Une conférence de bailleurs de fonds pour le Yémen s’est tenue hier par téléconférence. Les Nations Unies, qui accueillaient la conférence avec l’Arabie Saoudite, ont alerté à la communauté internationale de l’aggravation de la situation dans le pays et de l’augmentation des fonds nécessaires pour venir en soutien de la population d’ici la fin 2020. La conférence a terminé avec des promesses insuffisantes : des 2,4 milliards nécessaires pour les besoins urgents de la population yéménite, à peine 1,35 milliards ont été annoncés. L’annonce de la France, qui a vendu plus de 4,5 milliards d’euros de matériel militaire à l’Arabie Saoudite depuis le début du conflit, n’a été que de 9,6 millions de dollars (environ 8,5 millions d’euros) soit 530 fois moins.

Le pays qui subit déjà les conséquences de plus de 5 ans de guerre, avec des besoins humanitaires croissants, a vu sa situation se dégrader davantage du fait de l’impact sanitaire, mais aussi économique, de l’épidémie de Covid-19. A l’augmentation de cas s’est ajoutée une baisse sans précédent des flux économiques de l’extérieur, une source de revenus vitale pour des millions de personnes.

On dénombre à ce jour plus de 250 cas confirmés de Covid-19 dans 10 gouvernorats du Yémen, où l’on comptabilise 49 décès. Il est probable que le nombre réel soit beaucoup plus élevé, en considérant que les installations de test sont limitées et que la moitié des établissements de santé du pays étaient déjà hors service avant que le virus ne se propage.

Mais l’impact du COVID-19 n’est pas seulement sanitaire. Pour le Yémen, les transferts d’argent provenant de l’extérieur représentaient jusqu’à 13% de son PIB (soit 3,8 milliards de dollars) en 2019, selon la Banque Mondiale. Les prestataires de transfert d’argent dans six gouvernorats du Yémen ont déclaré à Oxfam avoir vu le nombre de transfert de fonds chuter de 80% entre janvier et avril 2020. Ce phénomène s’explique notamment par la baisse des revenus des Yéménites travaillant dans les États du Golfe, au Royaume-Uni et aux États-Unis, en raison des blocages économiques et des mesures de distanciation sociale.

A ce contexte s’ajoute l’insuffisance de l’aide internationale pour faire face à la crise humanitaire. L’impact de ce financement international insuffisant risque d’être critique, des programmes d’aide vitaux pourraient être fermés d’ici quelques semaines.

Pour José Maria Vera, Directeur général intérimaire d’Oxfam International, «les promesses de dons des donateurs au Yémen ne parviennent pas à répondre aux besoins croissants du pays. Déjà l’une des plus grandes crises humanitaires au monde après plus de cinq ans de conflit, le Yémen est désormais confronté à une flambée de coronavirus alors qu’à peine la moitié des établissements de santé fonctionnent pleinement. »

 

Contact presse :
Jon Cerezo, Responsable de Campagne Humanitaire, 06 51 15 54 38