Si Oxfam France se félicite que la France enregistre pour la quatrième année consécutive une hausse de 4,4 % de son aide publique au développement (à environ 10,3 milliards d’euros) l’inquiétude demeure quant au non-respect de la trajectoire sur laquelle les autorités s’étaient engagées, et alors qu’au niveau mondial la tendance est à une baisse générale de 2,7 % (à environ 153 milliards de dollars) selon les chiffres publiés aujourd’hui par l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE).

Pour Robin Guittard, porte-parole d’Oxfam France : “Face à une baisse généralisée dans le monde de l’APD, il est positif que la France elle acte une hausse de près de 500 millions d’euros de son aide. Mais alors que le Président Emmanuel Macron s’est engagé à réinvestir dans notre politique de développement, ces chiffres ne sont qu’une première étape vers l’engagement d’atteindre d’ici la fin de son mandat 0,55 % du revenu national brut contre 0,43 % à l’heure actuelle. Concrètement, l’effort à fournir reste de plus d’un milliard d’euros additionnels par an pour atteindre l’objectif de 15 milliards en 2022.”

Et de rajouter : “2019 sera l’année de vérité. Avec le G7 à Biarritz fin août et une refonte de la Loi d’orientation du développement, la France devra transformer l’essai. Au-delà d’une hausse des crédits, Oxfam appelle également à une réorientation de notre politique de développement pour qu’elle soit plus efficace, plus transparente et s’attaque en priorité à la crise des inégalités. Si la France et la communauté internationale ne répondent pas à la problématique des inégalités, tous les efforts pour accompagner les pays les plus pauvres dans leurs objectifs de développement seront inutiles.

Hier Oxfam présentait un nouveau rapport dans ce sens Droit au but ? Pour une aide au développement qui cible la lutte contre les inégalités, proposant un agenda en 10 points, mettant en avant les bonnes-pratiques et politiques publiques ayant le plus grand impact sur la réduction des inégalités, et que l’aide au développement devrait soutenir en priorité. Parmi ces 10 points : cibler en priorité les communautés les plus pauvres, investir majoritairement dans les services publics de santé, d’éducation et dans la protection sociale, accompagner les pays en voie de développement à collecter des impôts justes. Ou encore soutenir les sociétés civiles locales, garantir les droits de femmes et promouvoir l’égalité de genre.

Rapport Oxfam : la France doit mettre la lutte contre les inégalités au cœur de son action internationale

Informations complémentaires

Lors du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) de février 2018, le Gouvernement français s’était engagé sur une trajectoire pour atteindre les 0,55 % du RNB dédié à l’aide publique au développement d’ici 2022. Selon cette trajectoire, les chiffres de 2018 publiés aujourd’hui par l’OCDE sont en dessous des prévisions (0,43 % contre 0,44 %).

Concrètement, selon Oxfam France il faudra dégager au moins 1,2 milliards d’euros par an supplémentaires entre 2019 et 2022, essentiellement sous la forme de crédits budgétaires, pour respecter cette trajectoire. Cela se traduira dès le projet de loi de finance 2020 par 1,350 milliards d’euros de crédits budgétaires supplémentaires pour l’aide publique au développement.

Selon la Banque mondiale, l’extrême pauvreté ne sera pas éradiquée d’ici 2030 sans réduction drastique des inégalités et sans croissance des revenus proportionnellement plus grande des 40 % les plus pauvres.

Le gouvernement français, qui préside le G7 2019, a fait de “la lutte contre les inégalités” le thème central de sa présidence : https://www.elysee.fr/g7

La nouvelle Loi d’orientation et de programmation du développement et la solidarité internationale (LOP DSI) devrait être présentée en Conseil des ministres courant mai 2019 pour un début d’examen parlementaire au début de l’été.