Réaction aux chiffres de l’OCDE sur l’aide au développement : des engagements français encore insuffisants

Les chiffres de l’OCDE révèlent que l’aide publique au développement a été coupée d’un cinquième sous le quinquennat de François Hollande.

L’OCDE a publié ce matin les chiffres de l’aide publique au développement (APD): avec 0,38% de sa richesse nationale consacrée à l’APD en 2016, contre 0,45 % en 2012, l’aide française a été amputée de 2,4 milliards d’euros durant le quinquennat de François Hollande. Les données de l’OCDE révèlent une légère hausse de l’aide française en 2016 mais ce revirement tardif n’a pas suffi à rattraper le retard de la France par rapport aux autres grands pays européens.

Alors que des pays comme le Royaume-Uni, l’Allemagne ou encore le Danemark ont atteint l’objectif fixé par les Nations unies de consacrer 0,7 % de leur revenu national brut (RNB) à l’APD, la France est encore très loin du compte.

« Malgré l’explosion des inégalités mondiales et les menaces liées au changement climatique, l’aide de la France a été coupée de 21% depuis le début du mandat de François Hollande. La France se retrouve à la 12e place des pays contributeurs d’aide en proportion de sa richesse nationale. C’est inacceptable sachant que nous sommes la 5e puissance économique mondiale ! » s’indigne Michael Siegel d’Oxfam France.

A moins de deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle en France, des candidats se sont engagés à redresser la barre. Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon ont promis d’atteindre les 0,7 % d’ici 2022 et de renforcer la taxe sur les transactions financières, ce qui permettrait de dégager entre 1 et 2 milliards d’euros supplémentaires par an pour la lutte contre la pauvreté et le changement climatique.

« Oxfam France salue la promesse d’Emmanuel Macron d’atteindre l’objectif des 0,7 % mais il faut rester vigilant, explique Michael Siegel. Emmanuel Macron refuse toujours de s’engager à y parvenir d’ici la fin du prochain mandat. S’il souhaite vraiment se démarquer du bilan décevant de François Hollande sur l’aide, il devra prendre des engagements beaucoup plus forts en faveur de la solidarité internationale, y compris avec une taxe élargie sur les transactions financières », s’inquiète Michael Siegel.

François Fillon, quant à lui, fait mine d’ignorer l’engagement international pris par la France sur l’objectif des 0,7 % et insiste pour mettre l’aide au développement au service des intérêts sécuritaires et migratoires de la France.

« La politique de François Fillon aboutirait à pervertir le sens même de l’aide en la détournant des plus vulnérables. Or, pour que l’aide au développement soit efficace, il faut qu’elle aille en priorité vers celles et ceux qui en ont le plus besoin » prévient Michael Siegel.

Une telle politique ne ferait qu’aggraver une situation déjà alarmante. Seul un cinquième de l’aide bilatérale française est aujourd’hui réellement affectée aux pays les plus pauvres, les quatre cinquièmes restants étant une aide accordée par l’Agence Française de Développement, en majorité sous forme de prêts vers les secteurs solvables dans les pays à revenus intermédiaires. Depuis 2006, les prêts dans l’aide publique au développement française ont ainsi triplé de volume tandis que les subventions ont été divisées par deux, délaissant ainsi le soutien aux secteurs sociaux de base (santé, éducation, eau et assainissement etc.) et les projets d’adaptation au changement climatique dans les pays les plus pauvres.

Alors que la solidarité internationale était la grande absente des derniers débats télévisés de l’élection présidentielle, Oxfam France appelle les candidats à remettre les pays les plus pauvres au cœur de la politique d’aide au développement de la France.

Contact

Merryl GOUY
mgouy@oxfamfrance.org
01 85 34 17 68

Notes aux rédactions

Les chiffres de l’OCDE sont consultables en ligne ici.

[1] L’aide publique au développement de la France était de 8 963 millions d’euros (ou 9 501 millions de dollars) en 2016, contre 11 344 millions d’euros (ou 12 028 millions de dollars) en 2012. Données en valeurs courantes (taux de conversion au 11/04/2017 : 1 EUR = 1,06 USD).

[2] L’aide publique au développement de la France a augmenté de 4,6% entre 2015 et 2016 selon les données de l’OCDE.

[3] Action-Aid France, le CCFD-Terre Solidaire, Oxfam France et le Secours catholique – Caritas France formulent à l’attention des candidat-e-s aux élections présidentielles et législatives de 2017, une série de propositions pour une France solidaire en 2017. Pour consulter la proposition sur l’aide publique au développement, rendez-vous ici : http://solidarite2017.org/nos-propositions/publier-un-calendrier-pour-les-07-laide-au-developpement

Pour l’ensemble des 15 propositions : www.solidarite2017.org