Prévenir la crise alimentaire au Sahel : Oxfam France lance un appel à dons

Au Sahel, près de 16 millions de personnes sont gravement menacées par la crise alimentaire qui couve depuis plusieurs mois dans la région.

Les populations les plus vulnérables, notamment les femmes, les petits éleveurs, les ménages pauvres, ceux qui dépendent de la migration saisonnière ainsi que les communautés vivant dans les zones touchées par l’insécurité alimentaire, sont susceptibles d’être les plus affectées.

Oxfam, présente dans la région depuis près d’un demi-siècle, intensifie actuellement ses opérations d’urgence afin de venir en aide aux populations les plus vulnérables. L’association s’est fixé l’objectif d’apporter une assistance humanitaire à 1 million de personnes à travers six pays (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad). Pour atteindre cet objectif, elle estime ses besoins à 37 millions de dollars. Parallèlement, élément indissociable de cette action, Oxfam et ses partenaires renforcent, y compris dans le cadre de cette réponse d’urgence, leur travail de promotion de politiques et d’actions de long terme qui contribuent à renforcer les agricultures paysannes de la région, et donc, par un travail sur les causes de la situation actuelle, à prévenir les crises à venir.

Pour financer ces actions, Oxfam France lance un appel à dons destiné à soutenir ses activités et celles de ses partenaires dans le Sahel, ainsi que le travail mené sur les causes profondes de la crise. L’objectif : éviter que de telles situations ne se répètent dans une région où, chaque année ‘normale’, hors période de crise, 300 000 enfants meurent de maladies liées à la malnutrition.

« La situation est d’ores et déjà très préoccupante pour les éleveurs de toute la région du Sahel. A l’insécurité physique lié au conflit du Nord Mali et au Nord Nigeria s’ajoutent la forte pression sur les maigres ressources pastorales, l’envolée des cours des céréales et l’effondrement des prix du bétail, le fort taux d’abandon scolaire dans les écoles nomades et l’apparition de certaines épizooties dans les foyers à forte concentration« , explique Hassane Baka, membre du Réseau Billital Maroobe.

« Pour apporter des solutions efficaces et durables à la crise alimentaire au Sahel il est impératif d’agir sur les politiques agricoles et de faire confiance aux exploitations familiales« , souligne Ramatou Abdou Beidi, du Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest.

Ces deux partenaires d’Oxfam au Niger sont aujourd’hui à Paris pour témoigner des difficultés grandissantes sur le terrain et mobiliser les donateurs en faveur du Sahel pour que des vies soient sauvées.

« Pour faire face au danger de la faim il faut impérativement agir sur le cycle infernal de la pauvreté. Cela est possible mais il est essentiel d'agir vite. Le temps est compté, nous devons intervenir avant que, par désespoir ou faute de choix, les familles concernées ne soient réduites à vendre tout ce qu'elles possèdent et dont elles ont besoin pour vivre et assurer, aujourd'hui et demain, les moyens de leur subsistance« , affirme Imma de Miguel d’Oxfam.

« Ce dont souffre aujourd’hui la région, ce n’est pas seulement de problèmes météorologiques mais bien de l’effet des dysfonctionnements des marchés mondiaux de denrées alimentaires et des conséquences des mauvais choix en matière de développement ou de politiques agricoles prises par des gouvernements successifs, le plus souvent sous l’influence de leurs partenaires internationaux« , conclut Luc Lamprière, directeur d’Oxfam France.

Cette crise est provoquée par la combinaison de nombreux facteurs, à la fois conjoncturels et structurels. Les aléas climatiques et naturels (sécheresse, pluies irrégulières, attaques d’insectes), ainsi que les conflits politiques qui déstabilisent l’ensemble de la région, précipitent dans la crise des populations structurellement vulnérables, fragilisées par une pauvreté endémique, conséquence directe des choix de développement faits par les gouvernements successifs, sous l’influence de leurs partenaires internationaux.

Les prix des denrées alimentaires sont en moyenne de 25 à 50% plus élevés que la moyenne de ces cinq dernières années et selon la FAO, la production agricole dans la région est de 25% inférieure à celle de 2010. Pour Luc Lamprière : « Ce n'est pas uniquement un problème de production auquel nous faisons face ici car il existe des denrées alimentaires suffisantes pour nourrir toute la population sahélienne. En revanche, la hausse des prix des céréales et leur volatilité empêchent les populations les plus pauvres de pouvoir se procurer ces denrées pour manger à leur faim. Oxfam se bat pour que les marchés alimentaires mondiaux ne souffrent plus de comportements spéculatifs excessifs qui plongent des populations entières dans des situations d’insécurité alimentaire« .

Tous les signaux indiquent que cette situation de grande vulnérabilité, aggravée par des facteurs naturels et climatiques, évoluera en crise alimentaire sévère dans les prochains mois si aucune intervention d’envergure n'est entreprise. Les conséquences attendues sont notamment l’augmentation des taux de malnutrition, l'épuisement des moyens d’existence et des biens, et la remise en cause des conditions nécessaires à un développement durable incluant les populations les plus vulnérables.

Contact presse

Mathilde Magnier / 01 77 35 76 00 / magnier@oxfamfrance.or

Notes aux rédactions

ossier de presse d’Oxfa sur la crise alimentaire au Sahel.

– Le Sahel est une région écologiquement fragile et chroniquement vulnérable à l’insécurité alimentaire. Au cours d’une année ‘normale’, la malnutrition chronique touche 50% des enfants de moins de cinq ans. Le taux de malnutrition aiguë global est estimé à 14% des enfants – il se situe constamment au-dessus des 10%, taux que l'UNICEF définit comme le niveau d'urgence.

– Au Niger, Oxfam et ses partenaires viendront en aide à 450 000 personnes grâce à la création de projets d’aide comprenant la distribution de bons d’achat aux familles les plus vulnérables dans les régions de Tillabery et Tahoua. Les partenaires développent également des programmes d’eau et d’assainissement, le rétablissement de banques céréalières et la réfection des bâtiments publics entre autres activités.
Oxfam soutiendra également les familles les plus pauvres qui accueillent les réfugiés en provenance du Mali. Au début de l’année, Oxfam a également mené un programme de transfert monétaire dans la ville de Dakoro et d’autres ont été lancés dans au total 23 villes des régions de Madaoua et Doutchi.

– Le Réseau des organisations d’éleveurs et pasteurs du Sahel « Billital Maroobé » a été créé en 2003 au Burkina Faso par l’AREN du Niger, le CRUS du Burkina Faso et TASSAGHT du Mali pour répondre aux défis actuels des éleveurs africains : la sécheresse, les crises alimentaires à répétions, l’accès à l’eau, aux nouvelles techniques et aux aliments de bétail et l’intégration des éleveurs et pasteurs dans l’élaboration des politiques.
illital Maroob en collaboration avec des organisations comme OXFAM intervient dans les communautés pour la sécurisation de l’élevage au Sahel et milite pour une gestion saine et équitable des ressources naturelles essentielles que sont : la terre, l’eau et les pâturages. Il agit également pour que les gouvernements intègrent les éleveurs dans le processus d’élaboration des politiques nationales et sous – régionales de développement de l’élevage. La promotion du rôle socio-économique des femmes éleveurs au Sahel a une place centrale dans le travail du réseau Billital Maroobe.

– Le Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest ([ROPPA->http://www.roppa.info/ ]) est une initiative propre aux organisations paysannes et de producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest. Il regroupe 13 organisations paysannes nationales membres (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Sénégal, Sierra Leone, Togo) et des organisations paysannes membres associées (Cap-Vert, Nigéria). Le ROPPA milite depuis plus d’une décennie pour l’amélioration et la prise en compte des exploitations familiales dans les programmes / politiques agricoles et économiques aux niveaux national et régional. Il tente de trouver (par la recherche, la formation, le plaidoyer, la concertation et le dialogue politique) des solutions aux défis auxquels les organisations paysannes et les exploitations familiales sont confrontées dans un contexte marqué par les changements climatiques, la crise foncière, la concurrence des produits agricoles et agroalimentaires importés, les effets récurrents de la crise alimentaire.

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