Nouveau rapport Oxfam ‘Des prix à double tranchant’ : le monde doit retenir les leçons de la crise alimentaire

A l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre, et alors que le comité annuel sur la sécurité alimentaire de la FAO se réunit du 14 au 17 octobre, Oxfam international dresse dans un nouveau rapport, ‘Des prix à double tranchant’, un bilan des actions prises depuis six mois par la communauté internationale pour faire face à la crise alimentaire.

Oxfam appelle nos dirigeants à retenir les leçons de cette crise qui a précipité en seule une année près de 120 millions de personnes supplémentaires dans la faim, portant ainsi le total à 967 millions de personnes.

Selon le rapport :

Les petits producteurs des pays du Sud, sans accès aux ressources nécessaires, n’ont pas profité de l’augmentation brutale des prix alimentaires. Au contraire, les zones rurales sont particulièrement touchées car la plupart des ménages ne sont pas autosuffisants et dépensent jusqu’à 75 % de leurs revenus pour se nourrir.

Certains acteurs sortent largement gagnants de la crise alimentaire, des compagnies agro-alimentaires parmi les plus importantes au monde ayant engrangé cette année d’énormes profits.
Bunge, un poids lourd mondial de l’agroalimentaire, a annoncé avoir quadruplé ses profits au deuxième trimestre 2008 par rapport à 2007 avec 583 millions de dollars.
Le groupe Danone a lui dégagé au 1er semestre 2008 un chiffre d’affaire bien supérieur aux prévisions des analystes et affiche un bénéfice net de 701 millions d’euros, en hausse de 15,8 %.

Oxfam déplore que la communauté internationale n’ait pas su réagir de manière adéquate face à cette crise alimentaire. Seul un milliard a pour l’instant été déboursé sur les 12,3 milliards de dollars annoncés lors de la conférence de la FAO en juin dernier. Coté européen, le milliard d’euros discuté depuis six mois pour répondre à cette crise vient seulement d’être avalisé par le Conseil européen.

« Cette faible réactivité contraste fortement avec la réponse à la crise financière actuelle, où des ressources financières considérables ont été mobilisées en l’espace de quelques jours » déclare Luc Lamprière, directeur d’Oxfam France.
« Quant à la promesse de Nicolas Sarkozy de consacrer un milliard d’euros à l’agriculture en Afrique, l’Elysée a précisé qu’il s’agissait d’une réorientation des engagements financiers de la France envers l’Afrique. Rien de nouveau, donc. »
‘Des prix à double tranchant’ préconise une réponse coordonnée au niveau international, portée par les Nations unies, et propose dix mesures de politique économique, qui, adaptées au contexte local, pourraient faire une énorme différence pour les millions de personnes affectés par la crise actuelle.
« Les pays riches doivent permettre aux gouvernements des pays du Sud d’assurer leur propre développement agricole et leur sécurité alimentaire. Pour cela, ils doivent cesser de pousser à une libéralisation rapide des marchés et réformer leurs politiques agricoles et commerciales. En particulier, ils ne doivent plus s’opposer aux mesures qui protègent les petits producteurs, les secteurs agricoles et les industries naissantes des pays du Sud » ajoute Frédéric Mousseau, d’Oxfam international.

Le rapport d’Oxfam rappelle enfin la nécessité pour les pays du Sud de soutenir les petits exploitants par des actions ciblées, comme améliorer leur accès à la terre, au crédit ou aux intrants et développer les infrastructures, et d’investir dans des programmes de protection sociale pour permettre à leurs citoyens de faire face à leurs besoins de base.

NOTES

– La première journée de la conférence à la FAO a permis de faire le point sur les impacts de la crise alimentaire sur les populations les plus vulnérables ainsi que sur les moyens financiers dégagés depuis juin. Les pays du Sud ont interpellé les dirigeants du Nord quant au suivi de leurs engagements et ont pointé du doigt le manque de coordination de la réponse de la communauté internationale.

– Frédéric Mousseau, d’Oxfam International, actuellement à Rome pour suivre ces réunions de la FAO, est disponible pour des interviews en français sur place et par téléphone.

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