Réaction d’Oxfam France aux déclarations de Michel Sapin en faveur de la spéculation financière

Hier, Michel Sapin, lors d’une réunion organisée par le Forum Financier de Paris Europlace, a indiqué, concernant la taxe européenne sur les transactions financières, qu’il « n’accepterait pas un projet qui serait déséquilibré pour notre place financière ».

Ces propos font échos aux récentes déclarations et positions du Ministre des finances qui, en moins d’un mois, s’est prononcé pour le développement des transactions les plus spéculatives sur la place parisienne [1], a déclaré son amitié pour la « bonne finance », et s’est opposé à la taxation des transactions à haute fréquence en France [2].

Pour Oxfam France, Michel Sapin est devenu le véritable avocat des intérêts du secteur financier, aux dépens des populations menacées par ses abus et appelant notamment à la mise en place d’une taxe européenne sur les transactions financières au profit de la solidarité internationale.

Pour Alexandre Naulot, d’Oxfam France :

« Michel Sapin se targue d’être l’ami de la bonne finance, celle censée être au bénéfice de l’économie réelle. Or, en moins d’un mois, le Ministre des finances nous a offert un véritable florilège de déclarations en faveur de la spéculation financière et l’économie-casino ».

« Il a récemment appelé à exclure de la taxe européenne sur les transactions financières celles portant les produits dérivés d’actions : pourtant ces activités à hauts risques ont, entre autres, déclenché l’affaire Kerviel. Il s’est opposé la semaine dernière à la taxation des transactions à haute fréquence, cette spéculation à la milliseconde dopée par les ordinateurs. Aujourd’hui, il indique qu’il n’accepterait pas un projet dommageable pour les activités spéculatives réalisées en France. Michel Sapin s’apprête ainsi à développer la place financière française aux dépens des promesses du Président de la République, à savoir réguler son ennemie la finance et mettre en place une véritable taxe sur les toutes les transactions financières ».

Un accord sur la taxe européenne sur les transactions financières devrait être signé avant décembre 2014 par les pays membres de la coopération renforcée [3]. « Nous espérons que le Président de la République saura rappeler à l’ordre le Ministre des finances et son ami le secteur financier, et arbitrer en faveur d’une taxe s’appliquant à tous les produits dérivés et au profit de la solidarité internationale, la lutte contre le sida et le changement climatique ».

Contact

Fanny Mantaux

fmantaux@oxfamfrance.org

01 77 35 76 00 / 06 51 15 54 38

Notes aux rédactions

[1] Le 17 juin dernier, Michel Sapin, dans une interview dans les Echos, a déclaré « qu’il n’est pas question que certains pays ou secteurs soient plus pénalisés que les autres. Pour ce qui concerne la future taxation des produits dérivés, il n’y pas de raison pour que la place de Paris, très en pointe sur les dérivés actions soit désavantagée par rapport aux autres.»

http://patrimoine.lesechos.fr/patrimoine/assurance/0203570172746-nous-voulons-mettre-lepargne-au-service-des-entreprises-1013505.php?8LisujuwYBEFHZtd.99

[2] Le 26 juin dernier, Nathalie Chabanne, députée des Pyrénées Atlantiques, avait présenté, comme l’ancien rapporteur général du budget Christian Eckert, l’extension de la taxe française sur les transactions financières aux transactions « intra-day ». Celles-ci concernent notamment le Trading à Haute Fréquence qui consiste à transmettre automatiquement et à très grande vitesse des ordres sur les marchés financiers, sans intervention humaine, à l'aide de programmes informatiques complexes. L’amendement a été refusé suite à la fervente opposition du Ministre des finances, Michel Sapin. Voir le compte rendu de cette discussion sur le site : http://www.nathaliechabanne.fr/category/en-seance

[3] Le 6 mai dernier, les ministres des finances souhaitant instaurer une taxe européenne sur les transactions financières, grâce à une procédure de coopération renforcée, ont indiqué qu’ils finaliseront les négociations d’ici la fin de l’année 2014. Par ailleurs, la présidence italienne de l’Union européenne a récemment indiqué qu’elle souhaitait aboutir à cet accord dans ces délais.

http://italia2014.eu/media/1246/background-note-economic-and-financial-affairs-council-8-july.pdf