TTF européenne : un accord en trompe l’œil et du pain béni pour le secteur financier

Les ministres européens des finances, dont Michel Sapin, dans le cadre de la coopération renforcée, ont fait aujourd’hui le choix d’une taxe sur les transactions financières en trompe l’œil qui, si elle reste en l’état, ne répondra ni aux urgents besoins de régulation des marchés financiers, ni à ceux des populations les plus pauvres.

La mise en place d’une TTF européenne a été repoussée à janvier 2016, et, à la place, a été annoncée une première phase sur la taxation des actions et « certains » produits dérivés, sans aucune précision sur ces derniers.

Pour Oxfam France, en entretenant le flou sur ces transactions, dont le niveau dépasse aujourd’hui celui de 2008 et la crise financière dont elles sont en partie responsables, les ministres des Finances ont cédé face aux lobbies financiers.

Cet accord témoigne du manque d’ambition de la France qui peine, au niveau européen, à aller plus loin que la taxe française sur les actions, mise en place par le gouvernement précédent, alors que d’autres Etats, comme l’Allemagne, l’y appellent.

En plus de ne pas viser l’ensemble des produits les plus spéculatifs, le projet présenté aujourd’hui ne fait aucune mention de l’affectation du produit de la taxe. François Hollande s’était pourtant engagé à plusieurs reprises à convaincre ses homologues européens d’en consacrer une grande partie aux enjeux de solidarité internationale, la lutte contre le changement climatique ou la lutte contre le SIDA.

Pour Alexandre Naulot d’Oxfam France :

« L’annonce d’une première phase très vague sur les produits dérivés, en oubliant la solidarité internationale, est une reculade. Trois semaines avant les élections européennes, cette déclaration permet de fait beaucoup de bruit à peu de frais : les négociations sur les produits financiers les plus spéculatifs étant une nouvelle fois repoussées ».

« On nous rassure en affirmant que ‘certains’ dérivés vont être taxés, mais on ne dit pas lesquels. On nous parle d’un accord décisif, alors qu’il s’agit uniquement d’une première phase, pour 2016, sans aucune information sur la suite ».

« Une taxe européenne sur les transactions financière ambitieuse aurait pu rapporter jusqu’à 37 milliards d'euros et fait contribuer le secteur financier, en partie responsable de la crise financière, au financement du développement international et de la lutte contre le changement climatique ».

« La rencontre bilatérale, en fin de semaine, entre l’Allemagne et la France, pays clés sur ce dossier, doit permettre d’avancer rapidement sur l’affectation de la taxe au profit de la solidarité internationale ».

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