Publication des chiffres de l’aide publique au développement : pour Oxfam France, la France est encore loin de ses engagements

Alors que l’OCDE publie ce lundi les chiffres de l’aide publique au développement (APD), Oxfam Francei souligne les efforts insuffisants de la France : une aide qui demeure très loin de ses engagements [[Les pays du G8 se sont engagés lors du sommet de Gleneagles, en Ecosse en 2005, de doubler les montants de leur aide de publique au développement entre 2005 et 2010 : soit une augmentation de 50 milliards de dollars par an d’ici à 2010, dont la moitié pour le continent africain.]] et sans véritable stratégie.

Les chiffres publiés par le Comité d’aide au développement (CAD) montrent une augmentation de 10,2% de l’aide publique au développement entre 2007 et 2008 des principaux pays donateurs ; soit une APD globale de 119.8 milliards de dollars pour 2008.

Alors que la crise économique mondiale fragilise encore plus les économies des pays les plus pauvres, ces chiffres mettent en évidence l’absence d’une dynamique forte et cohérente des pays les plus riches en faveur du développement : au regard des objectifs qu’ils se sont fixés depuis l’an 2000 et des engagements internationaux pris par les pays les plus riches, les sommes dépensées sont toujours très insuffisantes pour combler les retards pris en matière de lutte contre la pauvreté.

« L’augmentation globale de l’aide est l’arbre qui cache la forêt : la légère augmentation de 2008 ne permet pas de rattraper le retard pris ces dernières années. A quelques jours du G20, la publication de ces chiffres rappelle le rôle crucial de l’aide au développement pour les pays du Sud touchés de plein fouet par la crise actuelle. Sans un engament fort des pays riches, et de la France en particulier, un trait sera tiré sur les récentes avancées en matière de développement, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation » affirme Sébastien Fourmy, d’Oxfam France.

– Après l’Allemagne qui avait déjà doublé la France en 2007, c’est maintenant le Royaume Uni qui dépasse la France. La France demeure certes le quatrième bailleur de fond international en volume (désormais derrière les Etats – Unis, l’Allemagne et le Royaume Uni).

– Surtout, comparés à, la taille de son économie, les efforts de la France sont de plus en plus limités : la France consacrait 0,47% de son RNB à l’APD en 2006, en 2008 ; elle est tombée à 0,39%.

– D’après les calculs d’Oxfam France, pour atteindre les engagements pris en en 2005 avec les autres pays du G8 de doubler l’aide au développement d’ici à 2010, la France devrait augmenter son aide publique au développement de 28% par an.

Mais au-delà des chiffres, Oxfam France souligne l’absence d’une stratégie de la coopération française clairement définie. Pour clarifier enfin les positions de la France en matière de développement, l’association demande la réunion d’urgence après le G20 d’un comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) Présidé par le Premier ministre, le CICID est composé des 12 ministres les plus directement concernés par les questions de développement (tout ministre du Gouvernement peut être appelé à participer à une réunion du CICID). Un représentant du Président de la République prend part à ses travaux. Le CICID s’est, à ce jour, réuni à huit reprises, les 28 janvier 1999, 22 juin 2000, 14 février, 11 décembre 2002, 20 juillet 2004, 18 mai 2005, 19 juin 2006 et 5 décembre 2006.], une instance qui n’a jamais été convoquée depuis l’élection de Nicolas Sarkozy.

« Y-a-t-il vraiment une politique d’aide au développement en France ? On peut en douter quand on sait que c’est le CICID, qui n'a pas été réuni depuis deux ans, qui définit les axes prioritaires de la politique française d’aide au développement. L’aide française est moins prévisible que jamais. Aucun engagement ferme sur plusieurs années n’a été pris, aucune orientation sectorielle ou géographique n’a été validée » ajoute Sébastien Fourmy.

Après une chute brutale de 16,2% en 2007, l’APD de la France a augmenté de 2,9% en 2008 pour atteindre 10,957 milliards de dollars, soit 0,39% du Revenu national brut (RNB). Seule bonne nouvelle : la France respecte ses engagements multilatéraux, comme envers le Fonds européen de développement ou le Fonds mondial. Mais, comme le soulignait Oxfam France dès novembre 2008 Oxfam France avait rendu public en novembre 2008 une liste de 55 projets d’aide bilatéraux en Afrique sub-saharienne menacés de coupes. Malgré les engagements du Secrétaire d’Etat à la coopération, Alain Joyandet, quelques mois après cette révélation, les explications restent confuses.], l’aide bilatérale consacrée aux secteurs sociaux dans les pays les plus pauvres est sacrifiée, en particulier en Afrique Sub-saharienne.

Selon Sébastien Fourmy, « Pour augmenter le volume de son APD, la France passe pour l’essentiel par une augmentation massive des prêts aux pays émergents et des annulations de dette, au détriment d’un réel effort budgétaire dans les secteurs sociaux ».

En effet, le détail des chiffres de l’APD de la France dans le domaine de la santé, qu’Oxfam France s’est procuré, montrent que les montants servant directement la lutte contre la pauvreté sont bien inférieurs aux chiffres présentés. Comme chaque année, la France inclut dans son APD les frais d’écolage, l’accueil des réfugiés et l’ensemble des annulations de dette. Ces dépenses, nécessaires par ailleurs, ne contribuent pas toutes directement au développement des pays du Sud. Elles ne devraient donc pas être comptabilisées totalement dans le calcul de l’APD.

Notes

ommuniqué de presse Oxfam France du 23 octobre 200 « Le gouvernement met un coup d'arrêt aux projets de développement en Afrique sub-saharienne »
https://www.oxfamfrance.org/php/cp_apd_231008_ofai_fr.php

– [Communiqué de presse Oxfam France du 6 novembre 2008->https://www.oxfamfrance.org/php/cp_apd_061108_ofai_fr.php] « Aide publique au développement : Oxfam France contredit les déclarations d’A. Joyandet »
https://www.oxfamfrance.org/php/cp_apd_061108_ofai_fr.php

L’APD totale des 22 pays du CAD de l’OCDE atteint, en 2008, 119,8 milliards de dollars, soit une augmentation de 10,2% par rapport à 2010.

En 2008, l’APD de la France a augmenté de 2,9% par rapport à 2007. Elle s’élève à 10,957 milliards de dollars, dont 899 millions d’annulation de dette. L’APD représente 0,39% du RNB en 2008, contre 0,38% en 2007. En comparaison, les dépenses de défense de la France sont de l'ordre de 50 milliards d'euros, soit 5 fois plus que l’APD, (Projet de loi de finances pour 2009 : Défense)

La France est en 13ème position en terme de pourcentage du RNB consacré à l’APD : derrière la Suède (0,98%), le Luxembourg (0,92%), la Norvège (0,88%), le Danemark (0,82%), les Pays-Bas (0,80%), l’Irlande( 0,58%), la Belgique (0, 47%), l’Espagne (0,43%), le Royaume Unis (0,43%), la Finlande (0, 43%), l’Autiche (0,42%) et la Suisse (0;41%),

Malgré l’augmentation de l’APD en 2008, l’aide à l’Afrique Sub-saharienne, n’a augmenté que de 0.4% : elle s’élève à 22.5 milliards sur 119.6 milliards annoncés par l’OCDE.

Selon le FMI, l’ampleur de la crise à venir dans 22 pays particulièrement vulnérables, en majorité en Afrique subsaharienne nécessite un plan de sauvetage de 25 milliards de dollars. Dans un « scénario catastrophe », le FMI estime alors que 48 pays en difficulté auraient alors besoin de 138 milliards de dollars. 25 milliards de dollars représentent la moitié de l'aide au développement supplémentaire promise par le G8 et jamais honorée depuis 2005, mais aussi la moitié de ce que Madoff a détourné.

Oxfam France a calculé que les seuls bonus accordés à la direction d’AIG permettraient de former et rémunérer des enseignants pour plus de 6 millions d’enfants en Afrique. Les 165 millions de dollars de bonus d’AIG comparé au salaire d’un enseignant en Afrique sub-saharienne, payé en moyenne 1 000 dollars par an, pour une classe de 40 élèves, permettrait d’enseigner à 6,6 millions d’enfants.

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