Pour Oxfam, les stratégies internationales sur la Somalie manquent parfois de cohérence. Dans son rapport, intitulé Changement de priorité : Faire passer en premier les intérêts du peuple somalien, l’ONG montre comment le soutien à la construction de l’État somalien et aux interventions militaires ont aggravé la crise humanitaire dans le pays, affaiblissant par là même les interventions humanitaires déployées par la communauté internationale.
« Une nouvelle approche pour la Somalie doit être adoptée afin que les besoins immédiats et à venir des populations soient couverts. Il est essentiel d’ouvrir un espace de négociation pour engager un processus de paix qui permette à la Somalie de prendre le chemin du rétablissement. Les gouvernements réunis à la conférence de Londres doivent saisir l’occasion qui leur est donnée et s’attaquer aux causes du conflit en Somalie, en plaçant les intérêts et les aspirations du peuple somalien au cur du dispositif », souligne Nicolas Vercken d’Oxfam France.
Pour Oxfam, la conférence de Londres représente une opportunité unique de développer une nouvelle approche de la Somalie, dont l’objectif serait de s’éloigner des seules questions de sécurité, en s’orientant vers une solution politique au conflit et à la crise qui inclurait toutes les parties. Le maintien d’une aide internationale est primordial pour sauver des vies autant que pour aider le peuple somalien à reconstruire son avenir. Mais pour que ces efforts portent leurs fruits, ces initiatives doivent être menées indépendamment de toutes préoccupations politiques ou sécuritaires.
Si la responsabilité de décennies de crise en Somalie incombe largement aux différentes factions belligérantes présentes dans le pays, l’engagement international a parfois contribué à aggraver la situation. Au vu de nombre d’Etats engagés en Somalie, les opérations militaires récentes sont considérées comme porteuses de stabilité et de sécurité tant sur le territoire somalien que dans les pays voisins ce que les rapports de terrain contredisent fortement.
Les rapports de suivi de la population démontrent en effet que près de la moitié des personnes déplacées en janvier ont fui l’insécurité grandissante dans les zones où les conflits armés ont recommencé à sévir. Des camps où les civils ont trouvé refuge mais aussi des hôpitaux, un centre de nutrition ainsi que plusieurs bureaux d’organisations humanitaires ont été dévastés par le passage de différents groupes armés.
Des organisations humanitaires offrant une assistance vitale à la population ont également vu leurs déplacements sur le terrain entravés par différentes parties alors qu’elles tentaient de secourir des personnes dans le besoin.
Pour Oxfam, la conférence internationale sur la Somalie ne sera un succès qu’aux conditions suivantes :
– Les Etats de la région mais aussi le reste de la communauté internationale doivent user de leur influence sur les différentes parties au conflit pour permettre à la population civile d’avoir davantage accès à l’aide humanitaire.
– Des actions doivent être menées pour que les stratégies politiques et sécuritaires n’affaiblissent pas l’assistance humanitaire.
– Il faut donner la priorité à des solutions non militaires et viables pour résoudre le conflit mais aussi la crise humanitaire. En outre, il est primordial de s’assurer qu’une partie importante de la population somalienne soit impliquée dans ce dispositif.
Aller plus loin
– Télécharger le rapport Changement de priorité : Faire passer en premier les intérêts du peuple somalien
– Voir le travail d’Oxfam France sur la crise en Afrique de l’Est et sur la [protection des civils dans les zones de conflits->-Conflits-et-protection-des-]
Contact presse
Mathilde Magnier : [mmagnier@oxfamfrance.org->mailto:mmagnier@oxfamfrance.org]