Réunions de printemps FMI / Banque mondiale : Combattre la pauvreté sur 3 fronts

Pour que 2015 marque un tournant historique dans le développement.

En ce début 2015, une année qui pourrait être déterminante pour l’éradication de l’extrême pauvreté dans le monde, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) doivent absolument mettre la lutte contre les inégalités, le changement climatique et l’évasion fiscale au premier rang des priorités à l’occasion de leurs réunions de printemps, cette semaine.

Oxfam estime que ces deux institutions pourraient donner un signal fort en amont des trois grands sommets de cette année qui auront pour objet la définition de nouveaux objectifs ambitieux en matière de développement durable et de changement climatique et d’assurer le financement à long terme qui permettra à un milliard de personnes pauvres de s’affranchir de la pauvreté.

Selon l’organisation internationale, le plan « Croissance, Investissement et Prévoyance » annoncé par le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, la semaine dernière, est un début mais il ne suffira pas à mettre fin à l’extrême pauvreté dans les quinze prochaines années – sauf si lui-même et Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, font savoir à la communauté internationale que la lutte contre les inégalités et le changement climatique est un volet essentiel de ce plan.

« La pauvreté, les inégalités et le changement climatique vont de pair, souligne Nicolas Mombrial, directeur du bureau d’Oxfam à Washington. Rien que le fait de desserrer leur étau donnerait une chance au milliard de personnes vivant dans l’extrême pauvreté de se construire un avenir meilleur. »

« Il est scandaleux que nous soyons livrés pieds et poings liés à un système fiscal international défaillant, qui accroît la pauvreté des plus démunis et la richesse des plus fortunés. La crise d’Ebola nous en rappelle crûment les conséquences, alors que les recettes perdues en un an par la Sierra Leone à cause de l’évasion fiscale des entreprises ont représenté plus de huit fois ses dépenses publiques de santé. »

Les tendances actuelles indiquent que l’an prochain, le patrimoine des 1 % les plus riches dépassera celui de tout le reste de la population mondiale, alors que près d’un milliard de personnes vivent toujours avec moins de 1,25 dollar par jour. Pendant ce temps, l’accélération du changement climatique menace de faire reculer le développement.

La Banque mondiale et le FMI doivent également faire pencher la balance en faveur d’un financement des objectifs de développement durable par les énormes ressources qu’un système fiscal amélioré, qui sanctionne les entreprises se soustrayant à l’impôt, pourrait permettre de dégager. L’évasion fiscale des entreprises coûte 100 milliards de dollars par an aux pays en développement, soit quatre fois le montant nécessaire pour scolariser tous les enfants du monde.

Pour Oxfam, les deux institutions doivent soutenir les efforts visant à mettre un frein à l’évasion fiscale des entreprises et faire pression sur les États en faveur d’un Sommet international sur la fiscalité. Lors de la Conférence sur le financement du développement à Addis-Abeba, en juillet, les États devront avant tout se pencher sur les moyens de combler les failles du système fiscal international. Oxfam tient à ce que les États y changent les règles faussées et mettent en place un processus équitable et inclusif de réforme fiscale internationale, afin de financer un développement durable.

« La Banque mondiale et le FMI ont l’autorité et le poids nécessaires pour en faire une priorité, mais la Banque semble obsédée par l’idée de mobiliser des financements privés, observe Nicolas Mombrial. Le financement privé a certes un rôle à jouer, mais ce n’est pas la panacée. »

Oxfam tient à ce que la Banque mondiale et les autres bailleurs s’engagent à accroître les financements afin de faire face à la crise d’Ebola et qu’ils travaillent à un plan décennal visant à restaurer les systèmes de santé nationaux assurant des services universels gratuits. La Banque mondiale doit également redoubler d’efforts pour améliorer les droits fonciers des communautés vulnérables. À l’heure actuelle, son bras de financement du secteur privé, la Société internationale de financement (SFI), n’est pas en mesure d’assurer un suivi adéquat de ses investissements dans des intermédiaires financiers actifs dans le développement ni d’établir si les projets menés en aval aident les communautés pauvres ou leur nuisent.

Oxfam appelle également Jim Yong Kim et Christine Lagarde à faire pression sur les gouvernements nationaux pour qu’ils donnent une place centrale aux populations pauvres, les premières victimes du changement climatique, dans les négociations sur le climat qui commenceront à Paris, en novembre, sous l’égide de l’ONU. Il est nécessaire de rappeler les pays riches à leur engagement actuel de mobiliser 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2020 afin d’aider les pays pauvres à lutter contre le changement climatique, et de les inciter à préparer l’adoption à Paris d’une nouvelle série d’engagements financiers pour l’après-2020. En se détournant rapidement des combustibles fossiles pour privilégier des investissements dans les sources d’énergie renouvelables et durables, la Banque mondiale peut contribuer à créer l’élan nécessaire pour que Paris soit un succès.

Contact

Cécile Génot
Chargée de relations média
cgenot@oxfamfrance.org
01 77 35 76 02  / 07 82 63 47 57

Notes aux rédactions

Oxfam dispose sur place d’une équipe de porte-parole et d’expert-e-s sur les inégalités, la justice fiscale, Ebola et les enjeux fonciers et climatiques, dont Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam International, Ray Offenheiser, président d’Oxfam Amérique, et Nicolas Mombrial, directeur du bureau d’Oxfam à Washington.