RD Congo : Oxfam France appelle Bernard Kouchner à obtenir l’envoi d’une force de l’UE

Alors que de nouvelles consultations à Bruxelles sur l’éventuel envoi d’une force européenne ont été demandées cette semaine par Bernard Kouchner et que le ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht, a reconnu que l'envoi en République démocratique du Congo (RDC) de troupes européennes était plus qu’hypothétique, Oxfam France accuse les Etats membres de l’Union européenne de faire la sourde oreille face aux souffrances des populations de l’Est de la RDC.

Oxfam France exhorte donc les Etats membres de l’Union européenne, et en particulier la France, présidente de l’Union européenne, à œuvrer de toute urgence en faveur d’un déploiement rapide d’une force européenne de maintien de la paix en RDC.

Le Conseil de Sécurité de l’ONU a récemment donné son accord à l’envoi de 3 000 casques bleus supplémentaires pour renforcer la mission de l’ONU en RDC, mais leur déploiement pourrait prendre jusqu’à six mois. L’Union européenne a elle la possibilité de déployer une force qui pourrait dès aujourd’hui protéger efficacement les civils et ce jusqu’à l’arrivée des renforts de la MONUC.

« La France a déjà prouvé son fort engagement politique en incitant le Conseil de sécurité de l’ONU à autoriser le déploiement de troupes supplémentaires de la MONUC au Congo. Mais les populations du Nord Kivu ont besoin de toute urgence d’une plus grande protection et si certains gouvernements de l’UE sont prêts à y contribuer, c’est l’ensemble des Etats membres qui doivent honorer leur responsabilité de protéger les civils pris entre deux fronts. Bernard Kouchner doit maintenant mobiliser l’ensemble des volontés politiques et obtenir un accord sur un déploiement rapide d’une force européenne de maintien de la paix » déclare Nicolas Vercken, d’Oxfam France.

Depuis deux jours, les combats ont repris dans la zone de Masisi, à 60 km de Goma, capitale du Nord Kivu, forçant des milliers de personnes à abandonner leurs habitations et les agences humanitaires à évacuer la ville principale.

Durant le weekend, une flambée de violence dans la ville frontalière d’Ishasha, plus à l’Est, a forcé plus de 13 000 civils à prendre la fuite vers l’Ouganda.

« Ce n’est pas parce qu’on parle moins de la crise au Nord Kivu que cela signifie que la catastrophe humanitaire est en voie d’être résolue. Les populations ne peuvent attendre six mois supplémentaires pour recevoir plus de protection. Les combats se poursuivent entre les différentes factions, de nombreux hommes en armes continuent de semer la terreur à travers la population de la région et des milliers de Congolais sont chaque jour forcés de fuir leurs habitations » affirme Juliette Prodhan, directrice d’Oxfam Grande-Bretagne en RDC.

A 150 km au Nord de Goma, la situation humanitaire est critique dans la ville de Kanyabayonga, dont les 60 000 habitants ont dû fuir il y a deux semaines les saccages, pillages et viols d’hommes armés. Oxfam Grande-Bretagne a été en mesure de reprendre l’approvisionnement de la population en eau potable dans la région, mais l’insécurité qui continue de sévir empêche les agences humanitaires de travailler plus de deux heures par jour sans avoir à se retirer dans des zones plus sûres à la tombée de la nuit.

« Environ la moitié des habitants de Kanyabayonga dorment encore dans les bois parce qu’ils craignent d’être dévalisés ou violés chez eux. Cultiver, vendre ou acheter des biens alimentaires nécessaires à sa survie est devenu un risque mortel à cause du nombre d’hommes armés rôdant dans la région » ajoute Juliette Prodhan.

Dans le même temps, les personnes réfugiées dans les deux camps de Kibati et aux alentours, à quelques kilomètres de Goma continuent de subir violences, viols et pillages.

« Il ne suffit pas de reconnaître la souffrance des civils en RDC. Lundi prochain, le Ministre français des Affaires étrangères assistera à la dernière réunion de ses homologues européens où il aura le statut de représentant du président de l’Union européenne : il ne peut pas revenir les mains vides » conclut Nicolas Vercken.

NOTES :

Oxfam France a lancé une campagne urgente de mobilisation et d’interpellation des pouvoirs publics – « Massacre en cours ! » – pour que la France, l’Union européenne et les Nations unies s’engagent fermement en faveur de la protection des civils et de l’établissement d’une paix durable en République démocratique du Congo : ttp://www.oxfamfrance.org/rd

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