Pour lutter contre la faim, le Comité sur la sécurité alimentaire doit s’attaquer aux agrocarburants

Le CSA (comité pour la sécurité alimentaire) qui se réunit la semaine prochaine à Rome constitue la principale enceinte de l’ONU où la question des agrocarburants peut être examinée de manière approfondie.

Face à des Etats qui, à l’instar de la France, défendent encore des positions conservatrices et pourraient bloquer toute volonté européenne d’enfin réguler les marchés d’agrocarburants, l’objectif sera d’adopter des mesures collectives empêchant les politiques, les activités et les investissements du secteur d’entraîner des accaparements de terres et des flambées des prix alimentaires.

On estime que d’ici à 2020, les politiques européennes en matière d’agrocarburants pourraient à elles seules faire grimper les prix des huiles végétales de 36 % et ceux du maïs et du sucre de 22 % et 21 % respectivement.

Pour Clara Jamart d’Oxfam France :

« Les faits sont là. L’Europe et les États-Unis, en particulier, ont contribué à déclencher une course mondiale aux agrocarburants qui chasse des populations de leurs terres et qui pousse les prix alimentaires à la hausse, tandis que les grandes sociétés amassent les bénéfices. La France n’est pas en reste puisque cédant aux lobbies agro-industriels, elle s’apprête à soutenir une position catastrophique sur la question du soutien aux agrocarburants lors du prochain Conseil européen ».

« Le CSA offre aux États l’occasion unique de voir au-delà des intérêts économiques à court terme et de donner la priorité à l’alimentation et aux populations. Les gouvernements devraient accepter de supprimer tous les objectif d’incorporation, les subventions et les avantages fiscaux en faveur des agrocarburants qui nuisent à la sécurité alimentaire en favorisant la volatilité des prix alimentaires et les accaparements de terres ».

Si la FAO vient d’annoncer une baisse du nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde, Oxfam souligne qu’à ce rythme, il faudra encore 10 ans pour atteindre l’objectif international de réduire de moitié ce nombre, la date butoir étant à l’origine fixée à 2015. L’organisation souligne également qu’un million de personnes supplémentaires souffrent de la faim dans les régions sub-saharienne et Proche-Moyen Orient par rapport à la période 2008-2009.
842 millions de personnes souffrent de la faim, alors que la surface agricole nécessaire pour alimenter les voitures européennes en agrocarburant pourrait permettre de nourrir 127 millions de personnes par an.

Pour Oxfam, les États doivent s’engager à un calendrier précis de mise en œuvre des Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers. Adoptées par les États au CSA de mai 2012, ces Directives sont le fruit d’un processus de négociation auquel ont participé la société civile, des organisations internationales et le secteur privé. Leur mise en œuvre contribuerait à garantir l’accès des petits producteurs agricoles à la terre et aux autres ressources naturelles.

Le CSA, qui réunit tous les États, la société civile, des organisations internationales, ainsi que le secteur privé, offre en outre l’occasion de progresser dans le domaine des investissements agricoles, afin d’assurer qu’ils bénéficient aux paysans et paysannes et d’établir des principes pour des investissements agricoles responsables.

Notes aux rédactions :

La 40e session annuelle du CSA se tiendra du 7 au 11 octobre : ttp://www.fao.org/cfs/cfs-home/csa-40/fr

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