Pour Oxfam : « La décision de Nicolas Hulot confirme tristement le manque d’ambition flagrant du Gouvernement sur les problématiques écologiques et sociales. L’engagement et la conviction de Nicolas Hulot n’auront pas suffi à changer la teinte de la politique du Gouvernement qui aura été une succession de renoncements.

Oxfam déplore tout particulièrement le grand écart entre les discours d’Emmanuel Macron sur la scène internationale et ses actes : insuffisance des financements climat, en particulier pour l’adaptation (1), mesures allant à l’encontre du bon sens pour résoudre les crises des inégalités et climatiques qui inquiètent les citoyens. Comme Nicolas Hulot l’a relevé ce matin, le gouvernement actuel a abandonné, au profit des lobbies bancaires, le projet d’accord sur la taxe sur les transactions financières européenne qui n’attendait qu’une signature pour entrer en œuvre. Les recettes d’une telle taxe (2) auraient pourtant pu contribuer à aider les pays les plus vulnérables à s’adapter au changement climatique.

Le Gouvernement a également refusé de remettre en cause le modèle agricole dominant, en France et dans le monde, alors qu’il est urgent de s’orienter résolument vers l’agroécologie. Et il ne s’oriente pas suffisamment vite vers une transition énergétique décarbonée.

Sans la caution de la personnalité de Nicolas Hulot, l’insuffisance de l’action gouvernementale sur les questions climatiques va être d’autant plus criante. »

Pour Cécile Duflot, Directrice générale d’Oxfam France : « Nous ne pouvons plus détourner les yeux des impacts du changement climatique : au-delà de la vague de chaleur qui a frappé l’Europe cet été, ce sont actuellement près de 11 millions de personnes qui sont actuellement en insécurité alimentaire au Sahel, et plus d’un million de personnes déplacées par les inondations au Kerala. Face à ces drames, directement liés au changement climatique, l’impuissance ne peut pas être un horizon : la mobilisation collective est la seule réponse possible. Oxfam va continuer d’intervenir sur le terrain, pour aider les premières victimes du changement climatique. Mais aussi en France, comme depuis 30 ans, avec ses militant.e.s, pour davantage sensibiliser et mobiliser la population. Nous sommes convaincus qu’il est possible de véritablement faire bouger les lignes et que l’intérêt général prenne enfin le pas sur les lobbies. Nous ne laisserons pas ce gouvernement, ni n’importe quelle femme ou homme politique, prétendre ne pas savoir, ou ne rien pouvoir faire. Il en va de l’avenir de notre humanité. »

Pour Oxfam, passé la surprise, la résignation ne peut être de mise. L’ONG rappelle qu’il existe des mesures concrètes à prendre d’urgence pour faire avancer la cause climatique, en France, en Europe et dans le monde, en :

  • Affectant dans le prochain Projet de Loi de Finance l’intégralité des recettes liées à la taxe sur les transactions financières française à la solidarité internationale et à l’action climatique, y compris pour rattraper une partie du retard français en faveur de l’adaptation et des pays les moins avancés.
  • Concrétisant la création d’une TTF à l’échelle européenne sur la base du compromis permettant à la TTF européenne de récolter 22 milliards d’euros par an, majoritairement pour le développement et le climat.
  • Annonçant un apport d’au moins 2 milliards de dollars US sur 4 ans, uniquement sous forme de dons, en faveur de la recapitalisation du Fonds Vert qui doit intervenir début 2019.

S’engageant à fermer, et non vendre, toutes les centrales à charbon d’Engie et EDF, dont l’Etat est actionnaire (au total 34 dans le monde en 2016).

Contacts

Caroline Prak
cprak@oxfamfrance.org
06 31 25 94 74
Twitter : @carolineprak

Notes aux rédactions

1/ Financements climat fournis par la France :

  • La France fait figure de mauvais élève sur ses financements climat publics 2015-16 (seulement 7% de financements sous forme dons, 17% du total consacré à l’adaptation et 14% aux PMAs).
  • Lors du One Planet Summit, la France s’est engagée à porter ses financements pour l’adaptation à 1,5 md € d’ici 2020, soit 300 m€ de plus par rapport à l’engagement pris lors de la COP21. C’est insuffisant : Oxfam attendait un doublement à 2,4 md €/an d’ici 2022.

2/ Taxe sur les transactions financières :

  • Sur la TTF française, Emmanuel Macron a reculé en revenant sur son extension aux opérations intra-journalières : Le précédent parlement avait inscrit dans le budget 2017 l’extension de la taxe sur les transactions financières française aux opérations intra-journalières à partir du 1er janvier 2018. Cette extension aurait permis de générer près de 4 milliards d’euros de recettes supplémentaires chaque année, dédiées en partie au climat. Pourtant en juillet dernier, le Gouvernement a annoncé la suppression de cet élargissement. L’objectif, suite au Brexit, de faire de Paris la première place boursière en Europe, a été considéré comme prioritaire par rapport à l’impératif climatique.
  • Au niveau européen, il a suspendu les négociations menées depuis 5 ans entre dix pays membres, avant d’annoncer en juin 2018 conjointement avec Angela Meckel sa volonté de relancer les négociations mais en associant les 27 pays membres, ce qui en pratique devrait signifier la mort du processus de négociation.