Les dix géants de l’agroalimentaire négligent les droits de millions d’agriculteurs dans le monde

Oxfam publie un classement des entreprises du secteur agroalimentaire selon leurs politiques sociales et environnementales.

Selon le rapport « La face cachée des marques » publié le 26 février par Oxfam, les dix géants mondiaux de l’agroalimentaire – Associated British Foods (ABF), Coca-Cola, Danone, General Mills, Kellogg’s, Mars, Mondelez, Nestlé, Pepsico et Unilever – négligent les droits des millions de personnes fournissant, dans les pays en développement, les terres, la main-d’œuvre, l’eau et les matières premières nécessaires à la fabrication de leurs produits. Ces groupes représentent un chiffre d’affaires de plus de 1,1 milliard de dollars par jour. Dans son rapport intitulé La face cachée des marques , Oxfam établit un classement. Pour obtenir ce classement, Oxfam a élaboré une fiche d’évaluation des politiques d’approvisionnement directes et indirectes en matières premières agricoles de ces dix géants dans sept domaines fondamentaux : transparence, conditions des petits agriculteurs, droits des femmes (en tant que salariées agricoles et petits agricultrices), droits des travailleurs agricoles, accès et gestion du foncier et de l’eau, et mesures d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Oxfam considère ces critères comme essentiels à la mise en place d’une production agricole durable. Tandis que 80% de la population mondiale souffrant de faim chronique sont des agriculteurs, les dix géants du secteur agroalimentaire, qui emploient des millions de personnes dans les pays en développement, ont le pouvoir de contribuer à construire un monde où chaque personne peut manger à sa faim, mais ne le font pas. des politiques agricoles, des engagements publics et de la supervision des chaînes d’approvisionnement des dix géants de l’agroalimentaire. En bas de ce classement figurent ABF (19%), Kellogg’s (23%) et General Mills (23%) qui affichent des politiques moins respectueuses des petits agriculteurs et de l’environnement que Coca-Cola (41%), Unilever (49%) et Nestlé (54%). Selon Jeremy Hobbs, directeur général d’Oxfam International, « Aucune des dix grandes sociétés du secteur agroalimentaire ne fait assez d’efforts pour rompre avec des pratiques leur permettant de tirer parti d’une main-d’œuvre et de terres bon marché pour réaliser des bénéfices colossaux et fabriquer des produits de grande consommation à un coût social et environnemental inacceptable. Aucun de ces groupes agroalimentaires n’obtient des résultats globaux satisfaisants. Ces dix sociétés doivent toutes en faire beaucoup plus. » Voici les principaux constats du rapport « La face cachée des marques » Oxfam est entré en relation avec ces dix entreprises au cours de l’année écoulée et celles-ci ont coopéré à la collecte des données nécessaires en vue de l’établissement de ce classement. Le tableau des résultats sera mis à jour en fonction de l’évolution des politiques menées par ces groupes agroalimentaires. :

  • Plusieurs des dix géants de l’agroalimentaire ont affirmé leur volonté de défendre les droits des femmes, mais aucun ne s’est engagé à mettre fin à la discrimination à l’égard des femmes dans leurs chaînes d’approvisionnement.
  • Aucune de ces sociétés ne s’est dotée de politiques permettant de protéger les communautés locales contre les accaparements de terres et d’eau. Pourtant, toutes achètent des matières premières – notamment huile de palme, soja et sucre – dont la production donne trop souvent lieu à des violations de droits fonciers. Aucun de ces groupes ne prône la tolérance zéro contre les accaparements de terres dans leurs chaînes d’approvisionnement.
  • Les dix sociétés restent excessivement opaques concernant leurs chaînes d’approvisionnement agricoles, ce qui rend leurs déclarations en matière de développement durable et de responsabilité sociale difficiles à vérifier. Nestlé et Unilever font preuve de la plus grande transparence quant aux pays dans lesquels elles s’approvisionnent. Cependant, aucune société ne fournit suffisamment d’informations sur ses fournisseurs.
  • Les dix sociétés étudiées réalisent en général des économies en eau, mais n’ont pour la plupart pas mis en place de politiques limitant leur incidence sur les sources d’eau locales. Seule Pepsi a publiquement reconnu l’eau comme un droit fondamental et s’est engagée à consulter les communautés locales. Nestlé a élaboré des directives sur la gestion de l’eau à l’intention de ses fournisseurs et se classe au premier rang pour ses politiques en la matière.
  • Toutes ces entreprises ont pris des mesures en vue de réduire leurs émissions directes de gaz à effet de serre, mais elles ne sont que cinq – Mondelez, Danone, Unilever, Coca-Cola et Mars – à rendre compte des émissions agricoles liées à leurs produits. Seule Unilever s’est engagée à réduire de moitié l’empreinte de ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2020. Aucune n’a encore adopté de politiques visant à aider les agriculteurs qui font partie de leurs chaînes d’approvisionnement à mieux résister aux changements climatiques.
  • Aucune ne s’est engagée publiquement à payer un prix décent aux agriculteurs ou à leur accorder des conditions commerciales plus justes. Seule Unilever – la mieux classée s’agissant des relations avec les paysans – a établi à l’intention de ses fournisseurs des directives précises qui permettent d’aborder certaines problèmes majeurs auxquels sont confrontés les agriculteurs.

« Il est temps que ces sociétés assument une responsabilité à la hauteur de leur immense influence sur la vie de personnes pauvres poursuit Jeremy Hobbs. 80% des personnes souffrant de la faim dans le monde travaillent dans le secteur de la production alimentaire et ces sociétés emploient des millions de personnes dans les pays en développement pour cultiver les matières premières agricoles qui entrent dans la fabrication de leurs produits. Elles gèrent des centaines de marques parmi les plus populaires et ont une puissance économique, sociale et politique suffisante pour améliorer profondément et durablement les conditions de vie de celles et ceux qui souffrent de la pauvreté et de la faim dans le monde. » « L’analyse de leurs politiques sociales constitue un premier pas important. Elles constituent un moyen pour les consommateurs et les producteurs de lui demander des comptes. » Oxfam publie également une note dénonçant l’inaction de Nestlé, Mondelez et Mars face aux inégalités rencontrées par les femmes qui cultivent le cacao utilisé dans leurs produits au chocolat. Ces trois entreprises achetant à elles trois plus de 30% du cacao mondial, elles ont une capacité d’influence considérable sur ces inégalités. Oxfam demande à ces trois sociétés de prendre des engagements concrets en matière d’information et de transparence dans leurs chaînes d’approvisionnement pour établir un plan de lutte contre les inégalités de genre. Contact presse Pierre Motin 01 77 35 76 10 / 06 12 12 63 94 pmotin@oxfamfrance.org

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