La frontière entre la Turquie et la Grèce piège des milliers de personnes en quête de protection et sécurité. La situation des îles grecques, où des milliers de personnes qui fuient la guerre et la violence sont entassées, se dégrade dramatiquement, faute d’une réponse à la hauteur de la part des autorités grecques et européennes, et en accord avec le droit international et européen. L’annonce récente faite par le gouvernement turc d’ouvrir les frontières, et la réaction de la part gouvernement grec ne fait qu’accroître la pression sur des milliers de personnes en fuite et tendre les relations avec les communautés hôtes.

Pour Jon Cerezo, responsable de campagne migrations chez Oxfam France « Les gouvernements utilisent des personnes qui fuient la violence et la persécution, comme des pions dans un jeu politique, pour éviter d’assumer leurs responsabilités. Rien ne justifie la décision de l’UE et du gouvernement grec de laisser des personnes bloquées dans un no man’s land à leurs frontières, sans accès à la nourriture, à un abri ou à des soins médicaux. Au lieu de soutenir les efforts de la Grèce pour contenir ces personnes dans le piège de sa frontière extérieure, l’UE devrait se rappeler ses obligations humanitaires et juridiques et veiller à ce que ces femmes, hommes et enfants puissent avoir accès à la protection dont ils ont besoin. »

La situation actuelle n’est qu’un rappel du manque désastreux de leadership : en 2015/2016 aucun gouvernement en Europe ne voulait prendre la responsabilité des personnes dans le besoin de protection, et en même temps l’UE conclu son accord avec la Turquie sur la migration, un accord qui était fondamentalement défectueux.

« L’annonce du gouvernement grec de ne plus accepter des demandes d’asile pendant un mois est extrêmement préoccupante. » ajoute Jon Cerezo.

L’accord UE-Turquie a fait des personnes ayant besoin de sécurité et de dignité une monnaie d’échange politique. Traiter des vies humaines comme des pions dans les négociations politiques est inacceptable et place les droits humains fondamentaux au second plan des gains politiques, en violation du droit de l’Union Européenne et du droit international.

La Grèce et ses partenaires de l’UE, y compris la France, doivent partager la responsabilité de prendre en charge les personnes qui sont dans le besoin et ont droit à la protection internationale. Plus concrètement et urgemment, les États membres de l’UE devraient réinstaller d’urgence les enfants et autres personnes vulnérables de Grèce vers des lieux vraiment sûrs, en Europe. La Grèce, avec l’aide de l’UE, doit améliorer de toute urgence la situation dramatique dans les camps de réfugiés sur les îles de la mer Égée, et transférer les populations dans des conditions sûres et dignes sur le continent.

Il est essentiel que tous les États respectent l’esprit de la Convention relative au statut des réfugiés. Il est fondamental que l’UE réalise qu’elle ne peut pas exercer efficacement son rôle d’acteur humanitaire de premier rang, lorsqu’elle continue de privilégier des politiques intéressées sur les droits et la dignité des êtres humains.

Contact presse :

Jon Cerezo, Responsable campagne humanitaire et migrations, 06 51 15 54 38