Alors que l’Assemblée nationale vient de voter dans le projet de loi d’orientation et de programmation sur le développement solidaire et la lutte contre les inégalités mondiales l’objectif de dédier 0,7% de la richesse nationale brut (RNB) du pays pour la solidarité internationale, Louis-Nicolas Jandeaux, expert de l’aide publique au développement chez Oxfam France a réagi :

« Ce vote à l’unanimité marque un moment historique après 50 ans de promesses non-tenues sur cet objectif par la plupart des pays riches, dont la France. Cet effort de solidarité est plus que jamais nécessaire à un moment où le monde est secoué par les effets économiques et sociaux de la pandémie de COVID-19 et que jusqu’à 500 millions de personnes pourraient sombrer dans l’extrême pauvreté, en particulier les femmes, en première ligne des inégalités. Il faut se féliciter que notre pays fasse le choix de plus de solidarité et rejette le repli sur soi à un moment crucial pour l’avenir de notre planète. Depuis la société civile nous serons désormais vigilant-e-s à ce que cet objectif soit bel et bien tenu, et surtout qu’il soit pérennisé dans le temps. Car si tôt ou tard nous sortirons de la pandémie de COVID-19, dans les prochaines décennies l’humanité continuera d’être confrontées à d’autres menaces communes, au premier rang desquels les effets des changements climatiques. »

« Les ONG, dont Oxfam, continueront de suivre de près le processus parlementaire. Le texte peut et doit être largement amélioré : favoriser l’égalité femmes-hommes et privilégier les secteurs sociaux de base – comme la santé, l’éducation et la protection sociale – est fondamental pour lutter contre les inégalités dans le monde, objectif affiché de la loi. »

Contacts

Robin Guittard, rguittard@oxfamfrance.org, 06 34 87 10 01

Notes aux rédactions

L’engagement de dédier 0,7% du RNB pour le développement des pays les plus pauvres a été pris pour la première fois en 1970 au niveau de l’Organisation des Nations Unies (ONU). En 2019 le Luxembourg, le Danemark, la Norvège, la Suède et le Royaume-Uni avaient atteint, et pour certains même dépassé, l’objectif des 0,7%. Fin 2020, Boris Johnson a annoncé revenir sur cet engagement historique pris par le Royaume-Uni en 2013 et qui lui avait permis depuis lors de consolider une stature de champion des enjeux de développement sur la scène internationale.

En octobre 2020, Oxfam a publié un rapport calculant à 2000 milliards d’euros la dette accumulée par les nations les plus riches de la planète envers les pays du Sud après 50 ans de non-respect de cette promesse historique. Dans le cas de la France, ce sont 200 milliards d’euros supplémentaires qui auraient pu être mobilisés pour la solidarité internationale si le pays avait respecté l’engagement des 0,7%.

L’aide française a subi une hausse constante ces dernières années après qu’Emmanuel Macron se soit engagé lors de la campagne présidentielle de 2017 à hisser l’aide française à hauteur de 0,55% du RNB d’ici 2022. En 2019 elle était de 0,44%.

Au-delà des aspects budgétaires, le projet de loi a aussi vocation à définir les futurs orientations et priorités de l’aide publique au développement. A ce titre, Oxfam France fait de nombreuses recommandations pour renforcer l’impact sur la réduction des inégalités, notamment en s’engageant dans une aide au développement féministe. Le Haut conseil à l’Egalité a publié vendredi 12 février dernier une note intitulée « Vigilance Egalité » dénonçant l’insuffisance des ambitions du projet de loi par rapport aux engagements de la France en matière de diplomatie féministe.