Qui veut gagner 1 milliard ? Les G8 et G20 comblent le « manque à aider » de l’APD

Alors que la France prend ce jour la présidence du G20, elle augmente son aide publique au développement (APD) 2010 d’un milliard d’euros par rapport aux prévisions. Elle se rapproche ainsi de ses engagements internationaux, avec une APD représentant 0,5% du RNB en 2010 (contre 0,51% promis). L’appel des ONG sur le « manque à aider » d’un milliard a-t-il été entendu, ou la France redore-t-elle simplement son image avant les sommets internationaux ? Et d’où vient le nouveau milliard, voué à disparaître en 2011, une fois les sommets passés…

Communiqué de presse de Coordination Sud


Un débat parlementaire sur des chiffres désormais obsolètes

_ Le 2 novembre, à l’Assemblée nationale, les députés débattaient des crédits d’APD dans le projet de loi de finances 2011, alors même que les informations relatives à ces crédits ne leur avaient pas été transmises par le gouvernement. « Nous sommes confrontés cette année à un phénomène inédit : pour la première fois, nous n’avons pas reçu les documents nécessaires à l’examen de ce programme. Le Parlement n’est donc pas complètement informé», dénonce Henri Emmanuelli, rapporteur spécial de la commission des finances pour la mission APD. « Nous allons voter un budget sans disposer de tous les éléments d'analyse (…) La représentation nationale n'est pas en mesure d'effectuer le contrôle qui lui incombe » renchérit Henriette Martinez, rapporteure pour avis de la Commission des affaires étrangères pour la mission APD . Le vote aura pourtant lieu. Une semaine plus tard, les chiffres changent ! Alors que le 2 novembre, Anne-Marie Idrac, alors secrétaire d’État chargée du commerce extérieur, annonçait sur le montant de l’APD : « en 2010, nous nous situerons, avec 0,44 %, au bas de la fourchette annoncée. En 2011, nous devrions être aux alentours de 0,5% », le document de politique transversale intervertit les chiffres et dévoile une APD 2010 à 0,5% du RNB (9,6 milliards d’euros)…pour retomber à 0,47% en 2011 (8,6 milliards d’euros environ).
« Nous dénoncions justement le 28 octobre dernier 1 milliard d’euros de « manque à aider » dans l’APD ! » rappelle Sébastien Fourmy d’Oxfam France, membre de la commission APD et financements innovants de Coordination SUD. Nous nous réjouissons de cette augmentation soudaine, mais nous interrogeons sur la rechute de l’APD à 0,47% en 2011, une fois la présidence française des sommets des G8-G20 passés… L’APD n’est pas un outil de communication au service de l’image internationale de la France ! »

Aux origines du nouveau milliard : + 80% de prêts, au détriment des pays pauvres
_ Bonne nouvelle en surface, une partie de la hausse de l’APD 2010 s’explique par une augmentation de 80% des prêts octroyés par l’Agence française de développement : ceux-ci passent de 1 milliard en 2009 à 1,8 milliard en 2010. Une augmentation dont ne pourront donc pas bénéficier les 14 pays pauvres prioritaires, non solvables, et dont ne profiteront que les pays émergents et à revenu intermédiaire. « La priorité affichée d’affecter l’aide aux pays les plus pauvres, en particulier à l’Afrique subsaharienne, est illusoire, dénonce Jean-Louis Vielajus. La priorité aux prêts exclut par exemple le soutien à l’agriculture vivrière et aux petits paysans dans les pays les moins avancés (PMA), incapables de répondre aux critères d’éligibilité de l’AFD. Une augmentation significative des dons est indispensable pour répondre à l’objectif de lutte contre la pauvreté et les inégalités dans le monde.»

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Oxfam France est membre de Coordination SUD – Solidarité Urgence Développement, la coordination nationale des ONG françaises de solidarité internationale. Fondée en 1994, elle rassemble aujourd’hui plus de 130 ONG, dont une centaine via six collectifs (CLONG-Volontariat, CNAJEP, Coordination d’Agen, CRID, FORIM, Groupe Initiatives) qui mènent des actions humanitaires d’urgence, d’aide au développement, de protection de l’environnement, de défense des droits humains auprès des populations défavorisées mais aussi des actions d’éducation à la solidarité internationale et de plaidoyer.

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