Le typhon Hagupit doit faire trembler les murs de la Conférence climatique de Lima

Lima, Pérou – Pour Oxfam, la dévastation causée par le typhon Hagupit doit mettre un terme au climat ambiant d’autosatisfaction qui s’est emparé de cette première semaine de négociations climatiques à Lima.

Alors que les dirigeant-e-s du monde entier travaillent sur un accord pour  lutter contre le changement climatique, pour la troisième fois en quatre ans, un typhon majeur ravage une partie des Philippines. Dans un rapport publié en novembre dernier, Oxfam montre que l'Asie est un continent très exposé à des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents et malheureusement insuffisamment préparé pour gérer ces crises croissantes. Le rapport souligne que ces phénomènes climatiques extrêmes  pourraient clairement retarder les efforts de développement et de lutte contre la pauvreté dans la région. En 2013, 78 % des victimes de catastrophes naturelles vivaient en Asie, alors que seulement 43% des catastrophes survenues dans le monde ont eu lieu dans la région. Au cours des vingt dernières années, l’Asie a assumé près de la moitié du coût économique mondial de l’ensemble des catastrophes naturelles, soit près de 53 milliards de dollars par an.

« Mon pays est sous l'eau, les fermes ont été rasées, les maisons détruites, les familles séparées»,a déclaré, Maria Dolores Bernabe, chargée des questions climatiques pour Oxfam aux Philippines et présente à Lima pour les négociations.

« Personne ne devrait avoir à vivre sous la menace constante, année après année,  d’une destruction. Les négociateurs ont aujourd’hui une chance d’écrire l'histoire en défendant ceux qui ont déjà trop perdu et les millions d'autres qui vont vivre le même sort si nous n’agissons pas maintenant », explique Romain Benicchio porte parole d’Oxfam France à Lima.

« Il n'y a pas d’exemple plus marquant que le typhon Hagupit pour rappeler la nécessité de réduire les émissions et de préparer les communautés les plus vulnérables aux phénomènes météorologiques extrêmes provoqués par le changement climatique»,déclare Romain Benicchio. « Lima doit donner un nouvel élan aux négociations. Il est temps pour les négociateurs de passer à l’action et d’empêcher le débat de s’enliser ».

«Les négociateurs doivent s’accorder sur un certain nombre d’éléments pour impulser un accord de long terme à Paris en 2015, et l’adaptation doit être au cœur de cet accord. Il est crucial que les négociateurs ici à Lima mettent en place une feuille de route montrant la manière dont les pays vont arriver à répondre à leur promesse de 100 milliards de dollars d’aide annuelle d’ici à 2020 ».

Contact

Sarah Roussel : +33 (0)1 77 35 76 10 / +33 (0)6 51 15 54 38 / sroussel@oxfamfrance.org

Notes aux rédactions

Retour sur la première semaine de COP

  • Revenez en deuxième semaine :
    La première semaine de la Cop20 a passé énormément de temps sur les questions de processus et les négociateurs ont essentiellement rappelé des positions bien connues. Ces échanges doivent néanmoins permettre aux présidents des différents groupes de négociations de proposer de nouveaux textes, qui seront  discutés en deuxième semaine. L’arrivée des délégations Ministérielles mardi prochain doit également permettre de donner un coup de fouet aux échanges.
  • Le coût de l’inaction :
    Les Nations Unies, par le biais du PNUE, ont publié cette semaine de nouvelles estimations sur le déficit de financement pour l'adaptation au changement climatique. Le rapport montre que les estimations existantes des besoins de financement pour l'adaptation (entre 70 et 100 milliards de dollars par an) sont largement sous-estimées et pourraient être jusqu'à cinq fois plus élevées.
    La réaction de Romain Benicchio, porte-parole d'Oxfam France à Lima : « Ce rapport apporte la preuve irréfutable de l'écart béant qui existe entre les efforts actuels des gouvernements pour protéger les communautés les plus vulnérables de  la dangereuse réalité du changement climatique. Le rapport ne laisse planer aucun doute : la question de l’adaptation doit être au cœur d'un accord sur le long terme développé ici à Lima. Les pays développés doivent d’urgence augmenter leur soutien aux pays en développement pour les aider à se préparer ».
  • Des financements climat pour les énergies fossiles ?
    Cette semaine, il est apparu que le Japon avait classifié au titre de ces financements précoces sur le climat (période 2010-2012), des fonds publics ayant financé une centrale à charbon en Indonésie. Cet exemple démontre le besoin de meilleures règles dans la comptabilisation et la transparence des financements climat. La réaction de Romain Benicchio, porte-parole d'Oxfam France à Lima : « les financements climat sont essentiels pour protéger les plus pauvres des impacts du changement climatiques. Mais ces financements ne peuvent fonctionner que si des règles claires et transparentes sont mises en place pour exclure certains secteurs d’activités comme le charbon et les autres énergies fossiles ».

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