Stéphane Le Foll, plein gaz avec les agrocarburants

Lundi 7 octobre, au Comité pour la Sécurité Alimentaire Mondiale (CSA), le ministre Stéphane Le Foll a une fois de plus prouvé que la France, cédant aux lobbies agro-industriels, tentait d'étouffer toute possibilité de réforme ambitieuse sur de la question des agrocarburants et de leurs impacts dramatiques sur la sécurité alimentaire mondiale.

« La France a adopté l'année dernière une position de principe : celle de la pause dans l'incorporation obligatoire d'agrocarburants. Cela signifie la mise en place d'un plafond d'incorporation à 7% d'agrocarburants dans les carburants traditionnels« , a rappelé le ministre de l'Agriculture aujourd'hui à Rome. Mais le taux d'incorporation actuel au sein de l'Union européenne est de 4,8% : ce qui constitue une pause au niveau français représente en réalité une forte hausse de la consommation d'agrocarburants au niveau européen. Stéphane Le Foll continue donc coûte que coûte à soutenir la croissance d'un marché qui échoue à lutter contre le changement climatique et met en péril le droit à l'alimentation de centaines de millions de personnes dans le monde.

Pour Clara Jamart, d'Oxfam France, présente à Rome :
« La déclaration de Stéphane Le Foll est tout simplement scandaleuse, et incohérente avec sa position officielle de vouloir promouvoir une pause dans la consommation d'agrocarburants. La France jouera un rôle décisif sur la position du Conseil : soutenir un plafond d'incorporation à 7% d'agrocarburants dans les carburants traditionnels constitue une position totalement irresponsable. Le ministre de l'agriculture, au cœur d'un conflit d'intérêt majeur sur ce dossier , préfère soutenir une industrie qui engendre la faim de centaines de millions de personnes dans le monde plutôt que de s'opposer aux lobbies agro-industriels »

« Nous attendons de la France et de ses partenaires européens qu'ils prennent enfin leurs responsabilités face à l'urgence de la situation : le croissance des marchés d'agrocarburants doit être stoppée, et l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre liées à leur production doit être pris en compte, y compris les émissions liées au Changement d'Affectation des Sols Indirects (CASI). »

Note aux rédactions

Le président de Sofiprotéol, leader incontesté du biodiesel en France, n'est autre que Xavier Beulin, également président de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire qui pèse lourd sur les décisions du ministère de l'agriculture. Fin 2012, le gouvernement Ayrault a renouvelé pour trois ans les agréments permettant aux producteurs français d'agrocarburants de bénéficier d'une défiscalisation massive, et fait un cadeau fiscal d'environs 80 millions d'euros à la filière du biodiesel pour la seule année 2013. Le groupe Sofiprotéol captera, à lui seul, 50 millions d'euros sur l'année, soit plus de 60% de cet énorme cadeau fiscal.

– Voir le travail d'Oxfam France sur les agrocarburants

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