Bien que le Président Macron ait fait de la lutte contre les inégalités l’agenda principal de ce sommet, les dirigeants du G7 ont échoué à prendre un quelconque engagement pour répondre à la crise qu’ils ont pourtant provoquée, a réagi Oxfam lors de la clôture du sommet.

 

« Organisé dans la ville de Biarritz, le sommet du G7 n’aura permis que des résultats minimes : gros joueurs, petits bras » dit Robin Guittard, porte-parole d’Oxfam. « Le Président Macron aura échoué à engager ses six partenaires en faveur de véritables actions pour réduire les inégalités. A la place, ce sommet n’aura abouti qu’à une multitude de déclarations vagues et à contre-courant des crises en cours et des préoccupations des citoyens. »

Les dirigeants du G7 multiplient les beaux discours pour alerter sur la gravité des inégalités qu’ils créent et aggravent eux-mêmes en étant laxistes et complices d’un système économique inégalitaire. Alors que le G7 représente 40 % de l’économie mondiale, sa responsabilité dans les inégalités est lourde : les pays du G7 permettent aux multinationales et aux ultra-riches de contrôler la politique. Cela résulte en un nivellement vers le bas l’imposition des grandes entreprises et fortunes au détriment de l’investissement dans les services publics, l’aide internationale, la protection du climat ou l’égalité femmes-hommes.

La promesse faite d’avoir un agenda féministe au G7, ambitionnant de suivre la présidence canadienne de l’année dernière, n’a abouti que sur des initiatives limitées.

Finalement, il n’est pas si surprenant que le sommet s’achève sans qu’aucun engagement ambitieux n’ait été pris pour réformer le système fiscal international, l’investissement dans les services publics comme l’éducation, la santé et la protection sociale, ou dans l’aide envers les pays les plus pauvres.

« La promesse faite par plusieurs organisations internationales (FMI, Banque mondiale, OCDE, OMC) de mettre la question des inégalités au cœur de leurs efforts est certes une avancée. Mais cela ne reste qu’un prix de consolation pour oublier l’absence d’engagement réel et significatif des dirigeants du G7 » poursuit Robin Guittard.

Tous les jours fleurissent de nouvelles coalitions de multinationales et de promesses du secteur privé : Biarritz ne fut pas l’exception. Cependant Oxfam prévient que celles-ci ne sont pas la solution pour combattre réellement les inégalités et les changements climatiques.

« Chacun doit prendre ses responsabilités pour lutter contre les inégalités et pour le climat, mais des engagements volontaires du secteur privé ne peuvent pas remplacer la mise en place par les États des nécessaires politiques publiques visant à réguler ces acteurs, » précise Robin Guittard. Si les entreprises veulent réellement être part de la solution, elles doivent le faire en commençant par payer leur juste part d’impôt dans les pays où elles opèrent, garantir l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, favoriser la transparence sur les écarts de salaires entre les PDG et les travailleurs, et rediriger leur influence politique pour répondre aux inégalités et à la question climatique, et non pas aggraver la situation. » 

Alors que le Sahel, une des régions les plus pauvres du monde, a été présenté comme une des priorités du sommet du G7, la France a totalement échoué à mobiliser les pays les plus riches du monde sur une nouvelle initiative et n’a été en mesure de ne présenter qu’un vague partenariat franco-allemand principalement centré sur des questions sécuritaires.

« Les efforts militaires n’iront nulle part sans investir massivement dans la lutte contre les inégalités, » pour Robin Guittard. « Les diverses crises auxquelles font face les populations sahéliennes – humanitaire, environnementale, sécuritaire – prennent leurs racines dans d’importantes inégalités et un profond sentiment d’injustice à travers la région. Cependant seulement 1% de l’aide publique au développement des pays du G7 est dirigé vers cette région. »

Pour Cécile Duflot : « Nous nous félicitons des annonces financières du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la France qui reconnaissent ainsi l’importance du Fonds vert pour le climat pour les populations vulnérables dont les besoins pour s’adapter aux conséquences des changements climatiques sont criants. La France doit poursuivre dans cette direction en améliorant la qualité de ses financements climat nationaux – en augmentant notamment la part dédiée à l’adaptation au changement climatique. Enfin, il est urgent que la France mette un terme aux subventions publiques aux énergies fossiles (11 milliards d’euros par an) et s’assure que les institutions publiques françaises cessent de financer ces énergies polluantes qui contribuent à la crise »

« Le temps nous est compté. Le monde ne peut plus se permettre des sommets comme celui que nous venons de vivre. Alors que les crises s’amplifient, les citoyen-n-e-s se mobilisent par millions, dans les rues et dans les bureaux de vote. La pression publique augmente avec la jeunesse qui mène le combat. Si les dirigeants n’agissent pas, ils feraient mieux de laisser leur place et de permettre aux nouvelles générations de prendre le relais. »

 

Contacts

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