Les dirigeant.e.s politiques doivent écouter les revendications des citoyen.ne.s qui se sont mobilisé.e.s pour le climat et aider financièrement les personnes vulnérables pour survivre face aux changements climatiques.

Dans un nouveau rapport intitulé « Qui fait les frais du financement » et publié aujourd’hui à l’occasion du Sommet Action Climat de l’ONU, Oxfam estime que chaque personne vivant dans un pays pauvre reçoit environ 3 dollars par an pour se protéger des effets dévastateurs de la crise climatique – soit moins d’un centime par jour. Les citoyen.ne.s de pays comme la Somalie et le Mozambique paient un prix humain et financier croissant, du fait d’une multiplication et d’une intensification des catastrophes liées aux changements climatiques, dont ils sont pourtant les moins responsables.

Pour Armelle Le Comte, responsable de plaidoyer climat pour Oxfam France, « les pays riches ont la fâcheuse tendance à gonfler leur effort financier. Alors qu’ils avaient promis d’aider les pays pauvres à faire face à la crise climatique, les financements sont finalement largement insuffisants par rapport aux besoins criants des populations les plus vulnérables».

En Afrique de l’Est, des millions de personnes souffrent déjà des changements climatiques. Au Mozambique, les cyclones Idai et Kenneth ont coûté 3,2 milliards de dollars au pays, soit plus d’un cinquième de son produit intérieur brut (PIB), ou l’équivalent de 23 ouragans Katrina pour les Etats-Unis.

L’année dernière, la sécheresse qui a touché la Corne de l’Afrique a rendu plus de 15 millions de personnes tributaires de l’aide humanitaire en Somalie, en Éthiopie et au Kenya. Les cyclones au Mozambique ont contraint 2.6 millions de personnes à demander une aide d’urgence.

Autant d’indicateurs de ce que serait le monde de demain si aucune mesure urgente n’est prise par l’ensemble des responsables politiques.

Pour Armelle Le Comte, « Les pays les plus endettés au monde sont ceux qui ont le moins contribué à cette crise. Ce sont pourtant eux qui en font les frais. Si nous voulons éviter de voir les crises humanitaires se multiplier, des gens souffrir de la faim, les pays développés doivent augmenter leurs financements pour le climat sous forme de dons afin de ne pas aggraver la dette de ces pays ».

En effet, le niveau élevé de la dette dans des pays comme la Somalie et le Mozambique accentue leur vulnérabilité car il ne leur permet pas d’obtenir les fonds nécessaires pour faire face aux changements climatiques et œuvrer pour limiter leurs propres émissions de gaz à effet de serre, en diversifiant les cultures, en économisant l’eau ou encore en investissant dans de meilleurs systèmes de suivi météorologique.

Désignée cheffe de file sur la finance climat pour le sommet de l’ONU, la France sera particulièrement sous le feu des projecteurs. Alors qu’elle décroche de ses objectifs climatiques nationaux – budget carbone dépassé pour la deuxième année consécutive, retard dans les énergies renouvelables, le transport et le bâtiment – la France doit d’urgence rectifier le tir afin de respecter l’Accord de Paris.

« Le temps des discours lyriques sur la réalité des changements climatiques est révolu et ne trompe d’ailleurs plus une majorité des citoyen.ne.s français. Emmanuel Macron doit impérativement annoncer des actions concrètes pour remettre la France sur le droit chemin et faire preuve de solidarité vis-à-vis des pays les plus vulnérables en augmentant ses financements pour l’adaptation. Sa contribution au Fonds Vert, annoncée lors du G7 de Biarritz, doit être fournie uniquement sous forme de dons », conclut Armelle Le Comte.

 Contacts :

Noélie Coudurier, responsable de campagne climat, Oxfam France : 06 17 34 85 68, ncoudurier@oxfamfrance.org (sauf les 21 et 22 septembre)

Armelle Le Comte, responsable de plaidoyer, Oxfam France : 06 85 13 89 58, alecomte@oxfamfrance.org

Notes aux éditeurs:

·         Le Sommet Action Climat 2019, auquel participent chefs d’État et de gouvernement, se tient à New York aujourd’hui (le 23 septembre). Les Nations unies organisent cet événement pour « concrétiser et accélérer les actions visant à mettre en œuvre l’Accord de Paris sur le changement climatique » en demandant aux représentant.e.s des pays de présenter leurs plans pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45 % au cours des dix prochaines années et d’atteindre zéro émission nette d’ici 2050. https://www.un.org/en/climatechange/un-climate-summit-2019.shtml

·         Oxfam a réalisé ses calculs sur la base des financements climat alloués à l’adaptation dans les 48 pays les moins développés (de 2,4 à 3,4 milliards de dollars par an), puis en divisant cette somme par la population totale de tous les pays (2,5 à 3,5 dollars par personne et par an). Tous les chiffres sont une moyenne des années 2015 et 2016, la dernière année pour laquelle des données complètes sont disponibles.

·         Le Programme des Nations unies pour l’environnement estime que l’adaptation aux changements climatiques et la prise en charge des dégâts liés aux changements climatiques coûtera entre 140 et 300 milliards de dollars par an aux pays en développement d’ici 2030. https://www.un.org/sustainabledevelopment/blog/2016/05/unep-report-cost-of-adapting-to-climate-change-could-hit-500b-per-year-by-2050/

·         Le 13 septembre, l’OCDE a annoncé que les pays développés avaient mobilisé 71,2  milliards de dollars pour le financement de la lutte contre les changements climatiques dans les pays en développement en 2017 (financements publics et privés) https://www.oecd.org/newsroom/climate-finance-for-developing-countries-reached-usd-71-billion-in-2017.htm

·         Le 10 septembre, la Global Commission on Adaptation a publié une étude majeure demandant l’accélération des mesures d’adaptation et davantage de soutien politique pour une résilience climatique accrue. https://www.wri.org/our-work/project/global-commission-adaptation