proprement parler ne durera en effet qu’une journée. De nombreux autres pays, y compris africains, participeront aux deux journées suivantes.

« Le temps où seuls huit pays prenaient des décisions pour l’ensemble de la planète est révolu. Les pays émergents et en développement se contentaient jusqu’à présent d’une simple invitation à déjeuner, mais ce faux-semblant n’a que trop duré. Le G8 doit laisser la place à un groupe élargi à l’ensemble des continents » affirme Sébastien Fourmy d’Oxfam France.

Mais avant de se transformer définitivement en G13, G14 ou G20, le G8 doit tenir ses engagements pris devant la communauté internationale.

Au sommet de Gleneagles, en 2005, le G8 s’était engagé à augmenter de 50 milliards de dollars l'aide publique au développement d'ici à 2010, dont la moitié consacrée à l’Afrique, soit 25 milliards. Il est aujourd’hui très loin de tenir cette promesse, et l'Italie, pays hôte du sommet cette année, est le pays le plus en retard. L'OCDE a calculé que sur ces 50 milliards de dollars supplémentaires promis, 23 milliards de dollars allaient manquer.

Les pays du G8 doivent présenter un plan d’urgence pour combler leur retard sur les promesses de Gleneagles. Selon les calculs d’Oxfam international, les 23 milliards de dollars manquant pourraient financer 500 000 traitements HIV, des soins aux mères et leurs nouveau-nés qui permettraient de sauver 2,5 millions vies ainsi que des soins de santé infantile qui sauverait 600 000 enfants supplémentaires.

Pour lutter plus efficacement contre les conséquences de la crise dans les pays les plus pauvres et le retard pris pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), des financements innovants doivent être développés. Oxfam France demande à Nicolas Sarkozy de faire adopter lors de ce sommet la mise en place d’une taxe sur les transactions financières.

« Une simple taxe sur les transactions de change à un taux extrêmement réduit de 0,005% pourrait générer entre 30 et 60 milliards de dollars par an pour le développement des pays pauvres. Cette initiative doit être portée dès à présent au plus niveau international par le Président de la République » ajoute Sébastien Fourmy.

Oxfam France suivra également avec attention les décisions prises par le G8 pour lutter contre la crise alimentaire et le changement climatique.

Un septième de la population mondiale ne mange pas à sa faim. A chaque nouvelle évaluation, le nombre de personnes souffrant de la faim augmente dramatiquement : il y a quelques semaines, le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde dépassait officiellement un milliard. Les pays du G8 doivent débourser les sommes promises pour délivrer de l'aide d'urgence et investir durablement dans les petites agricultures. Ils doivent également remettre à plat leurs propres politiques commerciale et agricole qui sapent les agricultures au Sud.

L’absence de position commune des pays du G8 est aujourd’hui le principal obstacle à un accord ambitieux pour la Conférence de Copenhague sur le climat, en décembre prochain.

A eux seuls, les huit pays les plus industrialisés (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) totalisent 13% de la population mondiale et 40% des émissions de gaz à effet de serre. En tant que principaux pays pollueurs, les pays du G8 ont le devoir de s’entendre immédiatement pour lutter conter le changement climatique.

Le G8 doit annoncer une réduction d’au moins 40% de ses émissions par rapport aux niveaux de 1990 d’ici à 2020. Oxfam France estime qu’au moins 50 milliards de dollars sont nécessaires chaque année pour permettre aux pays pauvres de s’adapter aux conséquences déjà dramatiques du changement climatique.

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