L’extrême pauvreté recule dans le monde : une information méconnue

Une nouvelle étude indique l’importance de communiquer sur les avancées dans la lutte contre la pauvreté pour renforcer les actions menées.

92 % des Français pensent que la pauvreté a augmenté ou est restée à un niveau identique au cours des 20 dernières années, alors qu’elle a diminué plus que de moitié.

La lutte contre l’extrême pauvreté a connu ces dernières années des avancées majeures. Hélas, un point faible subsiste : le grand public ne le perçoit pas et reste pessimiste quant à l’éradication de la pauvreté.

Le cabinet d’études hollandais Motivaction publie aujourd’hui une étude internationale, « Glocalities » [1], qui interroge la perception du public quant à la pauvreté extrême. La publication de cette étude coïncide avec l’anniversaire de l’adoption des Objectifs de développement durable des Nations unies [2] qui fixent la feuille de route pour le développement pour les 15 prochaines années.

87 % des personnes interrogées dans le monde, et 92% en France, pensent que la pauvreté a augmenté ou est restée à un niveau identique au cours des 20 dernières années. En réalité, c’est l’opposé qui s’est produit : la pauvreté a diminué plus que de moitié. Depuis 1990, plus d’un milliard de personnes sont en effet sorties de l’extrême pauvreté : elle touchait 1,9 milliard de personnes il y a 30 ans et ne touche aujourd’hui plus que 840 millions de personnes [3].

Nicolas Vercken, directeur Etudes et plaidoyer d’Oxfam France commente : « La réduction de moitié de la pauvreté est l’un des succès les plus méconnus dans l’Histoire contemporaine. L’aide publique au développement, bien utilisée, est un formidable outil de réduction de la pauvreté et des inégalités. Les contribuables français devraient être beaucoup plus fiers de leur contribution efficace à la lutte contre la pauvreté dans le monde : il est dommage que ce sujet ne soit pas davantage médiatisé ni mis en avant par la société civile. Les parlementaires devraient également porter ce message positif auprès des électeurs, et veiller à ce que le Gouvernement aille beaucoup plus loin dans le budget alloué à cette politique publique essentielle ».

Ce pessimisme et ces perceptions erronées pourraient compromettre la dure tâche de sortir les 840 millions de personnes restantes, de pauvreté extrême : un combat qui sera lent et complexe, mais certainement pas impossible.

« Alors que nous sommes à mi-chemin de l’éradication de la pauvreté, il est temps de donner plus de poids à la mobilisation citoyenne et de terminer le travail » commente Martijn Lampert, directeur des études chez Motivaction. « Néanmoins, le fait que l’opinion publique fasse défaut est une énorme barrière pour réussir dans le futur ».

Les opinions et interprétations varient entre les pays et au sein des pays même montrant que la question de la pauvreté est perçue différemment selon le contexte dans laquelle elle se trouve.

En Chine par exemple, 50 % des personnes interrogées savaient, à juste titre, que la pauvreté avait diminué, alors qu’elles n’étaient que 8 % à le savoir en Allemagne ou aux Etats-Unis. « Les Chinois sont en effet témoins des avancées dans la lutte contre la pauvreté dans leur pays. Il est intéressant d’apprendre que ce n’est pas le cas des habitants des pays plus riches » ajoute Martjin Lampert.

Selon Michael Sheldrick, porte-parole de Global Citizen : « Les conclusions de l’étude montrent que davantage de nos soutiens viennent de pays en pleine transformation ou ayant une croissante économique forte [2]. L’enjeu est de proposer des modes d’actions à ces personnes qui sont convaincues que leurs actions peuvent faire la différence. » Dans le même temps, dans son sondage, Motivaction a identifié des groupes à même d’initier le changement : mieux informés, ils sont convaincus de l’utilité de leurs actions et sont prêts à s’impliquer personnellement. Ils sont aussi plus susceptibles de penser qu’éradiquer la pauvreté d’ici à 2030 est possible. Ces personnes occupent le plus souvent des postes influents dans la société, la politique, le monde des affaires.

Le directeur des études de Motivaction ajoute : « Ces personnes sont actives et cherchent à faire la différence, elles sont des relais et encouragent les personnes autour d’elles à rejoindre les initiatives contre la pauvreté. Elles sont très dynamiques sur les réseaux sociaux tels que Twitter, YouTube, LinkedIn ou Facebook. En utilisant ces réseaux, les stratégies d’engagement et d’information peuvent être plus efficaces que jamais ».

Les ONG sont aujourd’hui le premier relais pour favoriser l’engagement, sur des formes toujours nouvelles et vers un public toujours plus large. Le combat contre la pauvreté ne se fera pas sans l’engagement et la conviction du plus grand nombre.

Contact

OXFAM France : Caroline Prak cprak@oxfamfrance.org 06 31 25 94 74

MOTIVACTION: Martijn Lampert m.lampert@glocalities.com +31-651177770

GLOBAL CITIZEN: Michael Sheldrick michael.sheldrick@globalpovertyproject.com, +1-9172940470

Notes aux rédactions

[1] Le sondage Glocalities est disponible ici : glocalities.

L’étude a été menée en 15 langues, avec 26 000 personnes dans 24 pays différents, et révèle un fossé entre réalité et perception de la pauvreté. En France :

* seul 1 % des 1 020 personnes interrogées avaient connaissance du fait que la pauvreté avait été réduite de plus de moitié ;

* 7 % pensaient qu’elle avait été réduite de 25 % ;

* 92 % pensaient que le niveau de pauvreté était resté stationnaire ou avait même augmenté ;

* 85 % des personnes interrogées sur leurs perception future, considèrent improbable l’éradication totale de l’extrême pauvreté d’ici 2030.

[2] A l’occasion de l’anniversaire de l’adoption des Objectifs de développement durables (ODD), Oxfam a publié un rapport présentant une nouvelle vision de l’aide publique au développement (APD) : http://oxf.am/Z6Pu.

[3] Selon la Banque mondiale, l’extrême pauvreté est définie par le seuil international de pauvreté, fixé à 1,90 dollar par jour.

[4] Sur l’un des canaux Facebook regroupant 156 000 personnes, étudié par Global Citizen figurent dans les 10 premiers pays représentés, l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh, le Nigeria, les Philippines et le Kenya.

L’étude de Motivaction a été financée par la fondation Bill et Melinda Gates et Motivaction s’est associée à Oxfam et à Global Citizen, organisations reconnues dans la lutte contre la pauvreté.