Pour Nicolas Vercken, Directeur campagnes et plaidoyer à Oxfam France:

« Les terres sont centrales dans la lutte contre la crise climatique et la faim. L’agriculture industrielle, la déforestation et la multiplication des chocs météorologiques détruisent les terres, dont nous dépendons pour notre alimentation, et les populations les plus pauvres du monde sont les plus durement touchées.

Nous devons mettre fin à l’agriculture industrielle destructrice et investir dans les approches agroécologiques qui stockent du carbone, améliorent la santé des sols et augmentent les rendements.

Les Etats doivent investir davantage dans l’agriculture familiale, en particulier en faveur des femmes agricultrices, qui souffrent le plus de la faim et sont les grandes laissées pour compte des politiques agricoles. Ils doivent également défendre les droits des peuples à leurs terres et à leurs forêts, afin que les communautés vulnérables puissent se nourrir aujourd’hui et dans le futur.

Le but des politiques doit être double : éradiquer la faim et atteindre zéro émission. Ils doivent rejeter les fausses solutions qui détournent la terre de la production alimentaire au profit de cultures destinées à la production d’énergie et à la capture de carbone. »

Notes aux rédactions :

  • L’agriculture, la production alimentaire et la déforestation, sont des facteurs importants du réchauffement climatique. Cependant changer notre gestion des terres pour la production alimentaire et réduire la surconsommation (réduction du gaspillage, transition vers des régimes alimentaires moins carnés) peuvent être une solution majeure à la crise climatique.
  • Plusieurs scénarios pour éviter de dépasser le seuil de réchauffement de 1,5°C  envisagent la conversion de larges espaces de terre pour planter des arbres ou des cultures pour stocker du carbone. Cette approche risque d’exacerber la faim et les accaparements de terres. Le rapport du GIEC établit clairement qu’il y a d’autres alternatives d’utilisation des terres pour maintenir les températures en-dessous de 1,5°C (telles que l’agroécologie et l’agroforesterie) qui n’exacerberont ni la faim ni la pauvreté. Oxfam les expérimente déjà dans ses projets dans de nombreux pays en développement. Ces actions doivent être prises en parallèle des réductions d’émissions dues aux énergies fossiles.
  • Le rapport du GIEC avertit que les terres deviennent plus sèches et moins fertiles, ce qui impacte les rendements, la qualité nutritionnelle des cultures et impactera probablement les prix. Les prix des céréales pourraient augmenter de 23% dans les 30 prochaines années, une augmentation des prix qui risque de déstabiliser fortement les stocks et réserves alimentaires.
  • Le mois dernier la FAO a alerté sur l’augmentation pour la troisième année consécutive de la faim dans le monde, touchant plus de 821 millions de personnes, citant la crise climatique comme facteur déterminant. Chaque fraction de degré supplémentaire nuit à la capacité des paysannes et paysans à produire de la nourriture.
  • Oxfam, dans son rapport « Inégalités de genre et insécurité alimentaire », publié le 15 juillet 2019, souligne que les femmes sont les premières victimes à la fois de la faim et des effets des changements climatiques. Alors que ce sont souvent elles qui mettent en place des solutions agroécologiques, seules 13% d’entre elles ont accès à la terre. Leur potentiel, tout comme celui des peuples autochtones, dans la lutte contre la crise climatique est largement ignoré.

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