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La comptabilisation des financements climat internationaux surévalue la générosité des grands bailleurs, dont la France, tandis que l’objectif des 100 milliards de dollars annuels n’est toujours pas atteint.

De nombreux pays riches utilisent une comptabilité trompeuse pour gonfler leurs contributions aux financements climatiques pour les pays en développement. D’après des analyses réalisées par Oxfam, l’écart entre les contributions déclarées et les contributions réelles a atteint 225 % en 2020.

En effet, selon les estimations d’Oxfam, la valeur des financements climat effectivement fournis ne dépasse pas 21 à 24,5 milliards de dollars alors que les pays riches ont déclaré avoir fourni 68,3 milliards de dollars de financements publics (en plus des financements privés mobilisés qui portent le total à 83,3 milliards de dollars).

Guillaume Compain, chargé de plaidoyer climat à Oxfam France :
« La vraie valeur des financements destinés à aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique est bien en deçà des chiffres déclarés par les pays riches. Non seulement l’objectif de 100 milliards de dollars par an n’est toujours pas rempli, mais l’atteindre réellement impliquerait de quadrupler les montants actuels ».

Recours excessif aux prêts et surévaluation des composantes climatiques des projets

D’après l’étude d’Oxfam, des instruments tels que les prêts sont déclarés à leur valeur nominale, sans prise en compte des remboursements et des taux d’intérêt. Ils aggravent la crise de la dette dans les pays en développement.
Ainsi, le Sénégal, qui fait partie des pays les plus vulnérables aux changements climatiques dans le monde, a reçu 85 % de financements climat sous forme de dette bien que celle-ci représente 62,4 % de son revenu national brut.

A l’heure actuelle les prêts sont majoritaires et représentent plus de 70 % des financements publics pour le climat. Les remboursements de la dette extérieure des pays les moins avancés atteignaient 31 milliards de dollars en 2020.
Il arrive aussi souvent que des montants importants soient comptés comme des financements climat alors qu’ils sont inclus dans des projets ayant une faible composante climatique.

Pour Guillaume Compain, « se targuer d’une solidarité envers les pays les plus vulnérables au changement climatique alors que l’on fournit des montants largement insuffisants et que l’on contribue à leur endettement est injuste et contribue à saper la coopération internationale en matière climatique »

Les pays riches doivent enfin prendre leurs responsabilités

Guillaume Compain : « Les pays riches doivent non seulement remplir leur engagement, pris dès 2009, de fournir 100 milliards de dollars annuels aux pays en développement, mais ils doivent le faire de la bonne manière, en priorisant les subventions et en assurant une évaluation plus honnête de l’effort fourni.

Lors de la COP27 en novembre en Egypte, les Etats doivent augmenter leurs financements, s’accorder sur des objectifs et méthodes plus précis, et favoriser les soutiens à l’adaptation ainsi qu’aux pertes et dommages irréversibles dus au changement climatique ».

Notes aux rédactions :

  • Télécharger l’intégralité du rapport 2022 Les faux-semblants des financements climat : la valeur réelle de l’engagement de 100 milliards de dollars pour 2019-2020, ici
  • Les financements climat déclarés pour 2020, qui s’élèvent à 83,3 milliards de dollars, comprennent des financements publics (68,3 milliards de dollars), des financements privés mobilisés (13,1 milliards de dollars) et des crédits à l’exportation (1,9 milliard de dollars). Oxfam a évalué la valeur des financements fournis, c’est-à-dire les composantes de financement public. OCDE (2022), Financement climatique fourni et mobilisé par les pays développés en 2016-2020. Éditions OCDE, Paris.
  • La sur-déclaration des prêts encourage l’utilisation de prêts, qui dominent les financements climat. Selon l’évaluation de l’OCDE, les prêts représentaient 71 % du financement public pour le climat en 2019-2020, dont une part importante était non concessionnelle, tandis que les subventions ne représentaient que 26 %.
  • Le chiffre de 21-24,5 milliards de dollars présenté par Oxfam est basé sur la part dons estimée du financement climatique déclaré plutôt que la valeur nominale des prêts et instruments autres que les subventions. Il tient également compte des sur-déclarations des financements climat lorsque l’initiative de lutte contre les changements climatiques s’inscrit dans le cadre d’un projet plus large de développement. Pour en savoir plus, veuillez consulter la note méthodologique d’Oxfam.
  • D’après le rapport d’Oxfam intitulé Les financements climatiques en Afrique de l’Ouest (2022), les chiffres relatifs à l’instrument de dette du Sénégal sont basés sur les rapports sur les financements climat publiés entre 2013 et 2018.
  • Vous pouvez aussi consulter les statistiques de l’OCDE (2021) en anglais. Climate Change: OECD DAC External Development Finance Statistics – Recipient Perspective. Consultées le 10 août 2022.
  • D’après l’indice ND-GAIN Index, le Sénégal se classe 134e sur 182 pays en termes de vulnérabilité et se situe dans le tier inférieur.

Contact :

Guillaume Compain | Chargé de campagne climat et énergie
gcompain@oxfamfrance.org | 06 85 26 01 08

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