A deux jours du Climate Finance Day qui réunira les grands acteurs de la finance internationale à Paris, Oxfam France publie un nouveau rapport intitulé « Banques : des engagements climat à prendre au 4ème degré » dans lequel sont analysées la température et les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement et d’investissement des six principales banques françaises.

Le rapport révèle que les banques françaises n’ont pas pris de mesures suffisantes pour respecter l’objectif de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, inscrit dans l’Accord de Paris, et nous amènent au contraire sur une trajectoire de plus de 4 degrés.

Les 6 banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, Banque Populaire Caisse d’Epargne, Crédit Mutuel et la Banque Postale – ont une empreinte carbone qui représente près de 8 fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière (1). Et à elles seules, BNP Paribas et Société Générale émettent chacune 2 fois plus que l’ensemble du territoire français.

« Des chiffres qui font clairement froid dans le dos, en même temps qu’ils font exploser le thermomètre, regrette Alexandre Poidatz, chargé de plaidoyer Finance et climat et auteur du rapport. L’impact climatique de la finance est d’autant plus nocif qu’il est encore mal connu des Français.es : nous polluons – sans le savoir –  davantage via ce que finance notre argent à la banque, que via notre propre consommation. En d’autres termes, l’argent de nos comptes en banque représente notre premier poste d’émissions de éqCO2 ».

Si les 6 banques françaises continuaient à financer l’économie comme elles le font actuellement, cela conduirait à un réchauffement de plus de 4°C d’ici à 2100, soit 2,5°C de plus que l’objectif fixé dans l’Accord de Paris. Or un réchauffement de cette ampleur aurait des conséquences dramatiques, non seulement à l’étranger mais également en France (2) : les risques de feux de forêt augmenteraient de 40% ; les inondations surviendraient plus de cinq fois par an à Nantes, Bayonne et Dieppe ; les vagues de chaleur en région parisienne s’étendraient de 21 à 94 jours, contre 7 aujourd’hui.

Loin d’être irréprochable, le monde de la finance se rend même coupable. Le 1er octobre dernier, Bruno Le Maire appelait d’ailleurs les banques à « faire mieux » sur la question de la finance verte et reconnaissait lui-même les limites de sa politique comptant sur les seuls engagements volontaires des banques (3).

Il ne suffit pas de faire mieux, il faut être exemplaire. Si les banques françaises se sont toutes engagées publiquement à être alignées avec l’Accord de Paris depuis 2015, elles sont surtout dans le verdissement de leur image :

  • Aucun acteur financier ne s’est publiquement engagé à réduire l’intégralité de son empreinte carbone ;
  • Les 4 plus grandes banques françaises (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE) continuent de soutenir le développement de nouveaux projets de pétrole et de gaz, représentant 40% des émissions de leur portefeuille de crédits aux entreprises.

Pour Alexandre Poidatz, « L’ancien monde, fait de promesses de portefeuilles verts et d’autorégulation, n’est plus admissible. Il faut couper le robinet aux banques qui déversent leurs milliards dans des entreprises climaticides. L’Etat doit demander des comptes aux banques et réguler leurs activités afin qu’elles cessent de financer des entreprises qui ne s’engagent pas dans la transition écologique.

La France, pays hôte du Climate Finance Day et du Sommet Finance in Common doit se montrer à la hauteur de ses déclarations ».

Pour cela, Oxfam France recommande à la France de créer un label « en transition » permettant de définir le degré d’alignement d’un portefeuille avec l’Accord de Paris et de contraindre les banques à satisfaire ces deux conditions :

  • Exclure de son portefeuille toute entreprise inscrite sur une « liste noire » commune, qui inclut les entreprises qui développent des projets incompatibles avec l’objectif 1,5°C, comme dans le secteur des énergies fossiles, ou qui n’auraient pas de plan de transition climatique juste. La liste noire et les plans de transition doivent être définis par les autorités publiques.
  • Définir une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre de chaque banque crédible, qui intègre notamment une réduction de son empreinte carbone complète de 15% d’ici à 2023.

 

Note aux rédactions

Le rapport est à retrouver dans son intégralité ici.

La méthodologie quant à elle est ici, et le droit de réponse des banques .

Les données unitaires sur l’empreinte carbone des banques françaises ont été fournies par la société Carbon4 Finance et font partie de leur offre Carbon Impact Analytics.

Ces nouveaux chiffres complètent l’étude d’Oxfam France et des Amis de la Terre France réalisée en 2019, qui ne s’intéressait qu’à l’empreinte carbone des banques dans le secteur des énergies fossiles, alors que ce rapport analyse l’ensemble des secteurs d’activités. Rapport de 2019 : https://www.oxfamfrance.org/communiques-de-presse/rapport-empreinte-carbone-banques-francaises/

La méthodologie étant différente de celle utilisée l’année passée, les classements ne sont pas comparables du fait des différences de périmètre et d’années de référence.

Un projet d’application mobile, intitulé Rift et dont Oxfam France est partenaire, sortira officiellement le 29 octobre, et a pour ambition d’aider les citoyens à prendre conscience de l’impact de leur argent. Tout.e citoyen.ne pourra savoir précisément ce que finance chacun de ses différents dépôts (compte-courant, Livret A, assurance-vie, etc) et leurs impacts environnementaux et sociaux. L’application permettra également d’agir concrètement, par exemple en interpellant sa banque, pour créer des moyens collectifs d’action.

(1) Les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement et d’investissement des six principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE, Crédit Mutuel et la Banque Postale – atteignent 3,3 milliards de tonnes équivalent CO2 par an, lorsque les émissions de gaz à effet de serre de la France s’élèvent à 445 millions de tonnes de éqCO2.

Ministère de la Transition écologique et solidaire (2018) : www.ecologique-solidaire.gouv.fr/baisse-42-des-emissions-gaz-effet-serre-france-en-2018

(2) Agence Européenne de l’environnement, février 2020.

(3) Bruno Le Maire, le 1er Octobre 2020, déclarait : « sur la question de la finance verte, je ne suis pas satisfait des résultats, je pense que les banques doivent pouvoir faire mieux », Le Monde (2020) Club de l’Economie.

Contact presse :

Noélie Coudurier, responsable de campagne climat, Oxfam France : 06 17 34 85 68, ncoudurier@oxfamfrance.org

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