Les pays riches ont publié aujourd’hui une feuille de route sur les financements climat affirmant qu’il faudra attendre 2023 pour respecter leur engagement de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour aider les nations les plus vulnérables à faire face à la crise climatique. En réaction, Armelle Le Comte, responsable du plaidoyer climat à Oxfam France, a déclaré :

« Ce plan confirme que les pays riches atteindront leur objectif avec trois ans de retard, mais omet, comme par hasard, de mentionner l’argent qui est dû aux pays les plus pauvres pour chaque année de retard. Ce manque à gagner, qui a commencé à s’accumuler en 2020, s’élèvera probablement à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Il s’agit pourtant de montants atteignables – sachant que les gouvernements ont dépensé des milliards dans le cadre des plans de relance budgétaire post-COVID, ce qui montre leur capacité à agir en cas d’urgence. Pourtant nous sommes bien dans un état d’urgence climatique.

« Ce plan ne présente pas non plus d’engagements fermes visant à augmenter la part des financements destinée à l’adaptation, ou fournis sous forme de subventions plutôt que de prêts. Il est inacceptable que les pays les plus pauvres, qui sont ceux qui ont le moins contribué au dérèglement climatique, soient contraints de s’endetter pour se protéger contre les catastrophes climatiques, telles que les sécheresses et les tempêtes.

« Il est difficile de vérifier le calendrier présenté dans ce plan car il ne dévoile pas les données et hypothèses prises par les pays riches. Il s’appuie sur les déclarations des pays donateurs, ce qui leur permet de surestimer largement la valeur du soutien qu’ils apportent. Oxfam a déjà évalué que les financements destinés spécifiquement aux actions de lutte contre le changement climatique pourraient ne représenter qu’un quart de ce qui est déclaré.

« A une semaine de la COP26, il reste très peu de temps pour que les pays riches instaurent un climat de confiance et réalisent leur objectif initial. Cela va accroître les enjeux à Glasgow, car les gouvernements des pays riches doivent s’entendre sur des normes de comptabilisation plus robustes afin de s’assurer que les financements climat sont bien utilisés, ainsi que sur un plan de financements après 2025. »

 

Notes aux rédactions

En 2009, les pays développés se sont engagés à augmenter leur financement pour le climat aux pays les plus pauvres pour atteindre 100 milliards de dollars par an d’ici 2020. A l’issue de la Conférence de Paris sur le climat en 2015 (COP21), l’objectif avait été prolongé jusqu’en 2025, de sorte que les pays riches atteignent un total de 600 milliards de dollars sur la période 2020-2025. Dans le cadre de l’accord de Paris, ils ont accepté de négocier un montant encore plus élevé qui entrerait en vigueur à partir de 2025.

Une réunion ministérielle de deux jours en juillet avait été convoquée par le président désigné de la COP26, Alok Sharma, pour discuter des questions cruciales dans le cadre des négociations climat et des actions à prendre en amont de la COP26. A l’issue de cette réunion, le Canada et l’Allemagne ont convenu de faire avancer un plan de mise en œuvre pour mobiliser 100 milliards de dollars par an de financements climat.

 

Contact

Elise Naccarato – enaccarato@oxfamfrance.org – 0617348568