Les réfugiés syriens dans les villes en Jordanie sont les oubliés de la réponse humanitaire

Des milliers de Syriens continuent à fuir les conflits chaque jour, espérant trouver refuge dans les pays voisin. CARE et Oxfam tirent la sonnette d'alarme sur la situation des réfugiés qui vivent dans les villes jordaniennes et qui risquent d'être rapidement privés d'assistance.

La Jordanie est le principal pays d'accueil des populations fuyant la crise syrienne. Selon le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), la majorité des Syriens en Jordanie vivent dans des zones urbaines, en dehors des camps. Ce dispersement de la population réfugiée complique considérablement l'accès à l'aide d'urgence.

La flambée du prix des loyers, qui ont doublé, voire triplé en un an, l'augmentation des prix du gaz et des biens alimentaires poussent les réfugiés à s'endetter toujours plus. CARE et Oxfam estiment que le taux moyen d'endettement parmi les réfugiés vivant en zone urbaine s'élève à 650 dollars US, soit près de trois mois de loyer.

« La crise des réfugiés dans les zones urbaines est beaucoup moins visible mais tout aussi sérieuse qu'au sein des camps de réfugiés. Tant qu'ils ne bénéficient d'aucune source de revenus, leurs problèmes ne feront que se multiplier. Les réfugiés se prêtent de l'argent mais il n'y aura bientôt plus rien à emprunter« , déclare Pauline Ballaman, responsable de la réponse d'urgence pour Oxfam en Syrie.

Sur les 73 000 personnes considérées comme vulnérables par les organismes internationaux, seules 40 000 reçoivent une assistance financière (généralement d'une durée moyenne de trois mois). De nombreux réfugiés vivent ainsi dans des conditions précaires, dans des appartements ou des garages dépourvus de chauffage et de meubles. Parfois une vingtaine de personnes, des familles entières, partagent deux ou trois pièces.

« Les familles devront avoir recours à des mesures désespérées pour survivre. Beaucoup sont déjà obligées de mendier leur nourriture. Cette situation leur fait profondément honte, mais elles n'ont pas le choix« , explique Pauline Ballaman.

Les réfugiés syriens ont accès aux services de santé primaire et à l'éducation mais les services disponibles sont le plus souvent très éloignés ou déjà exploités au maximum.

« Le gouvernement jordanien garde ses frontières ouvertes et vient en aide aux réfugiés. Les communautés hôtes en Jordanie se sont également montrées très généreuses mais des tensions commencent à se faire sentir en raison de l'augmentation constante du nombre de réfugiés et de la pression sur des services sociaux de base (eau, éducation, santé) déjà limités« , alerte Kevin Fitzcharles, directeur de CARE Jordanie.

CARE et Oxfam alertent sur les limites de l'aide humanitaire actuellement disponible face aux besoins des réfugiés syriens en Jordanie. Au 15 mars 2013, le Plan de Réponse Régional, défini par les agences de l'ONU et certaines ONG, n'était financé qu'à hauteur de 31% sur 495 millions de dollars demandés. La situation est d'autant plus préoccupante que ce dernier basait ses estimations sur la prévision d'un afflux de 300 000 réfugiés d'ici à juin 2013. Or, déjà plus de 335 000 personnes se sont enregistrées auprès du HCR. Selon le gouvernement jordanien, plus de 460 000 réfugiés seraient présents dans le pays.

Les deux organisations ont lancé un appel à dons pour pouvoir augmenter leur réponse à cette crise.

CARE soutient financièrement les réfugiés en milieu urbain et organise des distributions de biens non alimentaires. CARE soutient également les communautés jordaniennes.

Oxfam intervient au Liban et en Jordanie pour répondre aux besoins urgents des réfugiés. Depuis le 1er janvier 2013, les équipes sur place ont pu venir en aide à plus de 48 000 réfugiés dans ces deux pays.

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