« Les Objectifs du Millénaire pour le développement flingués ». Les transferts irresponsables d’armes aggravent la pauvreté selon Oxfam

Les engagements pris à l’échelle mondiale pour réduire la pauvreté et améliorer les conditions de vie des plus pauvres ne pourront être tenus si la communauté internationale ne prend pas des mesures urgentes pour contrôler les transferts d’armes affirme l’organisation internationale Oxfam dans un rapport rendu public aujourd’hui.

Le rapport « Les OMD flingués » affirme que le commerce irresponsable d’armes empêche de nombreux pays d’atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et démontre que ses conséquences à long terme sont bien plus importantes que les conflits et la violence armée.

Le manque de transparence et de responsabilité dans le commerce des armes facilite la corruption et le gaspillage. Il vide les caisses des Etats de sommes qui auraient pu améliorer la vie de populations entières en finançant par exemple des hôpitaux, des écoles et d’autres infrastructures.

 » L’affaire de l’Angolagate en France illustre cruellement le besoin d’un Traité international qui soumettrait tout transfert d’armes et de munitions à une autorisation préalable de chaque État impliqué directement ou indirectement dans celui-ci et éviterait d’attiser un conflit, alimenter la corruption et détourner d’importants fonds qui pourraient bénéficier à des populations particulièrement vulnérables «  déclare Nicolas Vercken, porte-parole d’Oxfam France .

Selon la presse, les ventes d’armes présumées illicites se montent dans le dossier de l’Angolagate à 790 millions de dollars, alors que le budget national pour la santé était de 492 millions de dollars en 2005. La guerre en Angola a fait 500 000 victimes entre 1975 et 2002 mais la population en paye aujourd’hui encore les conséquences. Selon les statistiques du PNUD et de la Banque Mondiale, environ 70% des Angolais vivent avec moins de 2 dollars par jour et trois citoyens sur cinq n’ont pas accès à de l’eau potable. Un enfant sur quatre meurt avant l’âge de cinq ans, principalement de la malaria, de diarrhée ou d’infection respiratoire et dans les zones les plus touchées par le conflit, 25% des enfants en âge d’aller à l’école primaire sont scolarisés , un des taux les plus bas d’Afrique.

Deux tiers des pays qui, selon toute vraisemblance, n’atteindront pas les objectifs du Millénaire pour le développement sont actuellement en guerre ou sortent tout juste d’un conflit. D’autres pays ont creusé leurs dettes nationales en achetant des armes à tours de bras comme la Turquie, dont la dette publique était semble-t-il de 15.8 milliards de dollars en 2000. Son budget national est en conséquence très serré et les projets en faveur d’une sécurité sociale et de la réduction de la pauvreté touchés.

Le traité sur le commerce des armes (TCA), qui va prochainement faire l’objet de débats cruciaux aux Nations unies, pourrait permettre de stopper un transfert d’armes qui remettrait en cause le développement d’un pays.

Oxfam ne s’oppose pas au commerce des armes dans les cas de légitime défense ou de politiques de défense. Cependant, Oxfam exhorte l’ensemble des gouvernements à avancer le plus vite possible dans les négociations et demande à ce que le traité inclue des critères clairs sur le commerce des armes prenant en compte leurs effets sur le développement durable et les objectifs du Millénaire pour le développement.

« La France, quatrième exportateur mondial d’armements, membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations unies et présidente en exercice de l’Union européenne a une responsabilité particulièrement importante dans ce domaine. Elle doit mettre sa pratique européenne au diapason de ce qu’elle défend aux Nations unies en rendant obligatoire l’application du code de conduite européen sur le commerce des armes, ce qu’elle refuse pour le moment » ajoute Nicolas Vercken.

NOTES :

– Au niveau européen, le Code de conduite de l’Union européenne en matière d’exportation d’armements conventionnels est l’un des instruments régionaux les plus aboutis en matière de contrôle des transferts d'armes. Il définit huit critères que les Etats européens doivent prendre en compte pour refuser ou autoriser une demande d’exportation d’armes, faisant notamment référence au respect des droits humains, au droit international humanitaire et au développement durable. Cependant, ce Code de conduite n’a qu’une valeur incitative et reste facultatif.

– Pourtant, dès 2005, les Etats membres de l’Union européenne (UE) se sont mis d’accord pour l’adopter en Position commune et le rendre ainsi juridiquement contraignant, de sorte que son application devienne obligatoire. Mais la France bloque toute avancée sur ce dossier.

– Cette situation d’attente place l’Union européenne dans une position délicate quant à l’adoption d’un futur Traité international sur le commerce des armes (TCA), actuellement négocié aux Nations unies.

– La campagne « ontrôlez les arme »

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