Oxfam International dénonce les accords de libre échange ACP-UE et appelle à une révision complète de ces derniers.

L'Union européenne (UE) doit modifier rapidement sa position sur les négociations des accords de libre échange avec certains des pays les plus pauvres du monde ou elle risque de les appauvrir plus encore.

En ce 4ème anniversaire de l'ouverture des négociations commerciales entre l'UE et les pays d'Afrique, Caraïbes, Pacifique (ACP), Oxfam International avance que l'Europe oublie encore une fois de mettre le développement au cœur de ces accords commerciaux.

Dans un rapport de 15 pages intitulé « Des partenaires inégaux« , Oxfam International affirme que les Accords de partenariat économique (APE) actuellement proposés vont davantage nuire aux pays ACP – dont 39 appartiennent à la catégorie des pays les moins avancés (PMA) – que les aider. Oxfam International explique également que ces accords menacent d'exposer les paysans des pays en développement à une concurrence directe et injuste des producteurs européens. L'ouverture des marchés menacerait aussi bon nombre d'emplois essentiels dans les pays ACP tout en sapant le processus d'intégration régionale.

Oxfam International invite l’Europe à saisir l'opportunité de la révision du processus APE au cours des prochains mois, afin de donner une nouvelle direction aux négociations. Par exemple, la Commission européenne devrait revoir à la baisse ses ambitions d’obtenir un accès aux marchés réciproque avec les pays ACP. A la place, l’Europe devrait se focaliser sur une plus grande ouverture de ses propres marchés aux exportations en provenance des pays ACP.

Pour les membres d'Oxfam International, le mandat de la Commission octroyé par les Etats membres de l’UE doit être révisé afin de refléter les préoccupations clés des régions ACP et des organisations de la société civile.

« Il est clair que les positions de la Commission européenne ont besoin d’être sérieusement révisées. Beaucoup de pays ACP sont très inquiets de la tournure que prennent ces négociations de libre échange. Le futur de certains des pays les plus pauvres du monde est en jeu et l’Europe refuse de tenir compte de leurs préoccupations. C’est tout simplement inacceptable« , affirme Luis Morago, le responsable du bureau d’Oxfam International à Bruxelles.

La confédération internationale ajoute qu’à travers les APE, les gouvernements ACP risquent de perdre le contrôle d'instruments clés de leur politique économique tels que la politique tarifaire, la politique de concurrence et les règles d’investissement que tous les pays développés ont utilisés pour progresser.

Oxfam International s'alarme de l’ignorance relative aux principales préoccupations des ACP. En effet, l’Europe fait pression sur les gouvernements de ces pays pour inclure les politiques de concurrence, d’investissement et la passation des marchés publics dans l’accord final, alors que les pays en développement en ont à maintes reprises manifesté le refus – à la fois à l’OMC et dans les négociations des APE.

« Pour obtenir une relation commerciale bénéfique à la fois pour l’Europe et ses partenaires ACP, il ne peut y avoir qu’une seule partie qui dicte constamment les règles du jeu. Il est inacceptable que l’UE ramène sur la table des sujets qui ont été unanimement rejetés par les pays pauvres » soutient Caroline Dorémus-Mège, chargée de la campagne 'Pour un commerce plus juste' à Agir ici – membre observateur d'Oxfam International.

« Si les APE sont des accords pro-développement, ils ne devraient pas entraîner des pertes dans les revenus des gouvernements et au niveau des emplois. Quant à l’aide promise par l’UE aux pays ACP – notamment à travers le Fonds européen de Développement (FED) – elle ne devrait pas être conditionnelle à la signature d'un APE« , conclue-t-elle.

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