En un an,  l’équivalent de huit bus d’écoliers et d’écolières ont trouvé la mort directement à cause des combats qui ravagent le pays.

Il y a un an, une frappe aérienne touchait un bus d’école à Sa’ada, tuant 41 élèves. Depuis cette date, plus de 300 enfants sont morts et près de 600 autres ont été blessés, alors que les ventes internationales d’armes continuent à alimenter le conflit.

Depuis le 9 août 2018, 335 enfants ont été tués dans des attaques violentes, y compris des frappes aériennes, des mines et des bombardements, soit l’équivalent de huit autres bus d’écoliers et d’écolières. A ce constat s’ajoute, selon l’ONU, le très grand nombre d’enfants morts de faim et de maladie du fait de la grave crise humanitaire qui touche le pays depuis l’ouverture des hostilités.

Muhsin Siddiquey, directeur pays Oxfam au Yémen, déclare : « Le monde a été à juste titre consterné par l’attaque qui a coûté la vie à tant de jeunes écoliers innocents. Près d’un enfant par jour a été tué depuis lors, et la violence continue de toucher les Yéménites au quotidien, sans parler de la faim et des maladies. »
« Un cessez-le-feu à l’échelle nationale doit être décrété de toute urgence afin d’éviter que d’autres vies ne soient perdues à cause de cette guerre horrible et de la crise humanitaire qu’elle a engendrée. Toutes les parties au conflit et les entités qui ont de l’influence sur elles doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin sans délai à cette guerre meurtrière. »

Depuis la publication des derniers chiffres, le nombre d’enfants tués ou blessés a augmenté. La semaine dernière encore, une attaque contre un marché a fait au moins 10 morts à Sa’ada, dont des enfants, tandis qu’à Taizz, cinq enfants ont été blessés dans des bombardements.
Les frappes aériennes et les bombardements à Al Dale’e en mai ont tué 10 enfants. En mars, cinq enfants ont été tués lors d’affrontements dans la ville de Taizz tandis que 14 autres ont trouvé la mort dans une attaque perpétrée dans le district de Kushar du gouvernorat de Hajjah. Au cours de l’année, on a recensé trente incidents touchant des écoles et dix-huit incidents ont touché des hôpitaux.

Un conflit qui entre dans sa cinquième année

Le conflit entre les Houthis et le gouvernement internationalement reconnu, soutenu par une coalition internationale qui comprend l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, entre dans sa cinquième année. D’après les estimations des Nations Unies, si la guerre se poursuit jusqu’en 2022, plus d’un demi-million de personnes succomberont aux combats, à la faim et à la maladie.
Les Houthis et le gouvernement internationalement reconnu du Yémen sont parvenus à un accord à l’issue de pourparlers en décembre. Cet accord comprenait l’établissement d’un cessez-le-feu au port de Hodeidah, une enclave stratégique, mais les mesures visant à le mettre en œuvre ont longtemps été retardées.

Le gouvernement et la coalition dirigée par les Saoudiens ont accusé les forces houthis d’avoir violé l’accord de Stockholm à 5 000 reprises, tandis que les Houthis ont à leur tour accusé la coalition et les forces gouvernementales d’y avoir porté atteinte plus de 27 000 fois.

Mettre fin aux ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis


La pression s’accroît sur la communauté internationale pour qu’elle cesse de vendre des armes à l’Arabie saoudite et à d’autres membres de la coalition.

Pour Nicolas Vercken, Directeur du plaidoyer et des campagnes à Oxfam France : « Contrairement à ses voisins, la France continue de rester sourde aux appels des ONG et aux souffrances de la population yéménite, privilégiant la poursuite de ses exportations d’armes à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis. »

« En Italie, en Allemagne, au Royaume-Uni ou encore en Belgique, des progrès notables ont été fait ces dernières semaines par les parlementaires et la justice pour interdire l’exportation d’armes aux parties au conflit au Yémen. Il est plus que temps pour la France de s’inscrire dans le respect du droit international, de prendre en compte les droits et la vie des populations victimes du conflit, et de mettre fin à ces exportations meurtrières. »
Comme l’affirme M. Siddiquey : « Soixante-dix ans après l’adoption de la Convention de Genève, qui vise à protéger les civils dans les zones de conflit et autour de celles-ci, les enfants du Yémen se trouvent toujours dans la ligne de mire. »
« La communauté internationale devrait s’efforcer de protéger la population civile yéménite et mettre fin à cette guerre, au lieu d’en tirer profit à travers la vente d’armes. »

Contact presse :

Marion COSPEREC – mcosperec@oxfamfrance.org – 07 68 30 06 17

Notes aux rédactions :

  • Les données sur le nombre d’enfants tués et blessés ont été fournies par le Civilian Impact Monitoring Project (CIMP) des Nations Unies. Il s’agit de renseignements non vérifiés tirés du domaine public. Les pertes civiles sont également recensées dans le cadre du projet ACLED (Armed Conflict Location and Event Data Project) et du Yemen Data Project. Aucune de ces sources n’est officielle. Eu égard aux difficultés de travailler au Yémen, les chiffres provenant de ces trois sources ne concordent pas toujours.
  • Les données du CIMP révèlent que 335 enfants sont morts et 590 ont été blessés entre le 9 août 2018, date de l’attaque du bus à Sa’ada, et le 3 juillet 2019.
  • Le gouvernement et la coalition accuse les forces houthis d’avoir violé à plus de 5 000 reprises l’accord de Stockholm depuis son entrée en vigueur le 23 décembre 2018 et jusqu’au 10 juin 2019. Les Houthis allèguent quant à eux que le gouvernement et la coalition y ont porté atteinte 27 714 fois entre le 23 décembre 2018 et le 2 juillet 2019.
  • « Yémen : lettre de 19 ONG aux parlementaires français sur le rapport du Ministère des armées ».